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OCTO. 23.

main, il s'avance du côté de la riviere, qui rentre dans fon lit (a).

nommé

(a) Le nom de Saint Ro-figure du ferpent
main eft célebre en France,
à caufe du privilege dont l'E-
glife de Rouen eft en poffef-
fion, & qui confifte déli-
vrer tous les ans un crimi-
nel de la prison & de la mort,
le jour de l'Afcenfion. Deux
mois auparavant, le Chapi-
tre prévient les Juges de ne
condamner aucun criminel
jufqu'à ce temps-là: le jour
arrivé, il choifit le prifon-
nier destiné à jouir du privi-
lege. On le condamne à mort;
après quoi on le met en li-
berté. Il fe fait enfuite une
proceffion folennelle, à la-
quelle il affifte, portant la
Châffe de S. Romain. Le mê-
me jour, il entend deux ex-
hortations, & on lui déclare
qu'il a obtenu fa grace, en
l'honneur du faint Archevê-
que. Après la proceffion, on
chante une Meffe dans la
Cathédrale, quoi qu'il foit
ordinairement cinq à fix
heures du foir.

Gargouille, que l'on porte à la proceffion, paroît n'être à Rouen, comme dans quelques autres Villes qu'un fymbole repréfentatif de la victoire de Jefus-Chrift fur le Démon. La délivrance du prisonnier fera peut-être auffi, un emblême de la rédemption du genre humain par Jefus-Chrift.

Selon la tradition populaire, le privilege dont il s'agit, tire fon origine de ce que Saint Romain tua un horrible ferpent, avec l'aide d'un meurtrier qu'il avoit envoyé chercher en prifon. Mais on ne trouve aucune trace de ce fait dans les différentes Vies du Saint; & les écrits qui en font mention, ne montent point au-delà de la fin du quatorzieme fiecle. La

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Les Ducs de Normandie accorderent & maintinrent le privilege de la Cathédrale de Rouen, lequel fut auffi confirmé par plufieurs Rois de France. On l'appelle le privilege de la Fierte ou Chaffe de Saint Romain.

Sous nos Rois de la premiere race, plufieurs faints Evêques obtinrent quelquefois la permiffion de mettre les prifonniers en liberté. Il n'eft pas hors de vraifemblance que c'eft-là l'origine du privilege de l'Eglife de Rouen, qu'on fait remonter à Saint Romain. Quelques Modernes prétendent qu'il fut accordé en reconnoiffance de ce que la Ville avoit été délivrée par les prieres du Saint de l'inondation dont nous avons parlé. On a beaucoup écrit fur l'origine de ce privilege. Voyez la Defcription de la Haute Normandie, par D. Dupleffis, T. 2. 1760, in-4°.

Mais fi les miracles du faint Archevêque excitent notre admiration, fes éminentes ver- OCTO. 23. tus doivent encore plus particulierement fixer notre attention. Il macéroit fon corps par des aufterités continuelles ; & après avoir confacré les jours aux fonctions pénibles du miniftere, il donnoit les nuits à l'oraison. Il bannit par fon zele, le vice & la fuperftition; & il veilloit également au falut de fon ame, & à la fanctification de fon troupeau. Il y avoit treize ans qu'il gouvernoit fon Diocese, lorfque Dieu lui fit connoître qu'il approchoit de fa fin. Comme fa vie avoit été une préparation continuelle à la mort, il ne fut point effrayé de cet avertiffement; il redoubla de ferveur dans fes prieres, & d'austérité dans sa pénitence, afin de fe rendre encore plus digne de paroître devant Dieu. Il mourut le 23 d'Octobre 639, & eut S. Ouen pour fucceffeur. On l'enterra dans l'Eglife de S. Godard. l'un de fes prédéceffeurs; mais dans le onzieme fiecle, fon corps fut porté dans la Cathédrale. En 1179, Rotrou Archevêque de Rouen, fit faire une châffe plus riche que la premiere, & on y renferma le corps du Saint; c'eft celle que l'on connoît fous le nom de Fierte de S. Romain.

Voyez le Cointe, Annal. an. 626, 635, 638; le Gallia Chr. Nova, T. 1. p. 12; & la Vie du Saint, écrite en Vers léonins par un Eccléfiaftique ou un Moine de Rouen, avant le regne de Charlemagne : elle a été publiée par les PP. Martenne & Durand, Thefaur. Nov. Anecdot. p. 1651. Ce Poëme fut compofé d'après une Vie du faint Archevêque, qui étoit plus ancienne ( Rivet, Hift. Litt. de la

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Fr. T. 4.& Cont. T. 8, p. 376). Gérard Doyen OCTO. 23, de S. Médard de Soiffons, & Fulbert Archidiacre de Rouen, donnerent auffi la Vie de S. Romain, l'un dans le dixieme fiecle, & l'autre en 1091. C'est l'Ouvrage du fecond que Rigault a publié, avec des differtations & des notes. On doit y ajouter la préface donnée par Martenne.

SAINT SEVERIN,

VULGAIREMENT

SAINT SURIN,

EVÊQUE DE BORDEAU X.

SAINT SEVERIN vint à Bordeaux, des pays de l'Orient. Saint Amand, Evêque de cette Ville, & qui avoit fuccédé à S. Delphin, vers l'an 404, fut averti en fonge, d'aller au-devant de lui. Les deux Saints s'étant rencontrés, fe faluerent par leurs propres noms, quoiqu'ils ne fe fuffent jamais vus. Amand conduifit Séverin à la Maison Epifcopale. Lorfqu'il eût été plus à portée de connoître fes vertus, il l'obligea de prendre le Gouvernement de l'Eglife de Bordeaux, à fa place, & il ne fe confidéra plus que comme fon difciple. Séverin mourut quelques années après. On voulut alors qu'Amand reprit fon Siege, & il ne put réfifter aux inftances qu'on lui fit à cet égard. Les babitants du pays choifirent depuis S. Séverin pour leur Patron,

& ils réclamoient principalement fon interceffion dans les calamités publiques.

L'opinion de ceux qui confondent ce Saint, avec un autre S. Séverin Archevêque de Cologne, n'eft appuyée fur aucun fondement. Tout ce que nous favons de celui-ci, c'est qu'il connut par révélation la mort de Saint Grégoire de Tours, à l'heure même où ce faint Evêque entroit en poffeffion de la bienheureuse immortalité.

Voyez S. Grégoire de Tours, Mir. Marc. 1. 1. c. 4; de gloria confeff. c. 45; Baillet, & le Gallia Chr. Nova, T. 2. p. 789.

осто. 23.

OCTO. 24.

XXIV. JOUR D'OCTOBRE.

SAINT PROCLE,

ARCHEVÊQUE DE CONSTANTINOPLE.

Tiré des Ecrits du Saint; de Libérat, c. 10 de Socrate, l. 7. c. 28, 41, 45; de la Chronique Pafcale; de Marcellin, in Chron. Voyez Orfi, T. 13 & 14.

L'An 447.

SAINT PROCLE, né à Conftantino

ple, fut fait, fort jeune, Lecteur de l'Eglife de cette Ville. Les fonctions de cet Ordre ne l'empêcherent point de fuivre ses premieres études avec ardeur. Il fut quelque temps difciple de Saint Chryfoftôme, qui fe l'attacha en qualité de Secretaire. Atticus l'éleva fucceffivement au Diaconat & à la Prêtrife. Après la mort de cet Archevêque, on le ju gea digne de le remplacer; mais des confidérations particulieres firent donner la préférence à Sifinnius; celui-ci ordonna Procle Archevêque de Cyzique, Métropole de l'Hellefpont. Cette Ordination fut cependant fans fuite. Les habitants de Cyzique, qui ne vouloient point reconnoître la Juridiction de l'Archevêque de Conftantinople, refuferent de recevoir l'Evêque qu'il leur envoyoit, & choifirent pour Pasteur le Moine Dalmace.

Procle refta donc à Conftantinople, où

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