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EXTRAIT DU MONITEUR.

Du dimanche 7 mai 1815.

INTÉRIEUR.

Bordeaux, le 29 avril.

Les militaires appelés ces deux derniers jours à la préfecture pour être dirigés sur leurs corps respectifs, s'y sont présentés avec autant d'empressement que de gaîté. On les entendait dire en sortant du conseil d'examen : « Je pars, je vais » rejoindre mon régiment; je suis content. Nous » verrons si les étrangers vienndront nous faire >> la loi ! »

On a donné hier, à la demande du public, la représentation de Cinna: elle a été couverte d'applaudissemens; mais les transports ont redoublé dans la dernière scène du dernier acte. On a demandé et fait chanter ensuite la Lyonnaise; on a exigé la répétition du dernier couplet, qui a transporté tous les auditeurs. Les cris de vive l'Empereur! les bravos, les témoignages du plus yif enthousiasme étaient unanimes.

Vezoul, le 1er mai.

Les sentimens et la conduite de ce département sont également dignes d'éloges; tout y est animé du meilleur esprit, et bien disposé à tous les sacrifices

pour assurer l'indépendance de la France et la gloire de nos armes. Depuis la rentrée de S. M., ce département a fourni 500 enrôlemens volontaires; 2,000 militaires ont rejoint leurs drapeaux; 2,500 gardes nationaux sont en marche pour Besançon. Par-tout, des souscriptions volontaires ont lieu pour l'achat d'armes et pour l'habillement de la garde nationale, l'approvisionnement de la place de Besançon; tout marche avec une rapidité extrême, et s'exécute avec un dévouement sans bornes. Si l'étranger se présente, il sera vigoureusement reçu; nulle part S. M. ne peut compter de plus fidèles sujets et de plus intrépides défenseurs que dans le département de la Haute-Saône.

Le Puy, département de la Haute-Loire.

La tranquillité la plus parfaite règne dans ce département; l'arrivée du général Mouton Duvernet a répandu la joie et l'allégresse dans ce département, et principalement dans la ville du Puy, son pays natal. Aussi la population entière de cette · cité, ainsi que les gardes nationales, ont été à sa rencontre aux cris de vive l'Empereur!

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La garde nationale de cette ville, qui s'est toujours distinguée par son patriotisme, et qui est animée du meilleur esprit, a donné au général Duvernet et à tous les militaires de son étatmajor un festin splendide ou a régné la cordialité la plus franche et l'enthousiasme le plus unanime pour l'Empereur, et la prospérité de la France sous son règne.

Bourg, le 28 avril.

Les décrets de S. M., relatifs au rappel des mili

taires et à l'organisation de la garde nationale, s'exėcutent dans ce département avec une égale activité. Le conseil d'examen a commencé ses opérations le 24 de ce mois; dans les seules séances des 24, 25, 26 et 27, il a déclaré 993 militaires rentrés capables de servir, sur ce nombre 324 ont été déjà mis en

route.

L'organisation des gardes nationales présente le même caractère : le dévouement de celles de ce département justifie parfaitement les éloges que les ministres et le maréchal duc d'Albufera leur ont adressés à l'occasion de leur empressement à se lever et à marcher contre les insurgés du Midi.

Les comités d'arrondissement procédent avec persévérance à l'organisation des compagnies de grenadiers et de chasseurs; une foule de jeunes gens se présentent pour occuper des emplois d'officiers et sous-officiers; d'un autre côté, les militaires de tous grades, en réforme et en retraite, accourent à la voix du lieutenant-général baron de Saint-Clair, chargé de l'organisation des gardes nationales dans la 6 division, pour être organisés en corps sédentaires destinés à la garde des places fortes.

Guéret, le 27 avril.

Les opérations prescrites par le décret du 28 mars et qui ont pour objet le rappel des anciens militaires sont commencées depuis plusieurs jours dans ce dẻpartement. Déjà un premier départ a eu lieu aujourd'hui, et les détachemens ont été dirigés sur les régimens de l'armée auxquels ils étaient destinés.

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jour avec la plus grande célérité, et le 29 de nouveaux convois partiront de Guéret. La revue de départ des premiers détachemens passée hier au soir par M. le préfet et M. le maréchal-de-camp.commandant le département, a permis de juger plus particulièrement encore des sentimens de patriotisme qui animent les braves militaires appelés à reprendre ́ leurs places sous les aigles impériales. Les cris énergiquement prononcés de vive l'Empereur! ont prouvé que leur attachement et leur admiration pour l'auguste chef de l'Empire, se sont conservés purs et intacts dans leurs cœurs vraiment françeis.

Lille, le 3 mai.

AU NOM DE L'EMPEREUR.

Le lieutenant-général commandant en chef le premier corps d'observation et la 16 division. militaire, déclare les places de Boulogne, Calais, Gravelines, Dunkerque, Bergues, Lille, Douai, Valenciennes; Condé, le Quesnoy, Maubeuge et Avesnes en état de siège.

En conséqueuce, MM. les généraux commandant les places dénommées ci-dessus notifieront, aux autorités civiles la mise en état de siège, exerceront toute l'autorité qui leur est dévolue par les lois et réglemens militaires, et notamment par les chapitres er et 4 du titre 3 du décret du 24 décembre 1811, et prendront toutes les mesures convenables pour mettre les places dans le meilleur état possible de défense. Au quartier général à Lille, 2 mai 2814.

Le lieutenant-général commandant en chef »
Signé, D., comte D'ERLON.

Les prisons de Tournay sont encombrées de personnes arrêtéee pour avoir crié vive Napoléon! Un décret du souverain inflige pour ce genre de délit trois années de détention, précédées de six heures d'exposition.

Les fortifications de Tournay ont déjà coûté 1,200, 000 fr. On continue à y travailler.

Vannes, le 28 avril.

Dans un moment où la patrie réclame tous les sacrifices, on ne saurait trop faire connaître les grands actes de dévouement de la nature de ceux dont nous venons d'être les témoins.

M. le ci-devant marquis de Mintier de Léhélec, un des plus riches propriétaires du Morbihan, vient de donner un exemple éclatant de patriotisme qui n'a point étonné ceux qui connaissent son désintéressement, mais qui mérite d'être cité.

M. de Léhélec a fait porter hier à la mairie 150,000 f, et a écrit à M. le maire pour le prier d'employer cette somme à l'habillement, équipement et solde du premier bataillon qui partira pour aller combattre les ennemis de notre indépendance. Il prend en même. temps l'engagement de verser tous les mois, tant que durera la guerre, 5,000 fr. pour la même destination.

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La veille du jour de cette envoi, M. Léhélec, en prêtant, comme membre du conseil municipal, serment de fidélité à l'Empereur, déposa sur le bureau la croix de Saint-Louis et le brevet de maréchal-decamp qu'il avait reçu du Roi il y a cinq mois, et il se fit inscrire pour marcher comme simple volontaire à la première réquisition.

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