frais dans les emplois qu'ils sollicitaient. Mais un incident qui attira l'attention particulière du gouvernement, fut l'arrivée du moderne Tyrtée ; lord Byron, le front ceint des lauriers du Parnasse, abordait à Missolonghi, avec des presses, des artistes, des ingénieurs et des artisans. Il n'avait pas attendu les succès des Grecs, pour flétrir leurs tyrans en vers pindariques. Il apportait des secours, et l'espérance de voir réaliser un emprunt, que les envoyés du sénat d'Argos étaient chargés de négocier à Londres. Il avait avancé une partie des fonds qui avaient donné les moyens à l'amiral Miaoulis Vôcos de tenir la mer et de foudroyer l'escadre du capitan-pacha dans le golfe Pagasétique. Son exemple donnant l'impulsion aux esprits, un horizon immense apparut aux Grecs, qui découvrirent, au milieu d'un océan de gloire, des dangers et de nouveaux triomphes. La position fortifiée de Missolonghi, qui est la clef du golfe des Alcyons, jointe à la possession récente de l'Acrocorinthe, livraient désormais la citadelle de Patras, Lépante et les châteaux des Petites-Dardanelles à la discrétion des insurgés, devenus possesseurs des rives qui entourent ces mers intérieures du territoire classique. On pouvait laisser les garnisons turques s'y fondre en détail. Le temps ne devait pas manquer de les contraindre à rendre les armes. Colocotroni et André Métaxas, maîtres des aquéducs et des hauteurs de Patras, après avoir battu les Turcs dans quatre sorties différentes, les avaient contraints à se renfermer dans la place. Le malaise devait y être grand; car déjà plusieurs familles mahométanes en étaient sorties après avoir traité particulièrement avec les stratarques chrétiens, qui leur avaient accordé des saufconduits pour se rendre dans l'Élide. Malgré ces symptômes, avant-coureurs d'une capitulation, Mavrocordatos songeait à l'accélérer, en mettant le siége devant Lépante et le château situé sur le cap Antir rhion de l'Étolie Épictète (1). On s'occupa aussitôt des préparatifs de cette entreprise, qui était au moment d'être mise à exécution, lorsqu'un décret émané du gouvernement de la Grèce occidentale, annonça qu'à partir du 13-1 janvier, on imprimerait à Missolonghi un journal intitulé la Chronique Hellénique, destiné à éclairer le monde civilisé sur des événements trop long-temps défigurés par les ennemis de la Croix. Le conseil exécutif venait, de concert avec le sénat lé– gislatif séant à Argos, de décréter l'envoi de trois mille soldats à Psara, où ils étaient demandés par l'amirauté de cette île belliqueuse qui soupirait après la réduction de l'île d'Eubée, afin d'y établir sa population exposée en première ligne, ainsi qu'une foule de réfugiés de Chios et de l'Asie-Mineure. Des secours plus considérables avaient mis à la voile pour se rendre en Crète. On utilisait ainsi soixante mille guerriers qui se trouvaient trop à l'étroit dans le Péloponèse. On se proposait de voter bientôt un printemps sacré, en envoyant un grand nombre de montagnards en Thessalie, pour se réunir aux Magnésiens afin de transporter en 1824, le théâtre de la guerre sur les. bords de l'Axius, en posant éventuellement les limites de la confédération à Thessalonique. On avait, en attendant, le projet d'établir un hôtel des monnaies à Tripolitza, où l'on batterait des espèces d'or et d'argent au titre et au coin du sultan. Cette mesure qui aurait donné un bénéfice net de plus de soixante pour cent, portait un coup plus funeste à l'empire ottoman que toutes les pertes qu'il avait éprouvées jusqu'alors. Ainsi tombait le colosse aux pieds d'argile, auquel il en avait déjà trop coûté pour remettre sous le joug des sujets, qu'il serait plus facile d'exterminer que de subjuguer ; parce qu'il est aussi absurde de vouloir régner sur des (1) Ce projet ne fut pas mis à exécution, par suite des dissensions qui se réveillèrent dans la Grèce après la campagne de 1823. cœurs ulcérés, que de prétendre, comme on l'a fait pendant long-temps, que les terres découvertes par Colomb. ont été créées de toute éternité pour être une dépendance de l'Europe. O Providence! la Grèce et l'Amérique asservies au commencement du quinzième siècle, se retrouvent au commencement du dix-neuvième en présence de leurs dévastateurs !... Mais sans nous perdre dans des considérations étrangères au sujet qui nous occupe, prions ce Dieu que les Hellènes invoquaient au jour solennel de leur insurrection, de leur apprendre l'usage qu'ils devront faire de l'indépendance qu'ils ont acquise, et de les aider à soutenir le poids de leurs prospérités. Ils perdirent leurs ancêtres, égarés par Thémistocle dans la route qu'il leur ouvrit. Maîtres de la mer, les Hellènes peuvent tout oser contre un ennemi qui a des vaisseaux et point de matelots, mais qu'ils n'oublient pas que si la marine d'Athènes fut son salut, elle ne tarda pas à devenir la cause de son ambition et de sa perte (1). Ils savent qu'ils ne doivent plus attendre les barbares sur le terrain de la Hellade, et que pour paralyser leurs efforts, il suffit de menacer l'AsieMineure. Ils peuvent oser davantage!.. l'empire ottoman tombe en lambeaux. Il faut saisir la fortune dans son vol rapide, et ne pas abuser de ses faveurs pour surprendre des villes sans défense, ou ravager des terres abandonnées, espèce de guerre (2), « qui apprend à calculer ses forces, » à prendre la fuite sans rougir, et qui en donnant aux >> soldats les vices des pirates, les conduit (3) à dominer >> au sénat et à faire passer l'autorité aux mains du peuple, >> ainsi qu'il arrive presque toujours dans un état où la >> marine est florissante. » Tels sont les conseils de l'expérience que les sages de (1) Aristot. de Rep., lib. v, cap. 3. la Grèce ont légué à leurs neveux; puissent-ils être écoutés ! Pour moi, satisfait d'avoir fait connaître les souffrances des Hellenes, leurs mémorables actions et la barbarie des Turcs, au monde occupé des événements de l'Orient, je me croirai assez récompensé si j'obtiens un jour des fils de Dorus un rameau de l'olivier aux belles couronnes, qui ceignit le front d'Hérodote aux fêtes d'Olympie. Je borne ici ma carrière et mes vœux !.... et toi, Muse sévère de l'Histoire, à qui je dédie le fruit de mes veilles, Clio, chasse soeur d'Apollon, daigne protéger mon ouvrage, et reçois pour jamais mes adieux. FIN DU TOME QUATRIÈME. TABLE DES CHAPITRES CONTENUS DANS LE TOME QUATRIÈME. LIVRE HUITIÈME. - - CHAPITRE Ier. Khourchid tourne ses armes contre Souli. - Prise de - par - les Turcs; - ils sont repoussés à Samoniva.- Traits particuliers d'audace. - Négociations. - sent militairement. 10 juin, reprise des hostilités. toire des Grecs; - s'emparent du cheval de bataille d'Omer Brio- son arrivée à Larisse. |