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Que les oiseaux des mers désertent le rivage,
Et que le voyageur attardé sur la plage,
Sentant passer la mort, se recommande à Dieu.

Poète, c'est ainsi que font les grands poètes.
Ils laissent s'égayer ceux qui vivent un temps;
Mais les festins humains qu'ils servent à leurs fêtes
Ressemblent la plupart à ceux des pélicans.

Alfred de Musset,

Poésies nouvelles, Paris, Charpentier et Fasquelle.

54. Chanson de Barberine

Beau chevalier qui partez pour la guerre,
Qu'allez-vous faire.

Si loin d'ici?

Voyez-vous pas que la nuit est profonde,
Et que le monde

N'est que souci?

Vous qui croyez qu'une amour délaissée
De la pensée
S'enfuit ainsi,

Hélas! hélas! chercheur de renommée,
Votre fumée

S'envole aussi.

Beau chevalier qui partez pour la guerre,
Qu'allez-vous faire

Si loin de nous ?

J'en vais pleurer, moi qui me laissais dire

Que mon sourire

Etait si doux.

Alfred de MUSSET,

Comédies et Proverbes, Paris, Charpentier et Fasquelle.

PASSY-RAMBEAU, Chrestom. franç., 3e éd.

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55. Sur une morte

[Dans le texte suivant, nous cherchons à donner une analyse plus fine de la prononciation et à noter l'accent musical. On remarquera la dévocalisation des voyelles et des consonnes vocaliques, causée par le chuche ou chuchotement, dans certaines syllabes avant une pause, vu, dit, vécu, lu1), et la fréquence des déplacements d'accent pour cause émotionnelle, ayant pour résultat deux syllabes fortes consécutives, dont la première est plus forte que la seconde. 2) - Sur ces déplacements 10 d'accent, voir un article de Jean PASSY dans Phonetische Studien, III, 1890, article reproduit en partie par Paul PASSY, Sons du français et Changements phonétiques, et par Johan STORM, Englische Philologie, 2e édition. La longueur des arrêts est indiquée par le nombre des virgules.3)]

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Elle était belle, si la Nuit

Qui dort dans la sombre chapelle
Où Michel-Ange a fait son lit
Immobile peut être belle.4)

Elle était bonne, s'il suffit

Qu'en passant la main s'ouvre et donne,
Sans que Dieu n'ait rien vu, rien dit:
Si l'or sans pitié fait l'aumône.

Elle pensait, si le vain bruit
D'une voix douce et cadencée,
Comme le ruisseau qui gémit,
Peut faire croire à la pensée.

Elle priait, si deux beaux yeux,
Tantôt s'attachant à la terre,
Tantôt se levant vers les cieux,
Peuvent s'appeler la prière.

1) Voir l'Introduction, §§ 28 et 46.
2) Voir l'Introduction, §§ 72 et 56.

3) Voir l'Introduction, § 28.

4) Il s'agit d'une statue de Michel-Ange représentant la nuit.

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Elle aurait souri, si la fleur
Qui ne s'est point épanouie,
Pouvait s'ouvrir à la fraîcheur
Du vent qui passe et qui l'oublie.

Elle aurait pleuré, si sa main,
Sur son cœur froidement posée,
Eût jamais dans l'argile humain
Senti la céleste rosée.

Elle aurait aimé, si l'orgueil,
Pareil à la lampe inutile

Qu'on allume près d'un cercueil,
N'eût veillé sur son cœur stérile.

Elle est morte et n'a point vécu.
Elle faisait semblant de vivre.
De sa main est tombé le livre
Dans lequel elle n'a rien lu.

Alfred de MUSSET, Octobre 1842,

Poésies nouvelles, Paris, Charpentier et Fasquelle.

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56. Tristesse

J'ai perdu ma force et ma vie,
Et mes amis et ma gaîté;
J'ai perdu jusqu'à la fierté
Qui faisait croire à mon génie.

Quand j'ai connu la Vérité,

J'ai cru que c'était une amie;
Quand je l'ai conquise1) et sentie,
J'en étais déjà dégoûté.

1) Les éditions de cette poésie portent «comprise». Mais dans le manuscrit de l'auteur que j'ai eu sous les yeux, il y a «conquise». Y a-t-il eu faute d'impression non corrigée, ou au contraire correction épreuve? C'est ce que j'ignore. Jean PASSY.

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