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l'auteur a su mener son entreprise à bonne fin, sans inégalité comme sans lacune, avec la possession la plus scientifique de son sujet, on reconnaîtra que le prix Stanislas Julien récompense cette année une publication vraiment exceptionnelle.

« Pénétré de cette idée que, pour évangiliser la Chine, il est utile d'acquérir l'influence morale dont jouissent les lettrés dans la patrie de Confucius, et frappé en même temps des difficultés que présente l'étude de l'idéographie chinoise à l'aide d'instruments parfois discordants pour n'avoir pas été composés à l'unisson, le P. Zottoli, directeur des études au séminaire de la mission de Nanking, n'a pas reculé devant la tâche extraordinaire de fournir à ses élèves tous les éléments gradués de l'instruction sinologique la plus approfondie, depuis l'exposé des prolégomènes jusqu'à la lecture de tous les ouvrages célèbres de la Chine, anciens et modernes, sacrés et profanes, classiques ou romantiques, si l'on ne craint pas d'appliquer ce mot aux compositions littéraires marquant des innovations dans l'art d'écrire chez les auteurs de l'extrême Orient. C'est à peu près, on le voit, comme si l'on entreprenait un cours de latin qui commencerait par la grammaire pour s'étendre, en passant par les Épitomés, Quinte-Curce, les Commentaires de César, etc., jusqu'à l'explication des œuvres de Tacite, d'Horace, de Virgile, de Perse et même de Tibulle et Catule et des Poeta minores. Encore cette comparaison demeuret-elle insuffisante, alors qu'il s'agit d'une revue de monuments écrits embrassant une période non de quatre ou cinq siècles, mais de trois ou quatre mille ans.

Le P. Zottoli a jugé que les études chinoises poursuivies régulièrement selon sa méthode pouvaient se diviser en cinq classes d'une année chacune. De là la section des matières en cinq volumes et la répartition que voici :

Dans le premier volume, examen des éléments constitutifs de l'idéographie chinoise, petites phrases simples, narrations graduées tirées des meilleurs prosateurs.

Dans le second volume, les classiques les plus faciles, y compris Meng-tsé, précédés d'une cosmogonie chinoise, de tableaux historiques, de cartes géographiques, de planches nombreuses

représentant les symboles, les costumes, les armes, les instruments en usage dans l'antiquité et, en un mot, de tout ce qui peut faciliter l'intelligence des anciens textes.

Dans le troisième volume, tous les livres canoniques, sans excepter le Y-king, avec ses commentaires indispensables.

Dans le quatrième volume, cours complet de rhétorique, fragments de prosateurs célèbres, allusions littéraires en usage, expressions figurées, etc.

«Enfin, dans le cinquième volume, intitulé : Pars oratoria et poetica, on trouve un traité de la prosodie ancienne et moderne, plus de trois cents pièces de vers empruntées aux poètes en renom de toutes les époques, une savante étude sur la lecture des inscriptions, avec des notes archéologiques pleines d'érudition, et, chaque fois que l'occasion s'en présente, des remarques critiques nettes et concises, atteignant les finesses les plus délicates, particulières au style imagé du langage écrit.

Un tel ouvrage est à lui seul toute une bibliothèque chinoise. Celui qui le possède et qui l'étudie avec méthode peut même se dispenser d'acquérir un dictionnaire, car la signification de chaque caractère apparaissant pour la première fois est soigneusement donnée en bas des pages, afin qu'on puisse la relever sur carte et se former ainsi un lexique personnel, dont les mots se graveront d'autant plus fortement dans la mémoire.

Ainsi que son titre l'indique, le Cursus litteraturæ sinicæ est écrit en latin. Le P. Zottoli tire un merveilleux parti des inversions auxquelles se prête cette langue, si souple et si concise, pour serrer la version littérale des textes chinois. Le latiniste vient en aide au sinologue, et l'on sent partout que l'un et l'autre sont de première valeur.

Les jésuites du xvII et du xvII° siècle nous ont donné l'étonnant spectacle d'étrangers parvenant à conquérir les plus hautes charges dans un pays où les plus hautes charges appartiennent aux plus hauts grades littéraires, et où les grades littéraires sont au concours. On voit que leurs traditions ne se sont pas perdues et que les lettres chinoises sont toujours en honneur chez les successeurs des savants illustres si connus sous le nom de missionnaires de Péking.

XII.

SHMOLE,

MUSEUM

OXFORD

N

14

INFRIMERIE NATIONALR.

« Le Cursus litteraturæ sinicæ est sorti des presses de la mission catholique de Rou-chan-ouan, près Chang-haï, qui possède un corps très complet de caractères chinois. »

M. A. DUMONT fait une communication sur Deux inscriptions de Salonique, envoyées par M. Dozon (1). M. Chodzkiewicz fait une communication sur Trois fers de lance avec inscriptions runiques (2). L'Académie se forme en comité secret.

SÉANCE DU 1 3 JUIN.

Le Ministre de l'instruction publique adresse à l'Académie les compléments des travaux de MM. Grousset et Poisnel, membres de l'École française de Rome. Il écrit en outre au Secrétaire perpétuel pour l'informer qu'il aurait été heureux de satisfaire au vœu exprimé par l'Académie des inscriptions et belles-lettres, qui aurait désiré qu'une mission spéciale fût accordée à un voyageur antiquaire à l'effet de ramener en France des inscriptions recueillies à Lambèse et à Timgad par M. Duthoit, mais qu'il ne lui semble pas possible de charger un savant d'une mission officielle avec l'unique mandat de surveiller le transport de documents archéologiques. Au surplus, ajoute le Ministre, les antiquités de Lambèse se trouvent déposées dans le prætorium de la ville, qui est devenu aujourd'hui un véritable musée. J'estime que, conservés sur place, près des monuments dont ils faisaient partie intégrante, ces fragments offriront pour l'histoire locale plus d'intérêt que s'ils étaient transférés à Paris. »

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M. A. DUMONT, directeur de l'enseignement supérieur, adresse à l'Académie, au nom du Ministre de l'instruction publique, la copie du rapport du Directeur de l'École française d'Athènes sur les fouilles entreprises à Némée par MM. Dürrbach et Cousin, membres de ladite École.

Il est donné lecture de ce rapport.
L'Académie se forme en comité secret.

(1) Voir aux COMMUNICATIONS, n° XIII. (2) Voir aux COMMUNICATIONS, n° XIV.

La séance redevient publique.

M. DESJARDINS, au nom de M. L. Renier, communique une inscription latine, gravée sur un autel romain qui vient d'être trouvé dans un bras du Rhône, à Genève. L'estampage de cette inscription a été envoyé par M. Ch. Morel, à Genève. On y lit:

DEO. NEPTVN

C. VITALINIV
VICTORINVS
MILES

LEGI. XXIII
ACVRIS

V. S. L. M.

Il s'agit d'un soldat de la vingt-troisième légion qui, ayant sans doute échappé à un naufrage, avait fait vou d'élever un autel à Neptune.

M. DE VOGUE fait une communication sur des briques qui ont été trouvées à Tello, en Chaldée, par M. de Sarzec. Ces briques sont marquées d'une estampille uniforme qui donne, en caractères araméens, puis en caractères grecs du second ou du premier siècle avant notre ère, un même nom propre d'origine sémitique: Hadadnadinakhi. C'est probablement le nom d'un roi de la basse Chaldée.

M. HEUZEY ajoute quelques détails à cette communication.

M. RENAN donne lecture de son Rapport sur les documents épigraphiques recueillis par M. Doughty dans le nord de l'Arabie.

M. Reinach communique à l'Académie Deux épigrammes grecques inédites (1).

MM. Weil et Egger font quelques observations.

SÉANCE DU 20 JUIN.

L'Académie se forme en comité secret.

La séance redevient publique.

() Voir aux CoMMUNICATIONS, n° XV.

Il est procédé au vote sur les conclusions du rapport lu en comité secret, à la dernière séance, au nom de la Commission du prix Gobert.

Scrutin pour le premier prix: 30 votants; majorité 16. M. Viollet obtient 27 suffrages et M. Tuetey 3.

Scrutin pour le second prix: 31 votants.

L'unanimité des suffrages est acquise à M. Tuetey.

En conséquence, le premier prix Gobert sera décerné à M. Viollet pour le premier fascicule de son Précis de l'histoire du droit français, et le second prix à M. Tueley, pour l'ouvrage en deux volumes intitulé: Les Allemands en France et l'invasion du comté de Montbéliard par les Lorrains, 1587-1588.

M. DESJARDINS Communique une lettre de M. Maspero sur la lecture définitive du diplôme militaire trouvé en Égypte, dont une explication provisoire avait été donnée dans une précédente séance (1).

M. Luce donne lecture, pour M. Ch. Robert, de la communication suivante, relative à la conservation des monuments antiques en Afrique et en Tunisie :

« Il y a longtemps que les archéologues, les artistes et les amis de l'histoire gémissent de voir disparaître, sur la terre d'Afrique devenue française, les monuments antiques et les souvenirs épigraphiques qui, grâce aux mœurs arabes, étaient restés debout ou tout au moins en place depuis des siècles. On sait combien de textes curieux ont disparu depuis que le propagateur de la science épigraphique en France, M. Léon Renier, a publié son grand recueil algérien, et l'on cherche en vain aujourd'hui des monuments dont les inscriptions ont été relevées par G. Willmanns à une époque plus récente.

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Les destructions à Lambèse, quartier général de la LEGIO IIIa Augusta, sont tristement célèbres. Les monuments antiques, si nombreux et si importants en Tunisie, disparaissent un à un, et les démolitions s'y multiplient sur la plus grande échelle. A Hammam, une borne où était inscrit le nom ancien Thunes, exemple

(1) Voir aux COMMUNICATIONS, D° XVI.

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