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le monastère de Trebnitz. Elle fut canonisée par Clément IV, en 1266; et l'année suivante on renferma ses reliques dans une châsse (7). Le Pape Innocent XI a fixé sa fête au 17 d'Octobre (8).

La constance de sainte Hedwige à la perte de ce qu'elle avait de plus cher dans le monde, ne venait point d'insensibilité. Les entrailles des Saints sont d'autant plus tendres, que leur charité est plus compatissante et plus étendue. Mais le vif sentiment qu'ils ont de l'éternité et du néant des choses créées, leur fait regarder cette vie comme un moment, et les met dans la disposition de n'estimer que ce qui est dans l'ordre de la Providence, ou ce qui peut contribuer à leur salut éternel. Nous lisons dans la vie du vénérable Jean d'Avila, par Louis de Grenade, que le marquis de Pliego, voyant son fils aîné n'avoir de goût que pour la retraite et les exercices de la piété, avait coutume de dire que le plus grand plaisir d'une mère chrétienne, était d'avoir un fils très-vertueux. Une autre dame de qualité, selon le même auteur, ayant perdu un fils

(7) Dlugoss, Hist. Polon. 1. 7, p. 781, 783, I.

(8) Il y a une autre sainte Hedwige, qui était fille de Louis, Roi de Hongrie, qu'on élut aussi Roi de Pologne. Cette princesse, devenue par élection Reine de Pologne, en 1384, se fit principalement admirer par sa charité pour les pauvres, par ces libéralités envers les églises, les monastères et les universités, par son humanité et son aversion pour le faste, par sa douceur inaltérable. Elle ne voulait lire que des livres de piété; ceux auxquels elle donnait la préférence, après l'Écriture sainte, étaient les homélies des Pères, les actes des martyrs et des autres Saints, les méditations de saint Bernard, etc. Elle épousa Jagellon, grand-duc de Lithuanie, en 1386; mais ce fut à condition que ce prince recevrait le baptême, et qu'il établirait le christianisme dans son duché, qui depuis ce temps-là est uni à la Pologne. Hedwige mourut à Cracovie, en 1399. Dlugoss lui attribue des miracles, l. 10, p. 160. Chromer et les autres historiens polonais lui donnent le titre de Sainte, quoique son nom n'ait point été inséré dans les martyrologes.

qu'elle aimait tendrement, et qui était fort pieux, s'écria qu'elle ne pouvait exprimer la joie qu'elle ressentait, en pensant qu'elle avait envoyé au ciel, avant elle, un Saint qui lui était si cher. Si dans de semblables occasions nous ne mettons point de bornes à notre douleur, nous ne devons nous en prendre qu'à la faiblesse de notre foi.

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SAINTE AUSTRUDE, vulgairement appelée sainte Austru, était fille de Blandin Boson et de sainte Salaberge, qui fondèrent à Laon l'abbaye de Saint-Jean-Baptiste. Salaberge se retira depuis dans un monastère, du consentement de son mari : elle y prit l'habit, et en devint abbesse. On l'honore parmi les Saints le 22 Septembre. Austrude, qui se fit religieuse dans la même maison, suivit fidèlement les traces de sa mère, et lui succéda après sa mort. Elle fut un modèle de sainteté, par son exactitude à remplir tous les points de la règle, par son zèle tendre et éclairé dans la conduite de ses sœurs, par sa charité sans bornes envers les pauvres, et par son application constante à la prière. Les occupations extérieures n'étaient point capables d'interrompre son recueillement. Excepté les dimanches et le jour de Noël, elle ne mangeait jamais qu'à trois heures après midi. Les jours de jeûne, elle ne prenait aucune nourriture qu'après le coucher du soleil. Souvent elle priait les nuits entières dans l'église, à l'exception de quelques instans qu'elle donnait au repos, sur un petit siége placé auprès de la porte. Il plut à Dieu de perfectionner sa vertu par de rudes épreuves : le pieux Baudoin, son frère, fut indignement assassiné, elle se vit elle-même sur le point

d'être la victime des fureurs d'Ebroïn. A la fin cependant Ebroïn, touché de sa constance, s'adoucit en sa faveur, il rendit même justice à son innocence, et devint son protecteur. Pepin, maire du palais, lui accorda aussi sa protection. Elle mourut en 688, et elle est nommée dans les calendriers de France et de l'ordre de Saint-Benoît. L'abbaye des Bénédictines de Saint-Jean-Baptiste de Laon, fut donnée aux religieux du même ordre, en 1229, et elle a continué de subsister dans un état florissant. Il y avait dans la même ville une seconde abbaye de Bénédictins, dite de Saint-Vincent, et une troisième de l'ordre de Prémontré, dédiée sous l'invocation de saint Martin.

Voyez la vie de sainte Austrude, écrite peu de temps après sa mort, ap. Mabil. Sæc. 2; Bulteau, etc.

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S. ANDRÉ DE CRÈTE, MARTYR.

L'AN 761.

Il ne faut pas confondre ce Saint avec un autre Saint de même nom, qui fut métropolitain de Crète, qui est connu par ses écrits ainsi que par sa dévotion particulière envers la Sainte-Vierge, qui mourut sous le règne de Léon Isaurique, et que les Grecs honorent le 4 de Juillet (1). Celui dont

(1) Cet André, surnommé de Crète, parce qu'il a été archevêque de cette île, ou de Jérusalem, et qu'il s'était retiré dans un couvent de cette ville, était natif de Damas; il mourut en 720, selon d'autres en 725. Il a laissé des Commentaires sur quelques livres de l'Ecriture et des Sermons. Combefis a donné une édition complète de ses œuvres, ornée d'une traduction en latin, de notes, et accompagnée des œuvres de S. Antiloque et de Méthodius, Paris 1644. Plusieurs petits ouvrages, attribués à S. André, sont peut-être d'une date plus récente.

(Note de l'édition allemande.)

il s'agit ici, et qu'on a surnommé le Calybite ou le Crétois, était un moine recommandable par ses vertus. Il se distingua sur-tout par son zèle pour la défense des saintes images. Ayant quitté son monastère pour aller à Constantinople, il soutint généreusement la doctrine de l'Eglise, et il eut assez de courage pour reprocher à l'Empereur Constantin Copronyme son attachement à l'hérésie des iconoclastes. et sa fureur contre les catholiques. Ce prince affecta d'abord de la modération à son égard; mais voyant qu'il ne pouvait vaincre sa constance, il le fit déchirer de coups. Enfin, après diverses tortures, il ordonna qu'il fût mis à mort. Le Saint consomma son sacrifice le 17 Octobre 761. Il est nommé en ce jour dans le martyrologe romain.

Voyez Théophane, p. 363; Fleury, 1. 43, n. 32; Baillet, etc.

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Tiré de sa vie, écrite par M. Languet, archevêque de Sens de l'Académie Française, 1 vol. in-4°. Paris, 1729. Voyez aussi le livre qui a pour titre : Excellence de la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus-Christ, par le P. de Gallifet, 2 vol. in-12. Paris, 1819.

L'AN 1690.

L'ECRITURE SAINTE nous assure que le Seigneur communique ses secrets aux âmes simples (1), et l'histoire de l'Eglise nous montre dans tous les siècles de pieux personnages, assez ignorans dans les sciences humaines, que l'Esprit de Dieu a éclairés des plus vives lumières, et auxquels il a donné des connaissances admirables touchant la

(1) Prov., chap. 3, v. 52.

vie spirituelle. Pourquoi donc voudrait-on qu'une vierge chrétienne, dont presque tous les jours se sont passés dans l'innocence, dont le cœur n'a jamais guère brûlé d'un autre feu que de celui de l'amour divin, n'eût pas été éclairée des mêmes lumières ? Pourquoi serait-il impossible qu'elle eût reçu des grâces extraordinaires, et ces faveurs spéciales que le Seigneur réserve pour un petit nombre de ses serviteurs? Le savant et judicieux auteur qui a écrit la vie de la mère Marguerite-Marie fut un des prélats les plus distingués de l'Eglise de France dans le xvIIIe siècle; il connaissait très-bien la difficulté qu'il y aurait à faire croire les prodiges attribués à cette sainte fille; il dut donc prendre, et il prit en effet, toutes les précautions nécessaires pour s'assurer de la vérité des faits qu'il avait à rapporter. Aussi, c'est après avoir employé tous les moyens que dicte la prudence humaine pour démêler le vrai du faux, qu'il vient avec confiance raconter les merveilles que la grâce a opérées dans cette âme fidèle. D'où vient donc que cette histoire a trouvé tant de contradicteurs ? Les motifs en sont assez connus (2); mais ces motifs ne doivent faire aucune impression sur un homme sage, ni contribuer en rien au jugement que l'on peut porter sur la servante de Dieu, dont nous allons retracer les actions en abrégé.

Cette sainte fille naquit le 22 Juillet 1647, à Lauthe

(2) M. Jean-Baptiste-Josephe Languet, mort archevêque de Sens, en 1743, à l'âge de soixante-seize ans, consacra sa plume à défendre les vérités catholiques contre les jansénistes, et combattit ceux-ci dans de nombreux ouvrages; c'en était assez pour lui attirer leur haine, sentiment qu'ils écoutaient volontiers; aussi l'ont-ils souvent maltraité daus leurs écrits. D'ailleurs, la mère Marguerite-Marie avait un Jésuite pour directeur, elle cherchait à étendre la dévotion au Sacré-Cœur ; il n'en fallait pas davantage pour qu'elle feur devint odieuse, et ils ont fait tous leurs efforts pour la rendre ridicule.

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