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tolique (1). Il en est de même du fameux ordre du jour qui nous paraît faux par le lieu de sa date, puisqu'il porte la rubrique de Rimnik, le 20 juin, tandis qu'Alexandre Hypsilantis se trouvait dès le 19, à trois heures après midi, réfugié à Kosia. On peut donc regarder cette pièce comme imposée, ou peut-être même supposée par la politique du cabinet autrichien. Car est-il croyable qu'Hypsilantis ait pu, de son plein gré, mentir impudemment à sa conscience, en rejetant sur d'autres des fautes qui étaient le résultat de son impéritie? Je sais que la lâcheté et la calomnie se servent souvent d'appui mutuel. Mais pourquoi cette pièce tarda-t-elle si long-temps à être connue? Pourquoi ne fut-elle publiée par l'Observateur Autrichien, qu'après la réclusion d'Hypsilantis dans le château de Montgatz? Voilà, je pense, une remarque qui milite en faveur d'un officier maintenant sans défense, pour l'absoudre d'un délit qu'il n'avait pas besoin d'accumuler sur sa tête afin de n'être plaint de personne.

On peut donc croire, sans l'affirmer, que l'ordre du jour daté de Rimnik est apocryphe, et ne le fût-il pas, il serait encore moins odieux que la conduite d'Udricky, chancelier du consul autrichien en Valachie (2). Frappé de l'aveuglement du ministre

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(1) Ce fait est une des premières violations du droit des que le tribunal Vémique de Mayence a depuis appliqué dans un sens plus étendu.

(2) « Chacun s'accorde à dire, ajoute M. Laurençon, auquel << j'emprunte une partie de ces détails, que le chancelier de l'a«gence d'Autriche en Valachie, le sieur Udricky, est seul cause

auquel il obéissait, il avait à son exemple oublié qu'un homme, quelque élevé qu'il soit en dignité, est souvent accablé sous le poids du despotisme qu'il édifie; tandis que la compassion est toujours la première des vertus, parce qu'elle contribue le plus puissamment au bonheur de l'humanité.

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<< des malheurs de Bukarest. Chaque jour, à chaque minute, on « venait s'informer près de lui de la marche des Turcs, et il renvoyait tout le monde tranquille, en assurant qu'ils étaient éloignés et n'avaient aucune envie de venir à Bukarest. Ce ne fut qu'au moment où ils entraient en ville qu'il annonça leur arrivée, <«< ce qui causa la perte de beaucoup d'individus qui, se fiant à << ses paroles trompeuses, étaient dans un état de sécurité par<«< faite. C'était dans le même but que cet agent envoyait cour<«<riers sur courriers à Milosck, chef des Serviens, pour empê<«< cher ce peuple de s'insurger; qu'il pressait sous main les pachas de Sylistria et de Rutchuk d'accourir en Valachie, pour «écraser au plus vite des rebelles. » ́— Nouvelles observations sur la Valachie, p. 124, n. 9. Paris, 1822.

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CHAPITRE III.

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Jacques Tombasis nommé Son serment. Proclamation adressée aux Hel

Armements maritimes des Grecs.

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La flotte grecque aborde à Ténos.

Cérémonie de

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l'insurrection. Psara. Son adhésion à l'Épanastasie.— L'amiral grec devant Chios. Proclamation qu'il adresse aux habitants. Refus qu'ils font d'y adhérer. Représailles exercées contre les Turcs. Massacres des Chrétiens dans l'Asie Mineure. - Charité recommandable des Psariens. Adresse des insurgés au clergé orthodoxe. — Ordre du jour. Pavillon grec; sa devise. Confédération des îles de l'Archipel; leurs préparatifs de défense. Mycone. — Enthousiasme de Modena Mavrogénie. Contingents en vaisseaux des Cyclades.

L'HOMME, que Pindare appelle le fils insensé et malheureux de la lumière, ne' s'élève jamais plus haut dans l'ordre social, que lorsqu'il se dévoue à la défense de sa patrie. C'est alors que les guerriers, qui peuvent se glorifier même dans leurs revers, parce qu'on ne commande pas à la fortune, devraient, à l'exemple des antiques héros de Sparte, sacrifier aux Muses avant de combattre, parce que les plus grandes actions, sans leur secours, seraient condamnées à un éternel oubli. Les Hydriotes avaient satisfait à ce devoir, en portant à la connaissance de l'Europe leur acte d'insurrection contre le seul gouvernement tyrannique, et par conséquent illégitime, existant au dix-neuvième siècle, quand

l'amirauté reçut, le 28 avril 1821, le serment du navarque Tombasis, conçu en ces termes :

(1) «Je jure au nom du vrai Dieu, protecteur << souverain de la justice, effroi des méchants et des << ennemis de sa loi, sur le livre sacré de ses évangiles; au nom de la liberté, par la régénération de << la patrie, en présence des capitaines d'Hydra, « de remplir les engagements suivants qui me sont imposés par le sénat.

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<<< J'accepte le titre provisoire d'archinavarque d'Hydra, pour la campagne décrétée d'après le suffrage unanime de mes concitoyens les capitaines, « et je promets de me comporter avec tout le pa<<< triotisme et l'ardeur dont je suis capable.

« Je promets d'obéir aux ordres du conseil, de « diriger les bâtiments qu'il m'a confiés partout où <«< il jugera convenable, de respecter à bord des <«< vaisseaux ennemis les propriétés de nos compa<< triotes, celle des Européens et même des Turcs, <<< lorsque ceux-ci amèneront leur pavillon sans op« poser de résistance. >>

Le lendemain de cette cérémonie, l'archinavarque Tombasis, ayant réuni à bord du Thémistocle les capitaines de l'escadre (2), leur communiqua les instructions du sénat, portant que, l'insurrection ayant pour but la conquête des droits imprescrip

(1) Précis des opérations de la flotte grecque, publié par Agrati. Paris, imprimerie de Trouvé, 1822.

(2) Ces capitaines étaient: Lazare Lalécos; Anastase Tchamados; Éleuthère Jean Gézoné; Jean Doutas; Démétrius Antoine Bycon; Lazare Papa Manuel; Jean D. Bulgari; Jean Gkélès.

tibles de la Grèce, on devait s'appliquer à mériter le suffrage des nations civilisées de l'Europe, en respectant leurs priviléges. A ces fins, on déclarait

que

le pavillon neutre couvrait et défendait même les marchandises appartenant à l'ennemi : qu'il fallait, d'après ce principe, s'abstenir de visiter par force les vaisseaux marchands des puissances chrétiennes et de les molester, sauf le cas où, nolisés par

le

gouvernement turc, ils seraient chargés de munitions de guerre ou de soldats mahométans. Alors on devait s'opposer à leur navigation, s'emparer des munitions, en payant aux capitaines le nolis stipulé par leur contrat, et les obliger de reconduire les troupes ennemies embarquées sur leurs vaisseaux dans les échelles où ils les auraient reçues, sans permettre qu'elles fussent inquiétées.

Rien n'était plus loyal qu'un droit maritime énoncé de la sorte. L'amirauté de Spetzia, informée qu'un de ses capitaines, nommé Argyras Stémitziotis, avait capturé une goëlette autrichienne, chargée de soldats turcs destinés à combattre les Grecs, qu'il avait conduite à Ténos, résolut d'appliquer au capteur la décision que nous venons de rapporter. Le navarque Tombasis reçut en conséquence l'ordre d'ouvrir la campagne par le redressement de ce grief, en donnant satisfaction à qui de droit, sans réserve ni modification (1).

Le 2 mai, l'amiral ou archinavarque, ayant reçu

(1) Voy.le Précis des opérations de la flotte grecque, précité. Appendice, no v et v1.

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