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» core, Galiléen? Raffafie-toi de mon fang, » & glorifie-toi de m'avoir vaincu ». On le porta dans un Village voifin où il expira OCTO. 23. quelques heures après, le 26 Juin 363, felon l'Auteur des Actes de nos faints Martyrs, lequel ajoute Nous étions avec lui dans le Palais à Antioche, & en Perfe. Théodoret & Sozomene font du même fentiment. Mais on lit dans Philoftorge , que Julien adreffa les paroles que nous avons rapportées, au Soleil, le Dieu des Perfes, & qu'il mourut en blafphêmant fes propres Dieux.

De quelle horreur le pécheur n'eft-il pas faifi, quand la vengeance divine éclate fur lui, ou qu'il fe trouve dans les angoiffes de la mort! Enivré par la profpérité, il semble n'être occupé fur la terre, qu'à s'oublier luimême, S'il eft affez malheureux que de tomber dans l'infenfibilité, fes frayeurs n'en font que plus vives lorfqu'il eft réveillé de fa léthargie, & que le preftige qui l'éblouiffoit a difparu. Meurt-il dans cette infenfibilité fon désespoir n'en fera que plus affreux dans l'éternité. Pour le vrai Chrétien, il trouve en Dieu une confolation folide dans tous les événements; il met en lui fa confiance, que rien ne peut ébranler; il ne voit en tout que l'accompliffement de la volonté divine qu'il chérit, & à laquelle il s'abandonne fans craindre d'être confondu. Il a fans ceffe devant les yeux la toute puiffance, la bonté & la miféricorde du Seigneur ; il ne nomme fes perfections, il n'y penfe fans fe fentir pénétré d'amour & de joie. Une crainte filiale jointe à une fincere componêtion, anime &

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entretient fa confiance. Il invoque son Dieu fon Rédempteur, fon ami, fon protecteur; il le prie de déployer fa toute puiffance, qui ne fe manifefte jamais plus admirablement que dans le pardon des péchés; de faire paroître fa miféricorde, en lui infpirant les fentiments d'une fincere pénitence, & de difpofer tous les événements de la maniere la plus conforme à fa volonté, & pour la plus grande gloire de fon Nom adorable.

LE

MEME JOUR.

SAINT JEAN DE CAPISTRAN,

f

RELIGIEUX

DE L'ORDRE DE SAINT FRANÇOIS.

Tiré de la Vie du Saint, écrite par deux de fes difciples, Chriftophe de Varifo, & Gabriel de Verone; d'une lettre de fes Compagnons, laquelle contient la relation de fa mort, & eft adreffée au Cardinal Eneas Sylvius. V. Bonfinius, Dec. 3.1.7; Æneas Sylvius, Hift. Boëh. c. 65; & Defcript. Europa, c. 8; Gonzaga, in Auftriaca & Argentina Provincia, p. 451; le P. Henri Sédulius, Hift. Seraphica, Seu S. Fran. & aliorum SS. hujus Ordinis, 1611, fol. les Annates de Wading en 8 vol. Dufrenoy fe trompe en difant que le Catalogue des Ecrivains de l'Ordre de Saint François, par Wading, fait fon huitieme volume. Indépendamment de ce Catalogue il y a un huitieme volume des Annales, qui fue imprimé à Rome en 1654, & qui eft devenu fort rare.

L'An 1456.

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SAINT JEAN DE CAPISTRAN naquit dans la Ville de ce nom, en 1385. Son pere étoit un Gentilhomme d'Anjou, qui, ayant été fervir dans le Royaume de Naples, s'établit à Aquila, puis dans la petite Ville de Capistran qui en eft peu éloignée. Après avoir appris la langue latine dans fa patrie, le Saint alla étudier à Péroufe le Droit Civil & Canonique,

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& fut reçu Docteur avec beaucoup d'applaudiffement dans ces deux Facultés. Ses talents, joints à une fortune confidérable, le mirent en état de jouer un grand rôle ; & un des principaux habitants de cette Ville lui donna fa fille en mariage.

Les brouilleries furvenues en 1413, entre la Ville de Péroufe, & Ladiflas Roi de Naples, lui fournirent l'occafion de rendre fervice à fes compatriotes. On le chargea de négocier la paix ; & il eut lieu pendant quelque temps, de fe flatter de l'efpérance du fuccès. Cette négociation lui fit faire plufieurs voyages qui cependant ne produifirent pas l'effet qu'on s'en étoit d'abord promis. Ceux des habitants de la Ville qui avoient pris parti dans la querelle avec le plus d'ardeur, s'imaginerent que Jean trahiffoit fes concitoyens, & qu'il favorifoit fourdement le Roi de Naples, fon premier maître. On fe faifit de fa perfonne & on le renferma dans le Château de Bruffa à cinq milles de Péroufe. Il fouffrit beaucoup dans fa prison; on le chargea de chaînes pefantes, & on lui donna pour toute nourriture du pain & de l'eau. Se voyant abandonné du Roi Ladiflas lui-même, & connoiffant par fa propre expérience l'inftabilité des chofes humaines il fit de férieufes réflexions fur la néceffité de fe donner à Dieu, & en peu de temps il devint un homme nouveau. Comme la mort venoit de lui enlever fa femme, il réfolut de fe confacrer à la pénitence dans l'Ordre de Saint François. Il demanda fur-le-champ à y être admis: mais on refufa de lui donner l'habit, tant qu'il resteroit en prison. Impatient du moindre délai, il fe coupa les cheveux, &

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fit donner à fon vêtement la forme d'un habit
religieux. Lorsqu'il eût obtenu fa liberté, il
fe rendit à Capistran, pour vendre fes biens.
La moitié du prix de cette vente fut employée
à
payer
fa rançon
& l'autre fut donnée aux
Pauvres. De retour à Pérouse, il se retira
chez les Francifcains de Monte dans cette
Ville, en 1415. Il avoit alors trente ans. Le
Gardien le fit paffer par les plus rudes épreu-
ves pour s'affurer de fa vocation. Il exigea
même qu'il traversât les rues de Pérouse mon-
té sur un âne, avec un habit ridicule, & un
écriteau fur lequel on lifoit les noms de plu-
fieurs péchés griefs. C'étoit quelque chofe de
bien humiliant pour un homme qui avoit de
la naiffance & de la réputation. Mais la fer-
veur du Saint étoit fi grande, que cette humi-
liation ne lui couta rien. On le renvoya deux
fois du Couvent, & on ne l'y reçut qu'aux
conditions les plus dures. La maniere dont il
fupporta ces différentes épreuves, lui fit bien-
tôt remporter fur lui-même une victoire com-
plete. Il n'y eut plus rien dans la fuite qui lui
parût difficile. Une Confeffion générale pré-
céda la premiere Communion qu'il fit après
fa prife d'habit. Il paffa encore pour s'y pré-
parer, trois jours dans la priere & les larmes.

Après fa profeffion, il fe fit une loi de ne
plus faire qu'un repas par jour; feulement dans
les voyages longs & pénibles, il fe permettoit
le foir une légere collation. Il ne mangea point
de viande pendant trente - fix ans à moins
qu'il ne fût malade. Le Pape Eugene IV lui
ayant ordonné d'en manger un peu dans fa
vieilleffe, il le fit
il le fit par obéiffance; mais il en
prenoit en fi petite quantité, qu'on lui laiffa

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