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CHAPITRE VINGT-HUITIEME.

(SUITE.)

Balzac.

Le Figaro. Une prome-
Emmanuel Arago.

Rêve de quinze cents francs de rente. nade dans le quartier Latin. Premier luxe de Balzac, Ses contrastes. Aversion que lui portait Delatouche. Dîner et soirée fantastiques chez Balzac. --Jules Janin. Delatouche m'encourage et me paralyse. Indiana. C'est à tort qu'on a dit que c'était ma personne et mon histoire. La théorie du beau. - La théorie du vrai. Ce qu'en pensait Balzac. Ce qu'en pensent la critique et le public.

Quinze cents francs! m'écriai-je; mais si j'avais quinze cents francs à joindre à ma petite pension, je m'estimerais très riche, et je ne demanderais plus rien au ciel ni aux hommes, pas même une barbe!

Oh! reprit-il en riant, si vous n'avez pas plus d'ambition que cela, vous simplifiez la question. Ce ne sera pas encore la chose la plus facile du monde que de gagner quinze cents francs, mais c'est possible, si vous ne vous rebutez pas des commencemens.

Il lut un roman dont je ne me rappelle même plus le titre ni le sujet, car je l'ai brûlé peu de temps après. Il le trouva, avec raison, détestable. Cependant il me dit que je devais en savoir faire

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un meilleur, et que peut-être un jour j'en pourrais faire un bon. Mais il faut vivre pour connaître la vie, ajouta-t-il. Le roman, c'est la vie racontée avec art. Vous êtes une nature d'artiste, mais vous ignorez la réalité, vous êtes trop dans le rêve. Patientez avec le temps et l'expérience, et soyez tranquille: ces deux tristes conseilleurs viendront assez vite. Laissez-vous enseigner par la destinée et tâchez de rester poète. Vous n'avez pas autre chose à faire."

Cependant, comme il me voyait assez embarrassée de suffire à la vie matérielle, il m'offrit de me faire gagner quarante ou cinquante francs par mois si je pouvais m'employer à la rédaction de son petit journal. Pyat et Sandeau étaient déjà occupés à cette besogne; j'y fus associée un peu par-dessus le marché.

Delatouche avait acheté le Figaro, et il le faisait à peu près lui-même, au coin de son feu, en causant tantôt avec ses rédacteurs, tantôt avec les nombreuses visites qu'il recevait. Ces visites, quelquefois charmantes, quelquefois risibles, posaient un peu, sans s'en douter, pour le secrétariat respectable qui, retranché dans les petits coins de l'appartement, ne se faisait pas faute d'écouter et de critiquer.

J'avais ma petite table et mon petit tapis auprès de la cheminée; mais je n'étais pas très assidue à ce travail, auquel je n'entendais rien. Delatouche me prenait un peu au collet pour me

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