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vent du Mont-Blandin, devant l'autel de S. Pierre, et y reposa environ trois cent quatorze ans, jusqu'à ce que,

l'occasion d'entrer dans quelques détails sur un point d'histoire qui se rattache à celle de S. Florbert, l'origine de la ville de Gand, dont l'époque n'est pas encore exactement fixée. Sans parler des fables qui donnent pour berceau à cette ville un Castrum Ganda, bâti par Jules César, ou pour fondateur un Gandarus, qui existait 300 ans avant l'ère chrétienne, rêveries rejetées par la chronique de St. Bavon, ouvrage du douzième siècle, et adoptées par Sanderus, l'auteur s'attache à prouver la fausseté de l'opinion vulgaire, d'après laquelle la ville de Gand devrait son nom au monastère même de St.-Bavon.

Dans des chartes et des chroniques du neuvième et dixième siècles, on trouve ce monastère désigné sous le nom de Gant, où de Gand. De là, tous les écrivains postérieurs ont répété les uns après les autres, que l'abbaye de St. Bavon avait été bâtie dans le Castrum Gandavense; que ce monastère s'appelait Ganda, Gent, et qu'il a donné son nom à la ville de Gand. Tous ces auteurs n'auraient pas adopté et avancé ces erreurs s'ils n'avaient point perdu toute tradition du gouvernement des Francs avant le huitième siècle.

Ces sortes de châteaux (castra) n'existaient point dans les Gaules au septième siècle; ils ne datent que de la naissance de la féodalité; du neuvième ou dixième siècle, époque à laquelle les gouverneurs et capitaines de ces châteaux devinrent héréditaires, sous le titre de chatelains, et qu'ils obtinrent aussi, à titre héréditaire et foncier, l'administration du territoire ressortissant du château; territoire auquel on donna le nom de castellania, et qu'ils avaient régi jusqu'alors, en qualité d'officiers du Roi, comme lieutenans, Vicarii, du comte du Pagus ou province.

Sous la domination des Francs, et long-temps encore après, ces territoires étaient divisés en Pagi majores, mediocres, et minores, et ceux-ci subdivisés en vicos, hameaux ou quartiers.

Dans deux chartes, citées par le chanoine De Bast, dans son ouvrage sur l'ancienneté de la ville de Gand, Beaudemond, troisième abbé de St.-Bavon, au septième siècle, appelle du nom de Gandavum, un Pagus situé sur les bords de l'Escaut, et dont les habitans sacrifiaient aux arbres, aux bois, etc. Gandavum est encore appelé Pagus, et non pas Castrum dans la charte de Louis-le-Débonnaire de l'année 816, in Pago Gandensi.

Ce n'est donc pas l'enclos seul du monastère de St.-Bavon, qui, dans cette dernière charte, s'appelait Gandavum, Ganda, Gent, mais c'était

lors de la dédicace de la nouvelle église, Adalbéron, archevêque de Reims, le levât de terre vers l'an 975, et le plaçât dans un endroit convenable. Cependant les reliques de saint Florbert ne furent proprement et solennellement levées de terre qu'en 1049, où elles furent exposées à la vénération des fidèles, par Baudouin, évêque de Noyon, en présence du comte Baudouin. Ces reliques furent brûlées, avec les corps de sept autres Saints, au seizième siècle, par les iconoclastes.

Voyez les Acta SS. Belgii selecta, tom. III, pag. 339-344.

tout le Pagus, et le monastère de St.-Bavon ne constituait pas le Pagus Gandavensis, mais il était situé dans ce Pagus, et n'en formait qu'un Vicus ou quartier.

M. Raepsaet pense que, quant au nom de Gand, donné par plusieurs chroniques au monastère de St.-Bavon, ce mot n'indique ici que la situation et non pas un nom propre ; c'est ainsi que l'on a conservé l'usage de désigner beaucoup d'abbayes et d'autres établissemens par le nom même du lieu où ils sont situés.

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D'après toutes ces notions, l'auteur croit pouvoir établir contre l'opinion vulgaire, d'abord qu'il n'existe aucune preuve qu'au septième siècle il y avait un Castrum Gand, Gendt ou Gandavum ; et qu'ensuite il est faux que le monastère de St.-Bavon, qu'on croit bâti sur les ruines de ce Castrum, ait donné son nom à la ville de Gand, tandis qu'au contraire il est certain que cette ville a reçu son nom du Pagus Gand ou Gent, dans lequel elle était située.

Quoiqu'il en soit du nom, il reste toujours certain que la ville même doit son accroissement et sa splendeur, voire même son origine, à l'abbaye de St.-Bavon, et M. Raepsaet est loin de le contester.

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2 Novembre.

LA COMMÉMORATION DES MORTS, AUTREMENT APPELÉE LA FÊTE DES AMES.

LES catholiques entendent par purgatoire, un état mitoyen où les âmes sont purifiées du péché par des peines temporelles (1). Mais où est le purgatoire ? Qu'y souffret-on ? Comment y souffre-t-on? Voilà des points sur lesquels l'Eglise n'a rien défini.

Cette doctrine d'un état où quelques péchés sont punis après la mort, par des peines temporelles, est liée avec les articles fondamentaux de la religion chrétienne. Les âmes qui sortent de cette vie, coupables de péché mortel, sont condamnées à des supplices éternels; comme celles qui en sortent dans la grâce de Dieu, ont pour partage une éternité de bonheur. Mais il peut arriver que quelquesunes de ces dernières aient encore des taches légères à expier, et par conséquent qu'elles ne puissent entrer immédiatement dans le royaume céleste. Leur pénitence, pour avoir été sincère, n'a peut-être pas eu toute la perfection nécessaire; elles n'ont peut-être pas entièrement acquitté la dette qu'elles avaient contractée envers la justice divine : l'Ecriture nous en fournit des exemples dans la personne de David (2), des Israélites qui moururent dans le désert (3), de Moïse et d'Aaron (4), du prophète qui fut mis en piè

(1) Voyez Conc. Trid. Sess. 25; la Profess. de Foi de Pie IV; l'Exposition de la Foi, par Bossuet, et le Catéch. de Montpellier. (2) 2 Reg. XIV, 10 et 13; ibid. XXIV.

(3) Num. XIV.

(4) Num. XX, 24; Deut XXXII, 51.

T. XVI.

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ces par un lion (5). Il faut que cette dette soit acquittée dans cette vie-ci ou dans l'autre.

Certainement il y a des fautes vénielles qui ne méritent point la mort éternelle ; mais si on ne les efface point dans ce monde par de dignes fruits de pénitence, elles seront punies dans l'autre. L'Ecriture parle souvent de ces fautes vénielles, dont les justes ne sont point ordinairement exempts; et ils cesseraient d'être justes, si ces péchés légers où il est si facile de tomber par surprise, détruisaient en eux la grâce, ou leur faisaient perdre la charité (6). Ces fautes cependant empêchent une âme d'entrer dans le ciel, tant qu'elles ne sont point effacées. Il faut être parfaitement pur, pour paraître devant un Dieu qui est la sainteté même, et qui ne peut souffrir la moindre iniquité; c'est pour cela qu'il est dit du ciel, qu'il n'y entrera rien de souillé (7). Aussi voit-on les Saints ou les personnes pieuses s'examiner sans cesse pour apprécier leurs actions et leurs pensées; sonder les replis de leurs cœurs; s'accuser et se juger continuellement elles-mêmes; s'efforcer de rectifier leurs penchans par les œuvres de pénitence, par la participation aux sacremens; gémir tous les jours sur les souillures que leurs affections peuvent contracter. Quel est l'homme cependant qui veille assez sur lui-même, pour éviter toutes ces fautes de surprise qui sont presque imperceptibles? Quel est celui dont le cœur n'a point d'attachement désordonné, dans les actions duquel il n'entre ni relâchement, ni négligence, ni quelque autre défaut? Quel est celui dont la ferveur est assez grande, pour qu'il ne lui échappe rien de défectueux dans toute sa vie, ou assez parfait pour que le sang de Jésus-Christ qui nous est ap

(5) 3 Reg. XIII.

(6) Prov. XXIV, 16; Jac. III; 2 Matt. XII, 36, etc. (7) Apoc. XXI, 27.

pliqué par tant de moyens, l'ait purifié de toute espèce de tache ? Où sont ceux dans lesquels l'image de Dieu ne soit en rien défigurée ? La Sainte-Vierge, par une grâce extraordinaire, fut préservée des fautes les plus légères pendant tout le cours de sa vie : mais comme elle seule a eu ce glorieux privilége, les plus grands Saints doivent avouer qu'ils péchent tous les jours; ce qui est un motif pour eux de se relever aussitôt par la pratique de la componction et de la vigilance (8). Nous espérons de la miséricorde divine, que la pénitence efface les péchés véniels de surprise; ceux même que nous ne connaissons point, sont virtuellement réparés par la componction, si elle est assez sincère et assez vive pour les détruire effectivement.

On ne doit pas raisonner de la même manière des péchés véniels de malice, ou qui se commettent de propos délibéré. Ils sont plus griefs, et ont des suites plus funestes, sur-tout quand ils se changent en habitude, et conduisent ordinairement au péché mortel. Il ne suffit pas de les éviter. Si nous ne sommes exacts à veiller sur nousmêmes, si nous ne travaillons efficacement à soumettre tous nos penchans, nous avons de justes raisons de craindre que quelque affection désordonnée ne gâte le corps de nos actions, sans être suffisamment réparée par la pénitence; et voilà pourquoi les meilleurs chrétiens sont toujours dans la crainte, quand ils pensent au compte redoutable que nous rendrons à Dieu, même d'une parole inutile. Personne ne peut être justifié devant lui, que par un effet tout gratuit de sa miséricorde. Mais se trouve-t-il beaucoup de chrétiens, même parmi les plus fervens, qui remplissent assez parfaitement les conditions auxquelles cette miséricorde est promise, pour oser espérer qu'il ne reste

(8) Prov. XXIV, 16.

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