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che de la nature votre modele; venez, imitez les fleurs dont je vous montre ce parterre orné : par un effort de genie, peignez ce grand feigneur, cette aurore, ce drap d'or : voilà la nature : que l'Art fe montre fon rival en tâchant de l'imiter. Cette na ture que vous voulez égaler femble avoir pris plaifir à effayer fur ces riantes fleurs fes inépuifables deffeins; Elle femble avoir voulu par des jeux hardis faire mille fleurs d'une feule; elle a verfé à pleines mains fes plus riches nuances d'une façon tantôt réguliere, tantôt bizarre, toujours charmante. Les yeux ne tombent fur rien que de beau. Quel volume ! quel port! quelle opulence de feuilles ! quel éclat de couleurs! Voilà, Eleves d'Ap

pelle, voila la matiere de votre travail: mélangez vos couleurs, donnez leur une harmonie jufqu'ici inconnue; travaillez & produifez-vous un chef-d'œuvre qui nous faffe partager nos amours entre l'original & la copie.

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tous ceux qui ont l'efprit jufte, voilà mon but. Il me refte à fçavoir fi je prens la véritable route pour mériter leur fuffrage: je me foumets à leur jugement, & leur jugement fera ma loi. Après avoir expliqué la nature & les efpeces de Renoncules,je crois ne pou voirrien faire de plus agréable pour le

Public amateur, que de lui offrir le même travail fur les illets. Je suivrai le plan que je me fuis proposé dans le traité des Renoncules; & pour abreger & éviter les redites, toutes les fois qu'il fe trouvera dans la culture quelque opération entierement femblable à celle que j'aurai détaillé dans le premier Traité, j'y renverrai le Lecteur, qui fouvent plein de mémoire, feroit choqué de répetitions injurieufes à luimême & honteuses à l'Auteur furpris en deffaut. J'entre en matiere. L'Œillet eft auffi eftimable par efpeces que par fa beauté. Cette plante a les feuilles longues, étroites, dures & terminées en forme aigue: elles font verdâtres. Du centre de ces feuilles s'élevent des tiges rondes, lifes, hautes d'environ un pied & demi; elles

fes

font nouées, & portent à leur fommité des fleurs longues', à plufieurs petales, belles, difpofées en rond, étroites vers le bas, larges en haut & foutenues par un calice qui forme une gaine cylindrique & membraneufe. Ces fleurs font rouges, ou blanches ou marbrées, de couleurs diverfes, agréables à la vue, d'une odeur aromatique, tirant fur celle du gérofle. Elle s'appelle en Latin Caryophillus, qui est le même nom qu'on donne au gérofle & à la géroflée. On diftingue cette fleur en Œillets cultivés & fauvages; en Œillets fimples & doubles. Toutes ces efpeces trouveront leur place dans la fuite de ce Traité, quand j'aurai donné les regles fûres pour la culture de l'Œillet en general. Cette fleur mérite bien l'attention du curieux non-feulement

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