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Ce qu'il faut tout d'abord, c'est de constituer les cadres phraséologiques dans lesquels entreront peu à peu les mots nouveaux; la base solide d'une étude linguistique sérieuse, c'est ce que Sweet appelle: «A thorough command of a limited number of words».

23. On le voit, la méthode que nous décrivons n'est pas autre chose que la systématisation de la méthode naturelle par laquelle chacun de nous apprend sa propre langue dans son enfance. Mais on comprend aussi qu'elle demande beaucoup de modifications proportionnées à l'âge des élèves. Ces modifications s'imposent au maître surtout lorsqu'il enseigne des adultes ou des enfants dont l'intelligence est déjà développée, et qui savent et même connaissent déjà assez bien leur langue maternelle.1)

Notions de phonétique française

24. L'alphabet et le système de transcription employés ici sont ceux de l'Association Phonétique et de son bulletin, presque universellement adoptés aujourd'hui par les phonéticiens de tous les pays. On trouvera le tableau général des signes avec une courte explication dans l'Exposé des principes de l'Association Phonétique, et des développements théoriques dans les Sons du français ou la Petite phonétique de Paul PASSY. Nous nous bornerons ici au strict nécessaire.")

1) Voir Paul PASSY, De la méthode directe, p. 9.

2) Nos Notions ne suffisent pas pour faire comprendre aux élèves toutes les particularités de la prononciation française et toutes les différences entre les systèmes phonétiques du français, de l'anglais et de l'allemand. Nous conseillons à nos lecteurs d'étudier, à côté de nos remarques, les Sons du français ou la Petite Phonétique comparée des principales langues européennes de P. Passy et, en même temps, la Kleine Phonetik des Deutschen, Englischen und Französischen de VIETOR ou les Elements of Phonetics, English, French and German de VIETOR-RIPPMANN, Mais le professeur qui se sert de la Chrestomathie dans ses classes, ne peut pas se passer d'une étude approfondie d'un ou de plusieurs des grands ouvrages mentionnés dans la bibliographie, pp. LV SS. En effet, il lui reste encore beaucoup à faire pour expliquer à ses élèves et leur faire reproduire correctement tous les phénomènes phonétiques que nous avons indiqués par des signes dans les textes. Notre livre doit l'aider dans son travail. Mais le succès dépend toujours de sa propre initiative et de sa propre capacité, et rien ne peut remplacer sa voix. La pratique et la théorie doivent aller ensemble dans l'enseignement phonétique: l'une ne vaut rien sans l'autre.

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25. Nous devons dire d'abord quel est le type linguistique, ou, si on veut, le dialecte [the standard], que nous avons choisi:

26. Pour le français, c'est le langage usuel de la classe cultivée de Paris, de l'Ile-de-France et des provinces environnantes. Ce qui nous a déterminés à ce choix, c'est l'importance de ce dialecte qui est d'ailleurs la continuation directe de l'ancien parler de l'Ile-de-France devenu notre langue nationale.1) C'est aussi qu'il est la langue maternelle de l'un de nous et celle que l'autre a acquise. Nous avons toutefois cherché à normaliser notre prononciation sur quelques points où nous l'avons crue en contradiction avec celle de la majorité. En outre, contrairement à la prononciation de la région parisienne où l'h est complètement muet), nous avons cru devoir l'indiquer à titre facultatif, c'est-à-dire en italiques. Nous recommandons aux élèves anglais et américains l'r du bout de la langue, complètement disparu chez les Parisiens de naissance, mais bien plus facile pour les Anglo-Saxons que l'r de la luette; il se trouve encore aux environs même de Paris et, nous le croyons, dans la plus grande partie de la France. On pourra comparer la prononciation figurée dans notre livre avec celle de chacun de nous dans nos articles du Maître Phonétique.

27. Dans les comparaisons que nous établissons plus loin. entre les sons français et anglais, nous avons pris pour type le langage de la classe éduquée du Sud de l'Angleterre. C'est là un pis aller: pour bien faire, il faudrait pouvoir dire à chaque élève quelle différence précise existe entre ses sons à lui et ceux de notre français. Nous savons en effet que dans l'immense étendue où on parle anglais, la prononciation varie d'une façon considérable. Il en est ainsi notamment dans l'Amérique, dont beaucoup d'habitants sont d'origine étrangère et souvent peu anglicisés au point de vue de la langue, même quand ils ont oublié celle de leurs parents. Mais la dialectologie anglaise n'est pas faite; et quoique plusieurs travaux remarquables aient paru sur l'anglais américain3) et sur le

1) KOSCHWITZ a donné dans l'introduction de ses Parlers Parisiens un intéressant historique de la prononciation du français littéraire.

2) L'h dit aspiré n'est, en Ile-de-France et dans beaucoup d'autres régions, qu'une façon d'indiquer que l'élision n'a pas lieu.

3) Entre autres les articles de GRANDGENT, avec les remarques de RAMBEAU dans les Neueren Sprachen, II, 1895.

langage du Nord de l'Angleterre1), nous croyons préférable de prendre pour norme, arbitraire mais commode, celui des dialectes anglais qui a fait l'objet des travaux les plus approfondis, surtout de la part de Sweet, Western et Miss Soames.

En comparant les sons français et allemands, nous avons suivi l'exemple de M. Vietor et choisi comme type de la langue allemande une variété du Bühnendeutsch, de la prononciation dramatique, telle qu'elle paraît dans la récitation de la bonne comédie et du drame écrit en prose. Cette prononciation représente à peu près le langage des gens cultivés du Nord et du centre de l'Allemagne, lorsqu'ils se donnent la peine de parler plus ou moins sans accent local. Elle se trouve sans doute dans un état assez stable partout où se rencontrent des représentants des différents pays formant l'Empire allemand, surtout dans la capitale et dans les Reichslande. Mais on peut encore dire aujourd'hui qu'en général, tous les Allemands gardent dans leur prononciation des traces très marquées du langage qu'ils ont appris dans leur enfance.

Il est nécessaire que chaque professeur digne de sa vocation étudie non seulement la phonétique du français, mais tout autant celle de sa propre langue telle qu'il la parle et que la parlent ses élèves. Il faut lui conseiller de faire bien attention aux particularités dialectales qui paraissent dans le langage naturel de ses élèves, et qui ne se trouvent pas dans la prononciation de l'anglais ou de l'allemand que nous considérons comme normale dans ce livre. Car si, comme nous l'avons posé en principe, l'étudiant tend à remplacer les sons de la langue étrangère par ceux qui lui sont familiers, il est nécessaire de connaître ceux-ci, afin de se rendre compte, dans chaque cas particulier, des obstacles à l'acquisition d'une prononciation correcte. 28. Nous donnons ci-dessous la liste de tous les signes employés dans ce livre. Les signes se suivent dans l'ordre. alphabétique, les modifications d'une lettre faisant suite à cette lettre elle-même. On a mis en regard les sons allemands, anglais et français les plus voisins, laissant une lacune là où il n'y a aucune équivalence. Il est bien entendu que nous ne voulons pas établir d'identité entre les sons mis en regard. Au contraire, s'ils sont rapprochés, c'est pour qu'on étudie, avec un soin particulier, les nuances qui les distinguent.

1) Voir LLOYD, Northern English, Phonetics, Grammar, Texts, 1899, Leipzig, Teubner.

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1) (è), en anglais et en allemand, est une voyelle brève et relâchée (wide), moins ouverte que (ɛ), plus ouverte que (e); voir aussi (ì), (ù) en anglais et en allemand, et (ò), (ø), (y) en allemand.

2) Pour le (è) français, intermédiaire entre (e) et (ɛ), en syllabe faible, p. e. (mèƒã) = (meƒã) méchant, (mè'sjø) = (me⋅sjø), (mɛsjø) messieurs, (lèzəm) = (lezɔm), (lɛzɔm) les hommes, voir § 41 et l'anecdote no 5 avec la note, p. 20.

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1) (h), le soi-disant «h aspiré», peut être omis partout où nous l'avons marqué dans nos textes. Il manque comme son normal au langage parisien, et il n'existe régulièrement que dans la prononciation de certaines provinces comme la Lorraine, la Normandie, la Gascogne, le Béarn. Voir Paul PASSY, Les Sons du français, § 216.

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