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GERONTE le repouffant encore. Doucement, vous dis-je.

LEANDRE.

Quoi, vous me refufez, mon pere, de vous exprimer mon transport par mes embraffemens GERONTE.

Oui, nous avons quelque chofe à démeûler epfemble.

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Tenez-vous, que je vous voye en face.

Comment

LEANDRE.

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Qui. Qu'avez-vous fait pendant mon absence?

LEANDRE.

Que voulez-vous, mon pere, que j'aye fait ?
GERONTE.

Ce n'eft pas moi qui veux que vous ayez fait, mais qui demande ce que c'est que vous avez fait.

LEANDRE.

Moy, je n'ay fait aucune chofe dont vous ayez lieu de vous plaindre.

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GERONTE:

Vous cftes bien refolu.

LEANDRE.

C'eft que je fuis feur de mon innocence,
GERONTE.

Scapin pourtant à dit de vos nouvelles.

Scapin?

LEANDRE.

GERONT E.

Áh, ah, ce mot vous fait rougir.

LEANDRE.

Il vous a dit quelque chofe de moy
GERÖNTE,

Ce lieu n'eft pas tout-à-fait propre à vuider cette affaire, & nous allons l'examiner ailleurs, Qu'on se rende au logis. J'y vais revenir tout-à l'heure. Ah, traitre, s'il faut que tu me des- honore, je te renonce pour mon fils, & tu peux bien pour jamais te refoudre à fuïr de ma prefence.

***********:*:*:*

SCENE III.

OCTAVE, SCAPIN, LEANDRE.

LEANDRE.

M& trahir de cette maniere ! Un Coquin, qui doit par cent raifons eftre le premier à cacher les chofes que je lui confie, eft le premier à les aller découvrir à mon pere. Ah! je jure le Ciel, que cette trahison ne demeurera pas impunie.

OCTAV B.

Mon cher Scapin, que ne dois-je point à tes foins! Que tu es un homme admirable! Et que le Ciel

m'eft favorable, de t'envoyer à mon fecours! LEANDRE.

Ah, ah, vous voilà. Je fuis ravy de vous trouver, Monfieur le coquin.

SCAPIN.

Monfieur, voftre ferviteur. C'eft trop d'honneur que vous me faites.

LEANDRE en mettant l'épée à la main. Vous faites le méchant plaisant. Ah! je vous apprendray....

SCAPIN fe mettant à genoux.

Monfieur.

OCTAVE fe mettant entre deux, pour empefcher Leandre de le frapper.

Ah, Leandre.

LEANDRE.

Non, Octave, ne me retenez point, je vous prie.

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De grace.

SCAPIN.

OCTAVE le retenant.

LEANDRE voulant frapper, Scapin. Laiffez moy contenter mon reffentiment.

OCTAV E.

Au nom de l'amitié, Leandre, ne le maltraitez

point.

SCAPIN.

Monfieur, que vous ay je fait ?

Ce

LEANDRE voulant le frapper. que tu m'as fait, traiftre ?

OCTAVE le retenant.

Eh doucement.

LEANDRE.

Non, Octave, je veux qu'il me confeffe lui-mefme tout à l'heure la perfidie qu'il m'a faite, Oui, coquin, je fçay le trait que tu m'as joué, on vient

de me l'apprendre, & tu ne croyois pas peut-eftre que l'on me dût reveler ce fecret: mais je veux en avoir la confeffion de ta propre bouche, ou je vay te paffer cette épée au travers du corps,

SCAPIN

Ah! Monfieur, auriez-vous bien ce cœur-là!

Parle donc.

LEANDRE.

SCAPIN.

Je vous ay fait quelque chofe, Monfieur?

LEANDRE.

Oui, coquin, & ta confcience ne te dit que trop

ce que c'eft.

SCAPIN.

Je vous affare que je l'ignore.

LEANDRE s'avançant pour le frapper.

Tu l'ignores! Ne

Leandre.

OCTAVE le retenant.

SCAPIN.

Hé bien, Monfieur, puifque vous le voulez,, je vous confeffe que j'ay beu avec mes amis ce petit quartot de vin d'Efpagne dont on vous fit prefent il y a quelques jours; & que c'eft moi qui fis une fente au tonneau, & répandis de l'eau autour, pour faire croire que le vin s'eftoit échappé.

LEANDRE.

C'eft toy, pendard, qui m'as beu mon vin d'Efpagne, & qui as efté cause que j'ay tant querellé la Servante, croyant que c'eftoit elle qui m'avoit fait le tour ?

SCAPIN.

Oui, Monfieur, je vous en demande pardon.
LEANDRE.

Je fuis bien-aife d'apprendre cela; mais ce n'eft pas l'affaire dont il eft queftion maintenant.

SCAPIN,

Ce n'eft pas cela, Monfieur ?

LEANDRE.

Non, c'eft une autre affaire qui me touche bien plus, & je veux que tu me la difes.

SCAPIN.

Monfieur, je ne me fouviens pas d'avoir fait autre

chose.

LEANDRE le voulant frapper.

Tu ne veux pas parler?

Eh!

Tout doux.

SCAPIN

OCTAVE le retenant.

SCAPIN.

Oui, Monfieur, il eft vray qu'il y a trois femaines que vous m'envoyaftes porter le foir, une petite Montre à la jeune Egyptienne que vous aimez. Je revins au Logis mes habits tout couverts de boue, & le vifage plein de fang, & vous dis que j'avois trouvé des voleurs qui m'avoient bien battu, & m'avoient dérobé la Montre. C'eftoit moi, Monfieur, qui l'avois retenuë.

LEANDRE.

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Oui, Monfieur, afin de voir quelle heure il eft. LEANDRE.

Ah, ah, j'apprend icy de jolies chofes, & j'ay un Serviteur fort fidelle vrayment. Mais ce n'eft pas encore cela que je demande.

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LEANDRE.

Non, Infame, c'est autre chose encore que je veux que tu me confeffes.

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