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fon œil, fa taille, fon piftile, qui raffemblé au milieu forme le plus beau diadême. Parlerai-je de fes couleurs, de leur mélange, de fon odeur, de fon air fin? Deux mots font fon éloge; elle fleurit deux fois par an, & fon feuillage est toujours verd.

TRAITÉ

DES

TULIPES.

E crois de mon devoir à préfent de partager mes foins & l'attention du

Lecteur fur la culture de la Tulipe. Cette fleur fi recherchée mérite bien autant d'attention pour elle, qu'elle a d'agrémens pour nous. Cette plante eft appellée, dit-on, Tulipe, parce qu'elle reffemble au Turban (ou Tulbent) des Turcs, qui lui ont donné parmi eux le nom de Tulipan. Elle est très-commune dans

ces pays & fur-tout en Tartarie, où les Originaires la connoiffent par

mot de Lale.

le

Cette plante a une tige ronde, moë. leufe, que quelques feuilles longues, affez larges, épaiffes & dures accompagnent. On voit avec étonnement croître & s'épanouir en fa fommité une feule fleur, qui a fix feuilles : elles font peu évafées & ont le ventre fouvent plus large que l'ouverture. Cette ouverture eft grande, enrichie des plus belles couleurs jaune, ou purpurine, ou rouge, ou blanche ou variée. Cette fleur à peine paffée, on lui voit fuccéder un fruit d'une forme oblongue, relevé de trois coins, & divifé en trois loges remplies de graines fort applaties. La racine de la Tulipe eft un gros oignon jaunâtre ou noirâtre,

compofé de plufieurs tuniques emboirées les unes dans les autres. Cet oignon eft garni dans fa partie inferieure, des fibres qui reffemblent affez jà une chevelure de petites racines. Les Tulipes de graines font celles qu'on feme pour avoir de belles couleurs & fanrafques. Celles qui viennent d'un cayeu, ou d'un morceau d'oignon qui fe fépare, deviennent panachées. Les étamines, font des petites parties de la fleur, pofées de travers fur la pointe des petits brins, qui partent du fond de la Tulipe. Voilà à peu près la defcription de la Tulipe en général. Chez les Fleuriftes on voit une varieté infinie de Tulipes. Dans le dernier fiecle, l'amour des Tulipes étoit une manie, une espece de fureur ; on voyoit fouvent des familles ruinées par la paffion

d'un pere pour cette fleur. Des Carreaux de Tulipes fe prifoient des quinze ou vingt mille francs. Le caprice feul a enfanté les différens noms que les Amateurs ont diftribués aux Tulipes, tant en général qu'en particuliers. En général les Bolfuels, les Veuves, les Paltos, les Suiffes, &c. En particulier, l'Amidor de la belle espece, l'Erimanthe, l'Hercule, &c. Les Tulipes font d'une feule espe

ce,

il est vrai; il y en a néanmoins plufieurs fortes. Les fortes les plus communes font les blanches, les jaunes & les rouges, qui ne changent jamais; elles ne font pas remarqua

bles & d'aucune valeur. Parmi les rouges, les unes font foncées, les autres claires; les unes éclatantes, les autres foibles. Dans ces nuances, quand

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