Images de page
PDF
ePub

revers, dans la concavité, une croisette analogue à celle du numéro précédent, mais sans aucun accessoire. Dix exemplaires, pesant chacun à peu près exactement 75,60. C'est une variété déjà décrite par Streber sous le numéro 102.

4

Le côté bombé uni; au revers, le croissant ou le bateau, duquel émergent des rayons; c'est une variété du troisième type principal que j'ai indiqué plus haut. Cette pièce, de très mauvaise exécution, ne pèse que 75,15.

Plusieurs variétés de coin de cet exemplaire, avec quelques différences de détail dans le type, faisaient partie de la trouvaille, dont les quarante-huit statères se complétaient par un certain nombre de pièces à faces unies au droit et au revers, et par des spécimens fort barbares présentant des creux et des protubérances assez difficiles à expliquer.

On peut remarquer que les pièces du musée décrites sous les numéros 1 à 4 présentent des poids qui vont en décroissant; ce qui, d'après un principe qui s'est souvent justifié, annoncerait une succession chronologique.

Il me reste à dire quelques mots de deux subdivisions qui portent à cinquante le nombre des pièces entrées au musée.

5

Au droit, sur une calotte sphérique aplatie, une cavité à peu près elliptique et une gorge ouvrant sur le bord. Au re

vers, sur un fond légèrement concave, deux saillies à pointes allongées; le tout dans une bordure dentelée.

Bon or, 2,30, ce qui donnerait pour l'entier 6,90.

Cette pièce est de même type qu'un tiers de statère publié par de Pfaffenhoffen et sur le côté bombé duquel on voit, au lieu de deux trous, le nom BIAT(EC) écrit le long d'un diamètre horizontal.

A

6

Au droit, une calotte sphérique entamée par une petite cavité triangulaire. Au revers, sur un fond légèrement concave, quatre élévations, celles de gauche et de droite en forme de losange, les deux autres triangulaires.

Bon or, 2,35, ce qui donnerait qui donnerait pour l'entier 7.05. Ce spécimen me paraît nouveau.

Examinons maintenant s'il est possible de dire quels sont les peuples gaulois à qui il faut attribuer les RegenbogenSchüsselchen et, en particulier, les pièces entrées au musée de Saint-Germain. Streber, en se basant sur les provenances connues il y a vingt-cinq ans, faisait honneur à des Gaulois établis en Vindélicie des pièces qui sont si communes au sud du Danube. On sait que la Vindélicie était riche en or, au témoignage des auteurs anciens, et qu'elle demeura indépendante jusqu'aux conquêtes des Romains sous Auguste, l'an 15 avant l'ère chrétienne. Quant aux pièces rencontrées au nord du Danube, et particulièrement en Bohême, il croit devoir les répartir entre les Helvètes, les Tectosages et les Boй. C'est à ce dernier peuple que M. Muret, dans le catalogue du Ca

(4) Revue numismatique, 1869-1870, p. 290, et pl. XII, fig. 2 et 3.

binet des médailles, et que la plupart des numismatistes attribuent exclusivement l'immense monnayage dont les produits pullulent au nord et au sud du Danube, se rencontrent sur les bords du Rhin et pénètrent, d'une part, dans la Cisalpine, de l'autre, en Belgique, où ils deviennent des prototypes plus ou moins usités. Les Boii, qui ont donné leur nom aux contrées où abondent le plus les Regenbogen-Schüsselchen, ont nécessairement pris une large part à leur fabrication; mais il est probable qu'ils ne peuvent revendiquer tous les types retrouvés ainsi la tête à chevelure compliquée (1) du dernier des types principaux que j'ai mentionnés plus haut est identique à celle qui est représentée sur la monnaie d'argent bien connue du chef helvète Orgetorix (ORGETIRIX, ORCIITIRIX) (2), mentionné par César. Il est donc naturel de donner le Schüsselchen qui porte cette tête, et qui appartient à la fin de l'autonomie gauloise, aux Helvètes aussi bien qu'aux Boii, leurs alliés dans la tentative d'invasion au delà des Alpes qui échoua devant les légions romaines.

En résumé, le rapatriement des divers Schüsselchen n'a pu être fait d'une manière complètement satisfaisante, car les, éléments de la classification n'étaient pas encore suffisants. Le docteur Kupido, de Maehr Trübau, s'occupe d'un grand travail dans lequel ce vaste problème sera sans doute examiné. Il est aussi difficile de déterminer exactement l'âge des Schüsselchen que de dire où ils ont été frappés.

Franz Streber les croit antérieurs aux statères de Philippe de Macédoine, dont les types, c'est-à-dire le bige et la tête d'Apollon, ont été copiés si abondamment par les peuples de notre Gaule et particulièrement par les Arvernes. M. de Longpérier démontre qu'ils sont moins anciens que les statères de Philippe, et même que les imitations pannoniennes des tétra

Streber, fig. 86 et 87.

P.-Charles Robert, Catal., p. 46.

XII.

3

TNTEINERIK NATIONAL.

drachmes de Macédoine; mais, sans paraître la croire récente, il ne se prononce pas sur l'époque où leur émission a pu com

mencer (1).

Le docteur Sætbeer, qui fait honneur aux Boii de toutes ces monnaies, les fait remonter au deuxième siècle avant l'ère chrétienne.

Sans se prononcer sur l'âge de tous les types des monnaies qui nous occupent, M. de Pfaffenhoffen, développant une observation de M. Mommsen (2), a établi d'une manière judicieuse que le type formé, au droit, du nom de chef BIATEC écrit horizontalement, et, au revers, du bateau ou du croissant surmonté de rayons, est postérieur à l'an 62 avant notre ère, car un trésor découvert en Hongrie a montré, à côté de pièces d'or scyphoides portant BIATEC, des tétradrachmes d'argent plats où se lisait également ce nom, mais dont le type avait été emprunté à des deniers romains frappés en cette même année (3):

Ajoutons que beaucoup de Schüsselchen paraissent ne pas procéder, quant à leur taille, du système des statères de Philippe ou d'Alexandre, mais présentent le même poids que l'aureus de la République romaine (4)..

Enfin toutes les variétés des Schüsselchen sont, par leurs divers caractères, incontestablement moins anciennes que les belles imitations des statères d'or de Philippe frappées dans notre Gaule, et particulièrement chez les Arvernes. Je suis donc disposé à croire que les monnaies d'or scyphoïdes ne remontent guère au delà du premier siècle avant l'ère chrétienne. Mais si la fabrication de ces monnaies a commencé plus tard que celle d'espèces empruntées au type grec par différents peuples

(1) Revue numismatique, 1863, p. 149.

(2) Histoire de la monn. romaine, trad. de Blacas et de Witte, t. III, p. 287. (3) Revue numismatique, 1869-1870, p. 287.

(4) A. de Longpérier, Revue numismatique, 1863, p. 435.

gaulois, soit de la Pannonie et de diverses contrées danubiennes, soit de notre Gaule, elle a duré plus longtemps. En effet, les Schüsselchen ont été abondants, entre le Rhin et le Danube, dans des contrées qui n'ont jamais été soumises à la puissance romaine ou qui ne l'ont été que fort tard; on les retrouve jusqu'au nord de la Belgique, qui avait échappé aux armes de César, et leur type, sinon leur forme, apparaît dégénéré dans l'île de Bretagne, qui a conservé son autonomie monétaire jusqu'au temps de Claude.

Au contraire, les monnaies gauloises de type grec ou de type romain avaient pris leur origine dans des contrées qui étaient plus voisines des possessions romaines et qui furent, par conséquent, conquises les premières. Ainsi, pour ne parler que des cités soumises par César, l'or, véritable étalon monétaire, privilège de l'imperium, fut immédiatement banni des ateliers gaulois, où l'argent et le cuivre se maintinrent seuls jusqu'à l'organisation définitive des Gaules par Auguste au concile de Narbonne.

En résumé, la fabrication des Schüsselchen s'est prolongée plus longtemps que celle des espèces d'or du centre et du sud de notre Gaule; mais je serais disposé à croire qu'elle a commencé plus tard que les imitations du statère de Philippe par les Arvernes, et que, par conséquent, son existence n'a pas été très longue.

Mais revenons au trésor acquis par le musée de SaintGermain. On a vu plus haut qu'il ne présente aucun spécimen du statère au type du torques enveloppant de petits globes dans son ouverture, type qui paraît relativement ancien. D'un autre côté, il renferme des exemplaires dégénérés, où se reconnaît encore le croissant ou le bateau surmonté de rayons, dispositif monétaire que de Pfaffenhoffen croit des moins anciens. Le premier des deux tiers de statère qu'il contient montre un type bizarre qui s'est retrouvé également en Hon

« PrécédentContinuer »