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quelque autre pays. Mais on l'observa si exactement, qu'il ne put exécuter son projet. Deux ans s'étant passés de la sorte, Hésychius lui persuada de se retirer dans un lieu solitaire de l'île qu'il lui indiqua. Il était situé à douze milles de la mer, parmi des montagnes stériles et escarpées. Il y avait cependant de l'eau et quelques arbres fruitiers. Hilarion y resta cinq ans, et il continua d'y être favorisé du don des miracles. Il y retraça, autant que le peut un homme mortel, la vie des bienheureux dans le ciel. Son détachement sur-tout avait quelque chose d'admirable. Quoiqu'il eût demeuré long-temps en Palestine, dit saint Jérôme, il n'alla cependant qu'une fois visiter les lieux saints à Jérusalem, et il ne passa qu'un jour dans cette ville. Il y alla une fois pour ne point paraître mépriser une dévotion autorisée dans l'Eglise; mais il s'abstint de réitérer cette visite, pour que son exemple ne fit pas croire que le culte de Dieu est borné à certains lieux particuliers (4). Son principal motif était d'éviter les distractions que l'on trouve dans les lieux fréquentés.

A l'âge de quatre-vingts ans, il écrivit de sa propre main son testament, dans lequel il léguait à Hésychius, qui était pour lors absent, son livre des Evangiles, son cilice et son manteau. Plusieurs personnes pieuses de Paphos vinrent le visiter dans sa dernière maladie. Il leur fit promettre qu'aussitôt qu'il serait expiré, on enterterait son corps avec les vêtemens dont il se trouverait revêtu. Son mal allant toujours-en augmentant, on ne s'apercevait qu'il vivait encore, que parce qu'il conservait une connaissance entière. Il était vivement frappé de la crainte des jugemens célestes; mais cette crainte était balancée par une grande confiance en la miséricorde de Jésus-Christ. Il parlait ainsi

(4) Saint Jérôme, ep. 49, fol. 13, ad Paulin, t. IV, part. 2, p. 564, ed. Ben.

à son âme : « Pourquoi trembles-tu? Il y a près de soixante>> dix ans que tu sers le Seigneur; peux-tu encore redou>> ter la mort?» A peine avait-il achevé ces paroles, qu'il rendit l'esprit. On l'enterra de la manière qu'il l'avait recommandé. Il mourut en 371 ou 372, à l'âge d'environ quatre-vingts ans, puisqu'il en avait soixante-cinq lorsque saint Antoine mourut.

Hésychius, qui était en Palestine, n'eût pas plus tôt appris la mort d'Hilarion, qu'il partit pour l'île de Chypre. Il resta dix mois dans la demeure du Saint; après quoi il enleva secrètement son corps, revint en Palestine, et enterra son bienheureux maître dans son monastère, à peu de distance de Majume. Saint Jérôme assure qu'il s'opéra plusieurs miracles par son intercession, tant en Palestine que dans l'île de Chypre. Nous apprenons de Sozomène (5), que sa fête se célébrait avec beaucoup de solennité dans le cinquième siècle.

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Meaux pour

SAINTE CELINIE OU CÉLINE eut la ville de patrie. On ne peut douter qu'elle n'eût été élevée dans les maximes de la piété chrétienne. Elle était déjà nubile, et même fiancée à un jeune homme du lieu, lorsque sainte Geneviève vint à Meaux. Céline ne fut pas plus tôt instruite de l'arrivée de cette Sainte, qu'elle alla la prier de lui donner l'habit dont elle avait coutume de revêtir celles qui voulaient vivre sous sa conduite. Dieu montra qu'il ap

(5) L. 3, c. 14; l. 5, c. 9, 19.

prouvait son dessein, en la dérobant miraculeusement à la vengeance et aux poursuites de celui qu'elle devait épouser. Elle avait une servante attaquée d'une maladie dangereuse, et qui fut guérie par les prières de sainte Geneviève. Nous ne savons rien autre chose de cette Sainte, sinon qu'elle passa le reste de ses jours dans la chasteté et dans la pratique de toutes les vertus. Elle florissait vers la fin du cinquième siècle. Sa fête est marquée au 21 d'Octobre. Il y a à Meaux un prieuré de son nom, lequel dépend de l'abbaye de Marmoutier.

Voyez Baillet et Toussaint Duplessis, Hist. de l'Église de Meaux, t. I, p. 9, etc.

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S. FINTAN, SURNOMMÉ MUNNU, ABBÉ EN IRLande.

L'AN 634.

SAINT FINTAN descendait de l'illustre famille de Neil. Il quitta le monde dans sa jeunesse, et forma la résolution de se consacrer à Dieu dans le monastère de Hy, sous la conduite de saint Colomb. Mais Dieu, qui avait sur lui de plus grands desseins, ne permit pas qu'il exécutât son projet. Saint Colomb étant mort, Fintan revint en Irlande, et fonda au midi de la province de Leinster, un monastère qui fut appelé de son nom Teach-Munnu. Ses vertus et ses miracles, le nombre et la ferveur de ses disciples rendirent son nom célèbre. Les annales de Tigernake mettent sa mort au 21 d'Octobre 634. Il est fait mention de lui dans l'ancien bréviaire des Scots, sous le nom de saint Mund, abbé.

Voyez Ussérius, Antiq. c. 17, p. 485; S. Adamnan, in Vi!. S. Columbæ; les actes des Saints d'Irlande, par Colgan; la Britannia sancta.

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S. OUFLAY, DIACRE ET SOLITAIRE DANS LE DUCHÉ DE

LUXEMBOURG.

cap.

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Tiré de S. Grégoire de Tours, Hist. Franc., lib. VIII, 15. Voyez Bertholet, Histoire du duché de Luxembourg, tom. II, p. 64-70; Baillet, sous le 21 Ottobre, et les Acta SS. Belgii selecta, tom. II, pag. 178-186.

Vers l'an 594.

S. OUFLAY (1) florissait vers l'an 585. Il avait bâti une église et un monastère, à trois lieues d'Ivoix, où il habita long-temps sur une colonne comme Siméon-le-Stylite, dans la pratique des vertus les plus austères (2). Il y était presque entièrement inconnu, des hommes; mais la Providence, qui voulait manifester le mérite du serviteur de Dieu, ménagea l'occasion de le faire connaître.

S. Grégoire de Tours, accompagné de Félix, ambassadeur de Gontran, Roi de Bourgogne, fit en 585 un voyage à Coblence, où Childebert, Roi d'Austrasie, tenait sa cour. Il passa par Ivoix, et y vit S. Ouflay. C'est de la bouche de ce Saint même qu'il apprit les circonstances de sa vie, et nous allons rapporter presque textuellement son récit.

(1) Autrement Wulfilaïc, Valfray, Valfroye, Walfroy, Walfraye. (2) Les solitaires qui habitaient sur des colonnes s'appelaient stylites. Leur colonne, haute d'environ 50 à 60 pieds, était surmontée d'une petite cellule d'osier, large et haute de trois pieds. Ils y demeuraient nuit et jour, et n'en descendaient que dans les besoins d'une grande nécessité. Les stylites étaient autrefois nombreux en Orient, et on les honorait de certaines cérémonies religieuses, quand ils embrassaient ce genre de vie. Majelli, archevêque d'Emèse, a écrit sur les stylites un savant traité, qui se trouve dans les Acta SS. Martyrum orientalium et occidentalium d'Assemani. Voyez aussi Acta SS. Belgii selecta, t. II, p. 174.

Lorsque nous arrivâmes, dit S. Grégoire de Tours près du château d'Ivoix ( Iposium castrum), nous y rencontrâmes le diacre Ouflay. Il nous conduisit à son monastère, où il avait bâti une grande église, enrichie des reliques de S. Martin, et il nous reçut avec beaucoup de charité (3). Dans le séjour que nous y fimes, nous le priâmes de raconter, comment il s'était converti à Dieu, de quelle manière il était entré dans la cléricature, et pourquoi il avait quitté son pays, lui qui était Lombard d'origine? Il résista long-temps, et s'en défendit le plus qu'il lui fut possible, parce qu'il craignait les mouvemens de la vaine gloire. Mais je le conjurai avec tant d'instances de nous donner cette satisfaction, que se rendant à mes prières, il parla de la sorte :

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<< Etant encore enfant, à la seule prononciation du nom » de S. Martin, sans savoir s'il était martyr ou confesseur, ni ce qu'il avait fait dans le monde, ni où reposait son corps, je célébrais des veilles en son honneur, et si j'avais quelque argent, j'en faisais des aumônes. Dans un âge plus avancé, je m'appliquai à l'étude des belles» lettres, et je me mis sous la discipline de l'abbé Yriez (4). » Un jour qu'il me mena à l'église de Saint-Martin, il prit un peu de poussière du tombeau, et l'enferma dans un reliquaire qu'il pendit à mon cou. Lorsque nous fûmes de retour à son monastère, il voulut placer le reliquaire

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(3) Le monastère et l'église dont parle Grégoire de Tours, avaient été bâtis par Childebert, Roi d'Austrasie, à la prière de S. Magnéric et de S. Ouflay. Ils étaient situés sur une montagne, où il y avait eu autrefois une forteresse des Romains. Après la ruine de ce monastère qui a fleuri pendant plusieurs siècles et dans lequel on suivait la règle de S. Benoit, le bourg de la Ferté s'est formé au pied de la montagne.

(4) S. Yriez (Aredius) était fondateur du couvent d'Atane, près de Limoges, sa ville natale. On l'honore le 25 Août. Voir ci-dessus, tom. XIII, pag. 358.

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