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Proclamation de S. M. le roi de Prusse.

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Lorsque dans le tems de danger j'appelai aux armes mon peuple, afin de combattre pour la liberté et l'indépendance de la patrie, toute la jeunesse se rassembla avec empressement autour des drapeaux, prête à se soumettre aux privations et aux fatigues auxquelles elle n'était pas accoutumée, et bien décidée d'aller même au- devant de la mort; à cette époque, la force du peuple mit avec intrépidité dans les rangs de mes braves soldats, et mes généraux conduisirent avec moi au combat une armée de héros qui se rendirent digues du nom de leurs pères comme héritiers de leur gloire. Ce fut ainsi que nous et nos alliés conquîmes, accompagnés de la Victoire, la capitale. de l'ennemi; nos drapeaux flottaient à Paris; Napoléon renonça à l'Empire, et la liberté était rendue à la patrie germanique, ainsi que la sûreté aux trônes, et l'espérance d'une paix durable au Monde.

Ces espérances ont disparu, il faut que la lutte recommence. Une conspiration perfide a ramené en France l'homme qui, pendant dix ans a répanda sur les peuples des malheurs infinis. Le peuple étonné n'a pas été à même de résister à ses partisans; il fait si peu de cas de son abdication, quoiqu'il l'eût dẻclarée un sacrifice volontaire, porté au bonheur et à la tranquillité de la France dans un temps où il était encore en possession d'une armée considérable, qu'il n'en fait de tout autre traité; il se trouve à la tête de soldats parjures qui veulent éterniser la guerre; l'Eu

rope est de nouveau menacée, elle ne peut pas souffrir sur le trône de France un chef qui a toujours proclamé la souveraineté universelle.

Aux armes donc encore une fois! la France ellemême a besoin de notre secours. Vous, braves Prussiens, entrerez dans une guerre nécessaire et juste; alliés avec vos anciens compagnons de victoire, renforcés par de nouveaux compagnons d'armes, avec moi, avec les princes de ma maison, avec les généraux qui vous ont déjà conduits à des victoires, la justice de la cause pour laquelle nous combattons nous garantit la victoire.

J'ai ordonné un armement général, qui sera exécuté dans tous mes Etats, en vertu de mon ordonnance du 3 septembre 1814. L'armée permanente va être complettée, les divisions des chasseurs seront formées et la landwerh sera assemblée. La jeunesse de la classe civilisée, à compter de l'âge de vingt ans accomplis, a le choix de servir dans le premier ban de la landwerh ou d'entrer dans le corps de chasseurs de l'armée.

Tout jeune homme depuis l'âge de 17 ans accomplis, peut joindre l'armée à son gré, pourvu qu'il en possède les forces physiques nécessaires. Je donnerai à cet égard une ordonnance particulière. Quant à l'organisation des corps individuels et de la landwerh, les autorités dans les diverses *provinces sont chargées de faire les publications qui y ont rapport.

C'est ainsi que nous entrerons encore une fois dans la carrière. Aux armes donc! avec Dieu pour

la tranquillité du Monde, pour l'ordre et la moralité, pour le Roi et la patrie!

Vienne, le 7 avril 1815.

Signé, FRÉDÉRIc-Guillaume.

ALLEMAGNE.

Aix-la-Chapelle, le 18 avril.

On a publié et affiché ici la proclamation suivante de S. M. prussienne :

Aux habitans des pays incorporés à la monarchie prussienne.

« En accédant à la résolution unanime des puissances assemblées en congrès, qui incorpore à mes Etats une partie considérable des provinces allemandes de la rive gauche du Rhin, je ne laissai pas de considérer la position dangereuse de ces frontières de l'Empire germanique, et l'obligation difficile de leur défense; mais la considération majeure de l'intérêt de toute la patrie allemande entraîna ma détermination. Ces pays primitivement allemands doivent rester réunis à l'Allemagne ; ils ne peuvent point appartenir à un autre territoire, auquel ils sont étrangers par le langage, les mœurs, les usages et les lois. Ils sont le boulevards de la liberté et de l'indépendance de l'Allemagne ; et la Prusse dont l'existence était fortement menacée depuis qu'ils avaient été perdus, a acquis à la fois le devoir et le droit de les protéger, et de veiller à leur conservation. Telle était ma pensée, et je n'oubliars point que j'associais à mes peuples un autre peuple de frères allemands, aussi fidèles que courageux,

qui aimera à partager tous les dangers pour maintenir sa liberté, comme eux et avec eux, dans des journées décisives. C'est ainsi que, plein de confiance en Dieu et dans la fidélité et le courage de mon peuple, j'ai pris possession de ces provinces rhénanes, et que je les ai réunies à la couronne de Prusse.

>> Et de cette manière, habitans de ces pays, je viens avec confiance parmi vous, je vous rends à votre propre patrie; à une ancienne dynastie allemande, et vous appelle Prussiens.

» Venez au-devant de moi avec un attachement sincère, fidèle et persévérant.

» Vous obéirez à des lois justes et douces. Votre religion, le bien le plus sacré de l'humanitė, sera respectée et protégée par moi; je tâcherai aussi d'améliorer la situation extérieure de ses ministres, afin qu'ils soutiennent la dignité de leur ministère.

» Je rétablirai l'instruction publique dont vos enfans ont besoin, et qui a été si fort négligée sous les oppressions du précédent gouvernement. J'erigerai parmi vous un siège épiscopal, une université, et des pépinières pour la formation de vos ecclésiastiques et de vos instituteurs.

» Je connais les sacrifices et les efforts que la prolongation de l'état de guerre vous a coûtés. Les conjonctures ne permettaient pas de les alléger plus qu'il n'a été fait; mais vous ne devez point oublier que la plus grande partie de ces charges provenait de votre incorporation antérieure à la France; que votre séparation de la France n'a pu

se faire sans les embarras et les désastres inévia tables de la guerre et qu'elle était nécessaire, si vous vouliez vous conserver et conserver vos enfans

allemands dans leur langage, dans leurs mœurs et

leurs sentimens.

» Au moyen d'une administration régulière, je maintiendrai et ranimerai l'industrie de vos cités et de vos hameaux; les changemens introduits dans les relations soustrairont à une partie de vos proproductions le débit qu'elles trouvaient jusqu'à présent. Dès que la paix sera parfaitement rétablie, je chercherai à ouvrir de nouvelles sources à votre industrie. Je ne vous accablerai point d'impôts. Les contributions seront réglées et arrêtées, de concert avec vous, d'après un plan universel qui sera projeté conjointement aussi pour le reste de mes Etats.

« La constitution militaire sera, comme dans toute ma monarchie, uniquement dirigée vers la défense de la patrie; et par l'organisation d'une milice provinciale j'épargnerai au pays, en temps de paix, les frais de l'entretien d'une plus grande armée subsistante. En temps de guerre, quiconque pourra porter les armes, devra les prendre.

» Je n'ai pas besoin de vous y appeler. Chacun de vous connaît ses devoirs envers la patrie et l'honneur.

» La guerre menace vos frontières. Pour l'éloigner, je vous demanderai sans doute des effo rts momentanés. Je choisirai dans votre sein une partie de mon armée active; je commanderai la milice provin

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