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Qui naît aux derniers bruits du jour à son déclin,
Voyant de loin leur souffle et leurs bouches vermeilles,
Comme volent aux fleurs de joyeuses abeilles,
Viendront s'abattre en foule à leurs rideaux de lin!

O sommeil du berceau! prière de l'enfance!
Voix qui toujours caresse et qui jamais n'offense!
Douce religion qui s'égaye et qui rit!

Prélude du concert de la nuit solennelle !
Ainsi que l'oiseau met la tête sous son aile,
L'enfant dans la prière endort son jeune esprit.
Ma fille, va prier! - D'abord, surtout, pour celle
Qui berça tant de nuits ta couche qui chancelle,
Pour celle qui te prit jeune âme dans le ciel,

Et qui te mit au monde, et depuis, tendre mère,
Faisant pour toi deux parts dans cette vie amère,
Toujours a bu l'absinthe et t'a laissé le miel !

Puis ensuite pour moi.

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Dis pour toute prière :
Seigneur, Seigneur mon Dieu, vous êtes notre père;
Grâce, vous êtes bon! grâce, vous êtes grand!
Laisse aller ta parole où ton âme l'envoie:
Ne t'inquiète pas, toute chose a sa voie,
Ne t'inquiète pas du chemin qu'elle prend!

Il n'est rien ici-bas qui ne trouve sa pente;

Le fleuve jusqu'aux mers dans les plaines serpente;
L'abeille sait la fleur qui recèle le miel.

Toute aile vers son but incessamment retombe,
L'aigle vole au soleil, le vautour à la tombe,
L'hirondelle au printemps et la prière au ciel !
Lorsque pour moi vers Dieu ta voix s'est envolée,
Je suis comme l'esclave, assis dans la vallée,
Qui dépose sa charge aux bornes du chemin;
Je me sens plus léger; car ce fardeau de peine,
De fautes et d'erreurs qu'en gémissant je traîne,
Ta prière en chantant l'emporte dans sa main !

V. HUGO.

Jésus-Christ comparé aux autres fondateurs de religions.

Le premier et incomparable caractère du christianisme, c'est l'étendue, pour mieux de, l'immensité de son ambition morale. On a souvent mis l'œuvre morale chrétienne

en regard de celle des grands hommes qui ont aussi tenté de déterminer les lois morales de la vie humaine et d'assurer leur empire; on a comparé Jésus-Christ à Confucius, à Zoroastre, à Socrate, à Çakia-Mouni, à Mahomet. La comparaison est singulièrement inintelligente et superficielle.

Les plus sages, les plus illustres, les plus puissants des réformateurs moralistes n'ont entrepris et accompli que des œuvres très-limitées et très-incomplètes; tantôt ils se sont seulement appliqués à mettre en lumière les principes rationnels de la morale; tantôt ils ont donné à leurs seuls disciples des règles de conduite conformes à leurs principes rationnels; ils ont enseigné une doctrine ou établi une discipline; ils ont fondé des écoles ou des sectes. L'œuvre chrétienne a été tout autre. Jésus-Christ n'est pas un philosophe qui discute avec ses disciples et qui les instruise dans la science morale, ni un chef qui groupe autour de lui un certain nombre d'adeptes en les soumettant à certaines règles spéciales qui les distinguent, les séparent même de la masse des hommes; Jésus-Christ n'expose pas une doctrine; il n'institue pas une discipline et n'organise pas une société particulière; il va droit au fond de l'âme humaine, de toute âme humaine; il met à découvert le mal moral de l'homme, de tout homme, et il commande avec autorité à ses disciples de le guérir, d'abord en eux-mêmes, puis dans tous les hommes : « Sauvez votre âme, car que servirait-il à un homme de gagner tout le monde s'il perdait son âme? » << Allez et instruisez toutes les nations. >>

Quel philosophe, quel réformateur a jamais conçu une ambition si vaste, et entrepris de résoudre si complétement, si universellement, le problème moral de la nature et de la destinée humaine?

Et cette ambition n'a pas été chimérique; l'œuvre chrétienne a été poursuivie et se poursuit dans le monde avec un progrès souvent traversé, interrompu, altéré, jamais arrêté sans retour. Et pendant les trois premiers siècles de l'entreprise, c'est au nom et avec les seules armes de la foi et de la liberté que l'œuvre chrétienne a commencé à conquérir l'homme et le monde. Et aujourd'hui, après dix-neuf siècles, en dépit des erreurs, des crimes et des maux qui s'y sont mêlés, c'est avec les mêmes armes et avec celles-là seulement, c'est au nom de la foi et de la liberté que, sous le coup de nouvelles et vives attaques, le christianisme reprend, dans l'ordre moral, le même travail et se promet de nouveaux succès GUIZOT.

CLASSE DE 30

20

L'Ange gardien.

Oh! qu'il est beau cet esprit immortel,
Gardien sacré de notre destinée !

Des fleurs d'Éden sa tête est couronnée;
Il resplendit de l'éclat éternel.

Dès le berceau, sa voix mystérieuse
Des vœux confus d'une âme ambitieuse
Sait réprimer l'impétueuse ardeur,

Et d'âge en âge il nous guide au bonheur.

L'ENFANT.

Dans cette vie obscure à mes regards voilée,
Quel destin m'est promis? à quoi suis-je appelée ?
Avide d'un espoir qu'à peine j'entrevois,

Mon cœur voudrait franchir plus de jours à la fois? Si la nuit règne aux cieux, mon ardente insomnie ce cœur inquiet révèle son génie ;

Mes compagnes en vain m'appellent, et ma main
De la main qui l'attend s'éloigne avec dédain.

L'ANGE.

Crains, jeune enfant, la tristesse sauvage
Dont ton orgueil subit la vaine loi.

Loin de les fuir, cours aux jeux de ton âge;
Jouis des biens que le ciel fit pour toi;
Aux doux ébats de l'innocente joie
N'oppose plus un front triste et rêveur;
Sous l'œil de Dieu suis ta riante voie ;
Enfant, crois-moi, je conduis au bonheur.
Mme A. TASTU.

LISTE CHRONOLOGIQUE

DES

CLASSIQUES FRANÇAIS

CITÉS DANS LA COLLECTION COMPLÈTE DES MORCEAUX CHOISIS

AVERTISSEMENT.

La date d'après laquelle sont rangés les auteurs n'est point celle de leur naissance; mais celle de leur œuvre la plus importante, parce que c'est la date qui marque l'apogée de leur talent et de leur influence: par exemple, le Cid (1636) fixe la place de Corneille, L'Eloge funèbre du prince de Condé (1687) fixe la place de Bossuet.

Cette classification nouvelle a quelque chose d'instructif; elle rapproche en un même groupe tous les écrivains qui ont en même temps brillé et exercé leur action: elle met Corneille à côté de Balzac et de Descartes; elle unit Molière, La Fontaine, Boileau et Racine, comme ils ont été unis dans la vie et dans la gloire.

Les auteurs classiques sont ceux dont les pages méritent d'être mises sous les yeux de la jeunesse et proposées en modèles, soit à cause de l'importance et de l'élévation des doctrines, soit à cause des mérites du style. Mais il arrive souvent qu'un fragment littéraire se trouve classique, sans que ni les doctrines, ni le style habituel de l'auteur méritent d'être proposés à l'imitation; les appréciations sommaires dont les noms des écrivains sont accompagnés ont donc pour but de mettre les jeunes gens en garde contre la séduction de quelques beaux vers ou de quelques lignes éloquentes ou spirituelles. Dans ces appréciations, lá moralité est placée au premier rang des qualités littéraires : en effet, pour un chrétien de nos jours, plus encore que pour le divin Platon, le beau ne peut être que la splendeur du bien, A. P.

XVII SIÈCLE
ÉPOQUE DE RICHELIEU

(1610-1643)

12 vol. in-8°,

MALHERBE (1556-1628), poëte lyrique | HACHETTE, par M. Marty-Laveaux, st didactique de 1er ordre surnommé le tyran des mots et des syllabes. Ses principales œuvres sont les Odes et les Stances. Edition HACHETTE: par Lud. Lalanne, 5 vol. in-8°.

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ROTROU (1609-1650), poëte dramatique. Corneille l'appelait son père. · Ses tragédies principales sont : Cosroès, Venceslas. Ed. Viollet-LeDuc, 5 vol. in-8°. Paris, 1820. DESCARTES (1596-1650), philosophe et savant surnommé le Père de la philosophie françaisc. Son principal ouvrage est le Discours sur la méthode. OEuvres complètes par V. Cousin, 11 vol. in-8°, Paris, 1826.

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ÉPOQUE DE LOUIS XIV
(1643-1715)

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bert, 3 vol. in-8°.

MOLIÈRE (1622-1673), poěte comique de 1er ordre. Son esprit d'observation l'a fait surnommer le Contemplateur. Ses principaux chefsd'œuvre sont le Misanthrope, les Femmes savantes, l'Avare. Edition HACHETTE, par M. Despois, 10 vol. LA FONTAINE (1612-1695), počte didactique de 1er ordre, surnommé le Fabuliste. Ses principaux chefsd'œuvre sont les FABLES. Edition HACHETTE, par M. J. Girard, 8 vol. BOILEAU (1636-1711), poete didactique de ter ordre surnommé le Poëte de là raison. Ses principaux ouvrages sont les Satires, les Epitres, l'Art poétique, le Lutrin, la traduction du Traité du sublime de Longin. Edition HACHETTE par M. Jacquet.

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BOSSUET (1627-1704), orateur religieux, historien, théologien de fer ordre, surnommé l'Aigle de Meaux. Ses principaux chefs-d'œuvre sont : le Discours sur l'histoire universelle. -Le Traité Les Oraisons funèbres. de la connaissance de Dieu et de soimême.

BOURDALOUE (1632-1704), orateur religieux d'une grande force logique.

Son chef-d'œuvre est le Sermon sur la Passion. - · Edition de Paris, 3 vol. in-8°, 1834.

Mme DE SÉVIGNÉ (1627-1696). Ecrivain de 1er ordre, immortalisée par ses Lettres. Edition HACHETTE, par M. Monmerqué, 14 vol. in-8°.

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NICOLE (1625-1695), moraliste et théologien. Son principal ouvrage est Essais de morale. Choix des Essais, par M. de Sacy, 1 vol. in 16.

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