Images de page
PDF
ePub

au x siècle dans sa partie la plus ancienne, et de la main, dit-on, de saint Procope lui-même. Offert à l'église de Reims par le cardinal de Lorraine, il était jadis soigneusement conservé dans le trésor de la Cathédrale, et servait aux rois de France à prêter le serment solennel de leur sacre. Lors du récent voyage de l'empereur de Russie en France, on a tenu à lui présenter ce vénérable monument de l'ancienne littérature slave. Certain journaliste, emporté sans doute par l'ardeur de l'amitié franco-russe, a même été jusqu'à dire qu'on en avait fait don à notre auguste visiteur. C'est aller un peu vite en besogne; nous n'avons pas de ces générosités inconsidérées, et ce manuscrit est pour la ville de Reims une sorte de palladium qu'elle garde avec une jalouse sollicitude. Mais cette occasion a suggéré l'idée d'en faire un sorte de duplicata, une copie d'une rigoureuse exactitude qui pût, au besoin, tenir lieu de l'original et en conserver l'image fidèle, si par un cas fortuit il venait à être perdu ou détruit, quod absit! dirait-on dans les vieilles chartes. Ce projet avait été déjà conçu et réalisé, il y a une cinquantaine d'années, avec les ressources qu'offrait alors l'art lithographique; la publication avait été faite avec un grand luxe et un soin extrême, mais combien, pour la vérité et la précision, la comparaison est à l'avantage de la photographie! Quand on parcourt ces planches si nettes et si bien venues, on croit avoir sous les yeux le manuscrit original.

Leur auteur, M. Charlier, employé à la Bibliothèque de Reims, n'en est pas à son coup d'essai. Nos chartes, nos manuscrits et nos vieux livres, les statuettes et les bas-reliefs antiques de notre musée lui ont souvent fourni l'occasion d'exercer son talent. Grâce à lui, nous

pouvons profiter du concours si utile que la photographie prête aujourd'hui aux études archéologiques. L'Académie, pour encourager ses travaux, lui décerne une médaille d'or de 100 francs.

Elle se fait aussi un devoir et un plaisir d'accorder la même récompense à un artiste distingué de Reims, M. Wéry-Mennesson, auteur de la remarquable châsse de saint Remi qui a été inaugurée lors des fêtes du mois d'octobre dernier. Cette œuvre nous intéresse, car l'Académie y a collaboré en la personne de plusieurs de ses membres, qui ont cherché, à l'aide des documents conservés dans les archives de l'abbaye de Saint-Remi, à reconstituer la physionomie de l'ancienne châsse du xvi° siècle, détruite à la Révolution, assez exactement pour qu'elle pût servir de modèle. M. WéryMennesson l'a fort bien reproduite dans ses traits principaux, et la manière dont il l'a comprise et exécutée nous montre ce que peut le goût joint à une étude consciencieuse. Il est aussi depuis de longues années le graveur attitré de l'Académie. Certes, cette fonction ne comporte ni grands travaux ni commandes somptueuses. Notre modeste budget, j'en appelle à notre zélé trésorier, - ne nous permet pas de cultiver les arts et de marcher sur les traces de Mécène; mais, dans notre sphère assez modeste, nous avons pu juger le talent de M. Wéry et apprécier ses services. Nous sommes donc heureux de lui donner cette médaille d'or, en témoignage de notre gratitude.

[blocks in formation]

Les poésies adressées à l'Académie en vue du concours sont assez nombreuses trente-cinq environ. Mais la valeur n'est pas en rapport avec la quantité. Examinonsles rapidement et commençons par les réflexions générales.

Le concours est faible; peu de poèmes sont dignes d'être étudiés avec fruit. Quelques poésies sont gentiment tournées, correctes. D'autres offrent de la facture de convention, mais elles sont banales. D'autres manquent de naturel, d'objet et de sentiment. D'autres se traînent péniblement, offrant quelques beaux vers au sein d'une gangue stérile. Il faut chercher pour découvrir les perles que nous serons heureux de vous pré

senter.

Quelques poésies réunissent les qualités désirées; encore n'ont-elles pas l'importance, le souffle, l'envolée voulus. Aussi, la Commission leur a-t-elle accordé seulement la mention assez bien. Aucune œuvre ne nous a offert de mérite transcendant. Nous avons eu le regret

de ne pouvoir décerner pour les fables ou contes le prix Clicquot.

Notre très obligeant et très attentif Président de commission a classé les œuvres poétiques en plusieurs catégories pour faciliter la critique. Nous suivrons l'ordre méthodique qu'il nous a indiqué, et dans notre examen nous nous appuierons sur les notes que nous ont données nos collègues de la commission, auxquels nous adressons nos remerciements chaleureux pour les conseils accordés et destinés à soutenir notre inexpérience.

I. Pièces latines et traductions.

Dans un temps où les langues mortes sont délaissées, peut-être conviendrait-il d'accorder des récompenses aux poésies latines d'un réel mérite. Actuellement les règlements de l'Académie mettent hors concours les poésies latines.

Toutefois, les Hymnes en l'honneur de Mr Cortet, évêque de Troyes, adressés à l'Académie nous ont intéressé. Si la dédicace n'avait pas été inscrite sur l'œuvre, nous aurions été persuadé qu'ils avaient pour but la louange de qualités, l'admiration de vertus que nous apprécions et que nous reconnaissons en la personne de notre éminent prélat, notre très honoré Président d'honneur.

Ces strophes, écrites en latin, blesseront moins la modestie du Pasteur à qui nous en faisons volontiers l'application mentale.

Ces dithyrambes latins dédiés à Mer Cortet sont divisés en quatre parties:

« PrécédentContinuer »