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n'eftes vous pas affurée de l'amour que j'ay pour

vous?

HIACINTE.

Oui, Octave, je fuis feure que vous m'aimez; mais je ne le fuis pas que vous m'aimiez toûjours.

OCTAVE.

Eh peut-on vous aimer, qu'on ne vous aime toute fa vie?

HIACINTE.

J'ay ouy dire, Octave, que vostre sexe aime moins long-temps que le noftre, & que les ardeurs que les hommes font voir, font des feux qui s'éteignent auffi facilement qu'ils na flent.

OCTAVE.

Ah! ma chere Hiacinte, mon cœur n'eft donc pas fait comme celuy des autres hommes, & je fens bien pour moy que je vous aimerai jufqu'au tom

beau.

HIACINTE.

Je veux croire que vous fentez ce que vous dites, & je ne doute point que vos paroles ne foient finceres, mais je crains un pouvoir qui combattra dans votre coeur les tendres fentimens que vous pouvez avoir pour moy. Vous dépendez d'un pere qui veut vous marier à une autre perfonne & je fuis feure que je mourray fi ce mal-heur m'arrive.

OCTAVE.

Non belle Hiacinte, il n'y a point de pere qui puiffe me contraindre à vous manquer de foy, & je me tefoudray à quitter mon Païs, & le jour mefme, s'il eft befoin, plûtoft qu'à vous quitter. J'ay déja pris fans l'avoir veue, une averfion effroyable pour celle que l'on me deftine; & fans eftre cruel, je souhaitterois que la Mer l'écartât d'icy

pour jamais. Ne pleurez donc point je vous prie, mon aimable Hiacinte? car vos larmes me ruent, & je ne les puis voir fans me percer le

cœur.

HIA CINTE.

Puis que vous le voulez, je veux bien cffuyer mes pleurs, & j'attendray d'un ceil conftant ce qu'il plaira au Ciel de refoudre de moy.

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Elle n'eft point tant fotte, ma foy, & je la trouve affez paffable.

OCTAVE.

1 Voicy un homme qui pourroit bien, s'il fe vou loit nous eftre dans tous nos befoins, d'un fecours merveilleux.

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J'ay fait de grands fermens de ne me mefler plus du monde ; mais fi vous m'en priez bien fort tous deux, peut eftre...

OCTAVE.

Ah s'il ne tient qu'à te prier bien fort pour obtenir ton aide, je te conjure de tout mon cœur de prendre la conduite de noftré barque !

SCAPIN.

1.

Et vous, ne me dites vous rien?

HIACINTE.

Je vous conjure, à fon exemple, par tout ce qui

vous eft le plus cher au monde, de vouloir fervir nof

tre amour.

SCAPIN.

Il faut fe laiffer vaincre, & avoir de l'humanité, Allez, je veux m'employer pour vous.

Croy que....

OCTAV E.

SCAPIN parlant à Hiacinte.

Chut. Allez-vous-en, vous, & foyez en repos. Et vous, preparez-vous à foûtenir avec fermeté l'abord de vostre pere:

OCTAVE.

Je t'avoue que cet abord me fait trembler par avance, & j'ay une timidité naturelle que je ne fçaurois vaincre.

de

SCAPIN.

Il faut pourtant paroiftre ferme au premier choc, peur que fur voftre foibleffe il ne prenne le pié de vous mener comme un enfant. Là, tâchez de vous composer par étude. Un peu de hardieffe, & fongez à répondre réfolument fur tout ce qu'il pourra vous

dire.

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Çà effayons un peu pour vous accoûtumer. Repetons un peu vostre rôle, & voyons fi vous ferez bien. Allons. La mine refolue, la tefte haute, les regards aflurez.

OCTAVE.

Comme cela?

SCAPIN,

Encore un peu davantage.

OCTAVE.

Ainfi ?

SCAPIN.

Bon. Imaginez vous que je fuis voftre Pere qui arrive, & répondez moy fermement comme fi c'eftoit à luy-mefme. Comment, Pendard, Vaurien, Infame, fils indigne d'un pere comme moy, ofes-tu bien paroistre devant mes yeux aprés tes bons deportemens, aprés le lâche tour que tu m'as joué pendant mon absence? Eft-ce-là ie fruit de mes Loins, maraut, eft-ce là le fruit de mes foins le respect qui m'est deu ? le respect que tu me conferves? Allons donc. Tu as l'infolence, fripon de t'engager fans le confentement de ton Pere; de contracter un Mariage clandeftin ? Répond-moy, Coquin, répond-moy. Voyons un peu tes belles raifons. Ob que diable, vous demeurez interdit,

OCTAVE.

C'est que je m'imagine que c'eft mon pere que j'entens. SCAPIN.

Eh ouy. C'eft par cette raison qu'il ne faut pas eftre comme un innocent.

OCTAV E.

Je m'en vay prendre plus de refolution, & je ré pondray fermement.

SCAPIN.

Affurément ?

OCTAVE.

Affurément.

SILVESTRE.

Voilà votre pere qui vient.

OCTAVE.

SCAPIN.

O Ciel! je fuis perdu. Il s'enfuit.

Hola, Octave, demeurez. Octave. Le voilà en

fuy.

fuy. Quelle pauvre espece d'homme ! ne laiffons pas

d'attendre le Vieillard.

SILVESTRE.

Que luy diray-je ?

SCAPIN.

Laiffe-moy dire, moy, & ne fais que me fuivre."

********************

SCENE I V.

ARGANTE, SCAPIN, SILVESTRE.

ARGANTE.

T-on jamais ouy parler d'une action pareille à.

Acelle•à?

SCAPIN.

Il a déja appris l'affaire, & elle luy tient fi fort en tefte, que tout feul il en parle haut.

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