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COURS

DE POLITIQUE

CONSTITUTIONNELLE.

IMPRIMERIE DE L. SCHAPEN.

DE POLITIQUE

CONSTITUTIONNELLE,

PAR

BENJAMIN CONSTANT.

Troisième Edition

MISE EN ORDRE

ET PRÉCÉDÉE D'UNE INTRODUCTION

Par M. J.-P. PAGÈS (de l'Arriège).

BRUXELLES.

SOCIÉTÉ BELGE DE LIBRAIRIE, IMPRIMERIE, PAPETERIE, ETC.

HAUMAN, CATTOIR ET COMPo.

1837.

D

INTRODUCTION.

Voici le livre d'un homme qui, dans ce long drame de la révolution française, n'appartint à aucun pouvoir, à aucune faction. Tous les gouvernements, tous les partis le trouvaient à la fois pour auxiliaire et pour ennemi prêtant son appui dans les questions d'ordre et de liberté ; adver saire déclaré quand l'arbitraire se cachait sous le manteau de l'ordre, quand l'anarchie prenait le masque de la liberté.

Au tribunat, à la chambre des députés, au conseil-d'état des cent jours, au conseild'état de la révolution de juillet, Benjamin Constant fut toujours condamné, par le malheur des temps, à faire partie de la minorité. Étranger à tout ce qui s'est fait, la responsabilité d'aucun acte ne pèsera sur sa mémoire.

Mais, au-dessus de la lutte révolutionnaire, se perpétuait ce combat intellectuel que l'Allemagne et l'Angleterre ont commencé par la réforme religieuse, que la France a continué par la réforme politique, et dont l'issue, heureuse ou funeste, conduira le monde à une rénovation sociale. Dans cet antagonisme des vieilles idées qui ont régi l'Europe, et des idées nouvelles qui veulent l'envahir, personne ne peut rester neutre. Chacun s'y engage sciemment ou à son insu. Le cœur le plus froid y porte ses craintes ou ses espérances; l'esprit le plus faible, ses regrets ou ses vœux. Nul n'est assez obscur, assez isolé, assez dénué d'intérêt religieux, moral, politique, matériel; nul n'est assez étranger à l'honneur et à la prospérité de son pays, à l'avenir de sa famille, à son propre bien-être, pour n'y pas prendre une part militante. Nous sommes tous acteurs dans ce grand drame qui se joue à la fois dans les palais et sous le chaume, sur la place publique et au foyer de la famille; tous, nous y participons, par des actes, par des écrits, par des paroles, par des pensées, par des sentiments. Quand le champ de bataille est le monde, tout homme est soldat.

Sans doute, le pouvoir par ses lois, les partis par leurs actes, les pu

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