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qu'il paffa fort jeune en France, puifqu'il n'avoit que quinze ans, lorfque fes parents le OCTO.19. mirent fous la conduite de Saint Samfon, fon compatriote, qui étoit alors Evêque de Dole. Il fit de grands progrès dans la vertu, & fut attaché pendant quelques années, au fervice de l'Eglife de Dole. Ayant entendu un jour lire à la Meffe, ces paroles de l'Evangile : Celui qui ne renonce point à tout ce qu'il poffede, ne peut être mon difciple: il prit la réfolution de renoncer entierement au monde. Il étoit alors Diacre. Saint Samfon, après avoir approuvé fon deffein, le fit conduire à l'Abbaye de Taurac, où il prononça le vœu de fon engagement, en 554. Il choifit pour fon guide, un faint Religieux de la Communauté, nommé Guignolé ou Winwaloé, qu'on ne doit point confondre avec le faint Abbé de Landevenec qui portoit le même nom. Il l'affiftoit à la Meffe qu'il alloit célébrer trois fois la femaine dans une Chapelle qui étoit à une demi-lieue du Monaftere. Les Moines de Taurac furent difperfés vers l'an 560, par une irruption de François. Ils fe raffemblerent quelque-temps après, puifque Saint Guignolé mourut à Taurac (1). Quant à Saint Ethbin, il mena la vie érémitique, & alla depuis en Irlande, où il paffa vingt ans dans une cellule qu'il s'étoit conftruite au milieu d'un bois. L'austérité de fes jeûnes, & divers miracles, rendirent fon nom célebre. Il mourut dans la quatre-vingttroifieme année de fon âge, fur la fin du 6e. fiecle, le 19 Octobre, jour auquel il eft nommé dans le Martyrologe Romain.

( 1 ) Bolland. T. 4. Martii, p. 248, No 146

Voyez fa Vie dans Capgrave; & les Vies des SS. de Bretagne, par Lobineau, p. 16.

XX. JOUR D'OCTOBRE.

SAINT ARTEME.
MARTY R.

Voyez Théodoret, Hift. 1. 3. c. 18; la Chro nique Pafcale, p. 297, Ed. de du Cange; Julien l'Apoftat, Ep. 10; Ammien Marcellin, l. 15, c. 23; Fleury, l. 15, c. 23.

COMME P'Egypte étoit une contrée riche OCTO. 10.

& puiffante, & qu'elle fourniffoit en partie le bled dont la Ville de Rome avoit befoin Augufte n'en confia point le gouvernement à un Sénateur, comme il fe pratiquoit à l'égard des autres Provinces confidérables. Mais il voulut qu'au lieu d'un Proconful, elle eût pour Gouverneur un Chevalier Romain, qui avoit le titre de Préfet-Auguftal (a). Le comman dement des Troupes fut confié à un Officier qu'on appelloit Duc ou Général d'Egypte. Ar

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(á) V. Dion, l. 1; Ta-j que l'Egypte nourriffoit les cite, Annál, l. 2; Baronius, habitants de Rome quatre not. in Martyrol. 20 O. & mois de l'année 1 & qu'elle la Notitia dignit. Imper. Oc- fit paffer dans cette Ville, cid. c. 128, ap. Grav. Antiq. fous le regne d'Auguste Rom. T. 7. col. 1638. Il eft dit millions de boiffeaux Ro dans ce dernier Ouvrage mains de bled.

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teme fut honoré de cette derniere place fous le regne de Conftance. Avant lui, elle avoit OCTO. 20. été fucceffivement occupée par Lucius & par Sébastien.

Il est vrai qu'Arteme fe chargea fous Conftance, de commiffions qui le firent foupçonner d'être ennemi de Saint Athanafe. Mais on on a toujours penfé qu'il n'obéiffoit au Prince que par foibleffe. Au refte, il n'approuva jamais l'Héréfie. Son orthodoxie parut fur-tout avec éclat fous l'Empereur Julien. Théodoret, l'Auteur de la Chronique Pascale, & les anciens Calendriers Grecs, ne permettent pas d'en douter.

Les Païens d'Egypte l'ayant accufé d'avoir démoli leurs Temples, & brifé leurs Idoles Julien le fit comparoître devant lui à Antioche, en 362; & fur cette fimple accusation, ce Prince le condamna à perdre la tête mois de Juin de la même année. Les Grecs. l'honorent parmi ceux qu'ils appellent grands Martyrs.

au

· Arteme, engagé dans le fervice d'un Prince, Arien, étoit expofé au danger d'être précipité dans les flammes éternelles : mais Dieu' le fauva par fa main toute-puiffante, & lui fit remporter la couronne glorieufe du martyre. N'avons-nous pas nous-mêmes été mille fois expofés au danger de périr éternellement ? Quels doivent donc être nos fentiments pour la bonté infinie qui a veillé à notre confervation! Difons donc fouvent avec le Prophete Si le Seigneur n'eût fecouru mon ame, y a long-temps qu'elle feroit précipitée dans l'Enfer, Livrons-nous aux tranfports de la recon

il

noiffance la plus vive; implorons fans ceffe la miféricorde divine; prenons la réfolution de fervir Dieu avec toute la fidélité dont nous

ferons capables, afin que fa grace ne devien ne point infructueufe par notre malice.

LE MÊME JOU R.

SAINT BARSA BIAS,

А в в
ABBÉ,

ET SES COMPAGNONS

Martyrs en Perfe.

EUGENE, appellé A BAS par les Orientaux, A v A s par les Chaldéens (a), & que Şozomene appelle AONES par corruption étoit difciple du grand Saint Antoine. En parcourant l'Orient, il fonda près de Nifibe, un Monaftere nombreux dont il prit la conduite. Il en fortit de faintes colonies qui fe répandirent dans la Perfe, pays où il y avoit plufieurs Monafteres au quatrieme fiecle, comme nous l'apprenons de Théodoret (1), de BarEbræus, & des autres Ecrivains Syriens (2). On lit dans Sozomene, que les Moines dont il s'agit, étoient difciples d'Abas, qu'ils acheverent de convertir la Syrie, & que par leurs prédications ils firent briller le flambeau de Îa vraie Foi parmi les Perfes & les Sarrazins (3).

(a) C'est-à-dire, notre pere. | Orient. T. 3. p. 2.

(1) Philoth. C. 1.

(2) Ap. Jof, Affemani, Bibl,

(3) Sozomene, 1. 6. c. 34.

OCTO. 20.

Barfabias, l'un de ces Prédicateurs zélés, étoit Abbé en Perfe, & il avoit fous fa conduite OCTO, 20. dix Moines qu'il conduifoit avec foin dans les voies de la perfection. Il fut aifément remarqué par les ennemis de Jefus Chrift. Ayant été arrêté au commencement de la grande perfécution de Sapor, il fut cité devant le Gouverneur de la Province, & accufé de vouloir abolir en Perfe la Religion des Mages. On arrêta en même-temps fes dix Moines. Ils furent tous chargés de chaînes, & conduits dans la Ville d'Aftahara, près les ruines de Perfépolis, où le Gouverneur faifoit fa réfidence. Ce Juge inhumain inventa les fupplices les plus cruels pour les tourmenter. Il leur fit écrafer les genoux, caffer les jambes, couper les bras, les côtés & les oreilles; on les frappa ensuite rudement fur les yeux & fur le vifage. Enfin, le Gouverneur furieux de fe voir vaincu par leur courage, les condamna à être décapités. Les Martyrs allerent avec joie au lieu de l'exécution, en chantant des Hymnes & des Pfeaumes à la gloire du Seigneur. Ils etoient environnés d'une troupe de Soldats & de Bourreaux. Une multitude innombrable de Peuple les fuivoit auffi.

Le faint Abbé demandait à Dieu de voir aller dans le Ciel avant lui les ames qui avoient été confiées à fes foins ; & fa priere fut exaucée. Lorfqu'on commençoit l'exécution

un

Mage qui paffoit avec fa femme, fes deux enfants, & plufieurs domeftiques, s'arrêta en voyant le Peuple attroupé. Il fend la preffe, & s'avance pour être inftruit de ce qui fe paffoit. Il apperçoit le faint Abbé qui paroiffoit rempli de joie, qui chantoit les louanges de

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