ODE SUR LE FANATIS ME C Harmante & fublime Emilie, Ta folide Philofophie T'a prouvé la Divinité. Ton ame éclairée & profonde, Franchiffant les bornes du Monde, *. Mais fi les traits de l'Athéïfme * Cette Ode eft de l'an 1732. Elle eft addreffée à l'illuftre Madame la Marquife du Chaftelet, qui s'eft rendue par fon génie l'admiration de tous les vrais favans, & de tous les bons efprits de l'Europe. Sont repouffés par ta raison, Ce fanatifme facrilège On a vû du moins des Athées Sociables dans leurs erreurs : Leurs opinions infectées N'avaient point corrompu leurs mœurs. a Faux dévots. Des Des Barreaux fut doux, juste, aimable b: Avait follement combattu, Prenant pitié de fa faibleffe, Je fentirais quelque indulgence Qui nirait l'utile existence De l'aftre qui brille à mes yeux. Ignorer ton être Suprême, Grand DIEU! c'est un moindre blasphême, Que de te croire impitoyable, Lorfqu'un dévot atrabilaire, G 2 Le b Il était Confeiller au Par les frais de leur procès, qu'il lement; il paya à des plaideurs avait trop différé de rapporter. Le voilà ftupide, & farouche; Ce Sénat profcrit dans la France, Ce Tribunal, où l'ignorance Ces Midas en mitre, en foutane, Sans rougir ont donné des fers. Aux pieds de leur troupe aveuglée, Abjurez, fage Galilée, Le fyftême de l'Univers. Ecoutez ce fignal terrible Qu'on vient de donner dans Paris; Regardez ce carnage horrible; Entendez ces lugubres cris. Le frère eft teint du fang du frère; Le fils affaffine fon père; La femme égorge fon époux; Leurs bras font armés par des Prêtres. O Ciel! font-ce-là les ancêtres Janfeniftes & Molinistes, Vous riez des fages d'Athènes, Mais au moins dans leur nuit profonde, Ils n'étaient point perfécuteurs: Imitez l'efprit pacifique Et du Lycée & du Portique, Quand vous condamnez leurs erreurs. |