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de puiser, dans ce véritable nid à documents précieux, avec autant de profit que dans un dictionnaire d'ana bibliographiques.

Nous ne limiterons pas notre but au plaisir d'intéresser, d'indiquer les rara aves de la Bibliophilie et de glaner dans le glorieux passé de la Bibliognostique; nous accorderons une place à l'art moderne du Livre, aux Bibliophiles militants de Paris, de la province et de l'étranger. Nous comprenons qu'« en Bibliographie surtout il se faut entr'aider », et nous conserverons dans chaque livraison une ou plusieurs pages destinées aux questions et réponses posées et résolues par nos lecteurs.

Cette manière de Queries, rendant service aux uns, instruira les autres; ce sera là une sorte de petit intermédiaire intéressant pour tous. Trouvailles, curiosités, renseignements bibliologiques quelconques, origines ou orthographes de certains mots, éditions douteuses, interrogations de toute nature seront insérées.

En tout et pour tout ce qui sera du ressort du Livre, nous accueillerons les communications qui nous seront faites, nous estimant heureux d'avoir ouvert à nos confrères une libre arène dans laquelle chacun, à tour de rôle, luttera de savoir, de complaisance ou d'érudition.

Et, maintenant, puisse notre entreprise justifier notre devise de présupposition: l'ires acquirit eundo.

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LA VÉRITABLE ÉDITION ORIGINALE

DES

CARACTÈRES DE THÉOPHRASTE

(PAR LA BRUYÈRE)

ET CELLE DES

RÉFLEXIONS OU SENTENCES ET MAXIMES MORALES

(PAR LE DUC DE LAROCHEFOUCAULD)

Na toujours regardé comme édition originale des Caractères de La Bruyère, un volume de format in-12, bien imprimé, en lettres d'une grosseur respectable, et que l'on décrit ainsi :

Les Caractères de Théophraste traduits du grec, avec les caractères ou les mœurs de ce siècle. A Paris, chez Estienne Michallet, 1688, in-12 de 30 feuillets préliminaires non paginés, texte commençant à la page 53 et se terminant à la page 360, plus 1 feuillet pour le Privilége daté du 8 octobre 1687, et I feuillet d'errata terminant le volume.

Ce livre, rare et très-recherché, atteint, dans les ventes publiques et chez les libraires, des prix énormes. Dans ces derniers temps, plusieurs exemplaires ont été payés de 700 à 1,000 francs; et jamais personne n'avait eu l'idée d'établir aucune différence entre tous ceux qui sont passés en vente. Il y a quelque temps, je découvris un exemplaire de l'ou

vrage en question, semblable pour le titre, l'impression et le nombre de pages à tous ceux connus jusqu'ici, mais présentant de nombreuses variantes dans le texte.

Après avoir étudié les différences qui existaient entre ce livre et ceux que j'avais sous la main, je me suis aperçu que tous les exemplaires ordinaires contiennent un certain nombre de feuillets cartonnés, c'est-à-dire des feuillets qui furent remplacés après l'impression par d'autres sur lesquels on avait fait des corrections. Ces feuillets, sans doute incorrects au gré de l'auteur, furent coupés certainement dès l'origine, et on ne laissa que des onglets, sur lesquels furent collés les feuillets corrigés. On voit parfaitement ces onglets dans les exemplaires reliés en vieux veau.

J'ai compté jusqu'à dix-huit cartons, dont je vais indiquer ici la place, afin que mes lecteurs puissent bien connaître ce livre précieux :

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Q, après la page 360 (Privilége, avant l'erratum).

L'exemplaire curieux, non cartonné, ne contient aucun de ces changements. C'est peut-être le seul ou bien un des rares exemplaires qui ont échappé aux corrections. Il appartient aujourd'hui à M. de V***, et nous félicitons cet amateur distingué d'en avoir fait l'acquisition, même à un prix considérable.

Il faut bien dire cependant que le haut intérêt qui s'attache dès à présent à ce livre n'influe en rien sur la valeur littéraire ou bibliographique des exemplaires cartonnés; en réalité, ceux-ci renferment le seul texte admis par La Bruyère, car le soin avec lequel les mêmes feuillets ont été remplacés dans tous les exemplaires prouve que cette opération a été faite d'après ses ordres, pour modifier quelques phrases et souvent quelques mots tout au plus. Le livre non cartonné que je viens de citer est donc une curiosité bibliographique, et à ce titre n'en a pas moins une grande valeur.

Une particularité analogue se rencontre dans quelques exemplaires de l'édition originale des Maximes de La Rochefoucauld.

Voici la description de l'édition princeps :

Réflexions ou sentences et maximes morales. A Paris, chez Claude Barbin, 1665. In-12 de 5 feuillets préliminaires, y compris le frontispice gravé par Steph. Picart, 19 feuillets non chiffrés pour le Discours sur les Réflexions, -150 pages,

.

plus 5 feuillets pour la Table des matières et le Privilége. L'Achevé d'imprimer est daté du 27 octobre 1664.

La dernière maxime est numérotée CCC XVI (316) et se termine en haut de la page 143.

Mais on a découvert, il y a quelques mois, des exemplaires de cette même édition dont les derniers feuillets prouveraient qu'il a été fait d'abord un tirage à très-petit nombre, et que l'auteur a ensuite arrêté l'impression pour y ajouter quatre maximes; car, dans le tirage en question, la dernière réflexion est numérotée CCC XII (312) et finit à la page 141. Le nombre total des pages est de 148, avec les mêmes feuillets non chiffrés indiqués plus haut pour e commencement et la fin.

La dernière pensée sur la mort, qui est sans numéro dans l'un et dans l'autre tirage, paraît avoir été réimprimée dans le dernier, ou au moins corrigée, car on remarque sept ou huit mots orthographiés différemment.

Quelques amateurs ont réuni dans le même volume ces deux tirages des dernières pages, et les exemplaires ainsi formés ont une grande valeur. On peut bien les estimer de 1,000 à 1,200 francs.

Je souhaite à mes lecteurs de rencontrer à bon marché ces livres précieux, et beaucoup d'autres encore, ne fût-ce, par exemple, que la première édition jusqu'ici inconnue du Gargantua de Rabelais, ou la 4o édition des Essais de Montaigne.

ASMODÉE.

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