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Il exhortait sans cesse son peuple à éviter le péché; il voulait qu'on eût soin de fuir les festins accompagnés de danses et de musique. «Les maisons, disait-il, où se pas» sent de pareils abus, renferment le danger des théâtres. Que l'on bannisse des maisons des chrétiens tout ce qui

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a rapport aux pompes du démon; on doit y pratiquer » l'humilité et l'hospitalité; il faut les sanctifier sans cesse » par le chant des psaumes et des cantiques spirituels; » que la parole de Dieu et le signe de Jésus-Christ (la >> croix) soient toujours dans nos cœurs, dans notre bou

che et dans toutes nos actions; que ces caractères distinc>> tifs du chrétien nous fassent reconnaître à table, au bain, quand nous sortons et quand nous rentrons, dans la >> douleur et dans la joie (8). "

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L'évêque de Bresce fut un des députés que le concile de Rome, tenu en 405, et l'Empereur Honorius envoyèrent en Orient, pour défendre la cause de saint Chrysostôme devant Arcade. Le saint archevêque de Constantinople lui écrivit à cette occasion, pour le remercier, une lettre que nous avons encore. Mais cette députation n'eut pas le succès qu'on en espérait; ceux qui la composaient ayant été maltraités, furent mis en prison dans la Thrace; on les élargit quelque temps après, et on les fit embarquer sur un vaisseau tout pourri. Ils échappèrent cependant au danger auquel on avait eu dessein d'exposer leur vie, et il n'en périt aucun. Il paraît que saint Gaudence mourut vers l'an 420 (9). Rufin l'appelle la gloire des docteurs du siècle où il vivait. Il est nommé en ce jour dans le martyrologe romain.

Voyez Ceillier, t. X, p 517; Cave, Hist. littér. t. I, p. 282; et sur

(8) S. Gaudent. Serm. 8.

(9) Le P. Labbe recule sa mort de sept ans.

tout les ouvrages du Saint, qui ont été imprimés dans la Bibliothèque des Pères, t. V, et qui depuis ont été publiés séparément, avec quelques autres opuscules, sous ce titre S. Gaudentii Sermones, cum opusculis Ramperti et Adelmanni, Brixiæ Episcoporum. Recensuit et notis illustravit Paulus Galeardus. Patavii, 1720, in-4°.

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S. BONIFACE, PAPE.

L'AN 422.

BONIFACE, qui succéda à Zozime sur le siége de l'église de Rome, le 29 Décembre 418, était un prêtre avancé en âge, d'une vertu éminente, et très-versé dans la connaissance de la discipline ecclésiastique. On voit par la relation de son élection que le clergé de Rome et les évêques voisins envoyèrent à l'Empereur Honorius, qu'on l'avait élu contre sa propre volonté. Son élévation déplut à trois évêques et à quelques particuliers qui leur étaient attachés. Ceux-ci donnèrent leurs suffrages à un nommé Eulalius, homme intrigant et ambitieux. De là l'origine d'un schisme.

Symmaque, préfet de Rome, en instruisit l'Empereur Honorius, qui faisait alors sa résidence à Ravenne. Ce prince fit assembler un synode pour décider la question. Les pères du synode demandèrent qu'on assemblât un plus grand nombre d'évêques; ils portèrent cependant quelques décrets provisoires, auxquels Eulalius refusa de se soumettre. Le concile le condamna juridiquement, et confirma l'élection de Boniface.

Ce Souverain-Pontife se fit principalement remarquer par sa douceur et son amour pour la paix. Mais il n'en montra pas moins de fermeté contre les évêques de Constantinople, qui voulaient étendre leur juridiction jusque dans l'Illyrie et dans certaines provinces, qui, quoique soumises alors à l'empire d'Orient, avaient toujours été dépendantes du

patriarcat d'Occident. Il sut aussi maintenir avec vigueur les droits de Rufus, évêque de Thessalonique, son vicaire dans la Thessalie et la Grèce; et il exigea que les élections d'évêques faites dans ces contrées, fussent toujours confirmées par Rufus et ses successeurs, conformément à l'ancienne discipline. Il soutint encore les priviléges des métropoles de Narbonne et de Vienne, et les affranchit de la juridiction de la primatie d'Arles. Il montra un grand zèle contre les Pélagiens, et témoigna une haute estime pour saint Augustin, qui lui adressa quatre livres contre Pélage. Il eut occasion d'écrire plusieurs lettres pour le bien de l'Eglise. Dans la troisième, adressée à Rufus (1), on lit ces paroles : « Le B. Pierre, apôtre, reçut de NotreSeigneur le gouvernement de toute l'Eglise, qui était » fondée sur lui (2).

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Saint Boniface mourut sur la fin de l'année 422, et fut enterré dans le cimetière de sainte Félicité, sur la voie Salarienne, lequel il avait décoré de son vivant. Il avait fait aussi de riches présens aux églises de Rome. Il est nommé dans le martyrologe romain, sous le 25 d'Octobre.

Voyez ses lettres dans le recueil de D. Coustant (3), et dans les collections générales des conciles, ap. Labbe, t. II, p. 1582, et t. IV, p. 1702. Voyez aussi Baronius et le pontifical publié par Anastase le Bibliothécaire, ap. Muratori Script. Ital., t. III, p. 116, avec les dissertations de Ciampini, de Schélestrate, de Bianchini et de Vignolius sur ce pontifical.

(1) Decret. Epist. t. I, p. 1039, ed. Coustant.

(2) Matth. XVI et XVIII.

(3) D. Coustant n'a donné que le premier tome de son recueil des lettres des Papes, lequel parut en 1721, la mort ne lui ayant point permis de pousser plus loin son travail. Dans sa dissertation préliminaire sur l'autorité du Pape, il prouve par des passages de saint Cyprien, d'Optat, de saint Jérôme, etc., ce que saint Boniface affirme; savoir, que l'Église a toujours reconnu que la primatie du siége de Rome vient

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Voyez Eusèbe, Hist. 1. 3, c. 34, 1. 4, c. 1; la première partie du pontifical d'Anastase, attribué à Damase; Tillemont, t. II, p. 231; Berti, Dissert. chronol., t. II, etc.

L'AN 112.

S. ÉVARISTE Succéda au Pape saint Anaclet, sous le règne de Trajan, gouverna l'Église neuf ans, et mourut en 112. On ne peut douter de son zèle ni de sa vigilance pastorale, d'après ce que saint Ignace d'Antioche nous apprend de la conduite que tenaient les fidèles de Rome, du temps de ce saint Pape. Ils étaient comme des modèles dignes d'être proposés aux fidèles des autres églises, par la sainteté de leur vie, par la pureté de leur doctrine, par la charité qui les unissait entre eux, par leur éloignement pour le schisme (1). Les pontificaux et la plupart des martyrologes

de Jésus-Christ, qui la donna à saint Pierre, et non des Empereurs, comme le prétendait Photius pour établir son schisme. Le même auteur montre qu'on honore d'un culte public tous les Papes qui ont siégé jusqu'au commencement du sixième siècle, à l'exception de Libère. Encore ce dernier se releva-t-il de sa chute avec tant de zèle et de piété, que saint Ambroise ne parle de sa vertu qu'avec admiration.

Anciennement on donnait à tous les évêques le nom de Pape ou de Père; mais comme le style change par rapport aux titres, on ne le donne plus qu'à l'évêque de Rome. Saint Gélase, saint Léon, saint Grégoire, Symmaque, Hormisdas, Vigile, etc., se nomment fréquemment vicaires de saint Pierre. Les anciens donnaient quelquefois aux Papes le titre de vicaires de Jésus-Christ, comme on le voit par la quinzième lettre de saint Cyprien à Corneille. La même chose se prouve par le témoignage des évêques et des prêtres, qui ayant absous l'évêque Misène après le Pape Gélase, s'écrièrent d'une voix unanime, qu'ils reconnaissaient en sa personne le vicaire de Jésus-Christ.

(1) S. Ignat. Ep. ad Rom.

lui donnent le titre de martyr, on lui attribue l'institution des cardinaux-prêtres, parce qu'il fut le premier qui divisa Rome en titres ou paroisses, assignant un prêtre à chacune. Il institua aussi les sept diacres qui devaient accompagner l'évêque. Il donna trois fois les ordres au mois de Décembre, temps où les ordinations se faisaient ordinairement. Amalaire en assigne plusieurs raisons morales et mystiques. D'autres auteurs pensent que les évêques conféráient les ordres en Avent, parce qu'ils étaient alors moins occupés qu'en tout autre temps, sur-tout qu'en carême et à la Pentecôte (2). Les ordinations se faisaient toujours dans les saisons que l'on sanctifiait spécialement par le jeûne et la prière. Saint Evariste fut enterré au Vatican, près du tombeau de saint Pierre.

Les disciples des apôtres, en méditant assidument les vérités célestes, concevaient un tel dégoût pour les biens créés, qu'ils étaient véritablement citoyens du ciel; c'étaient là qu'ils rapportaient toutes leurs pensées et toutes leurs affections, qu'ils dirigeaient toutes leurs actions. Si la plupart des chrétiens sont aujourd'hui si terrestres, s'ils perdent si facilement l'éternité de vue, c'est qu'ils ne sont plus animés du même esprit que les premiers fidèles; c'est qu'ils sont enfans de ce monde, esclaves de ses vanités et de leurs propres passions. Réformons nos cœurs, et pénétrons-nous bien de l'esprit de Jésus-Christ, ou n'espérons point avoir part à ses promesses.

(2) Voyez Mabillon, et D. Claude de Vert, Explic. des Cérém. préf. p. xxviij.

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