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jour, n'excédoit point le poids d'une livre. If quittoit fes Freres de temps en temps, pour vaquer plus librement à la priere & à la contemplation. On fe rendoit de toutes parts auprès de lui, afin de profiter de fes confeils & de fes inftructions. Ce qu'on lui offroit étoit employé au foulagement des malheureux.

,

Saint Grégoire, qui fuccéda à Saint Euphrone en 572, rapporte que, faifant la visite de fon Diocese, il fut vifité par le Serviteur de Dieu; mais que Sénoch , après l'avoir falué, fe retira fans vouloir manger. Notre Saint quitta depuis la folitude, pour aller voir fes parents. Mais ce voyage lui devint funefte; il laiffa entrer la préfomption dans fon ame, & il perdit l'efprit d'humilité, de mortification & de recueillement. Les avertiffements de Saint Grégoire de Tours le firent rentrer en lui-même. Il expia fa faute par une rude pénitence, que fon Evêque fut obligé de modérer. Il fe renferma plus étroitement que jamais, & réfolut de ne plus quitter fa cellule. Il recevoit cependant les Pauvres & les malades; & comme il étoit Prêtre alors, il les affiftoit également dans les befoins de l'ame & du corps. Dieu le favorifa du don des miracles. On lit dans Saint Grégoire de Tours l'hiftoire des prodiges qu'il opéra ; & cet Auteur eft d'autant plus digne de foi, qu'il avoit été témoin de la plupart des faits qu'il rapporte, & qu'il étoit à portée de vérifier les autres. Ayant été averti que Sénoch étoit malade, il accourut pour l'affifter dans fes derniers moments, mais il le trouva fans connoiffance. Il le vit expirer une heure après fon arrivée. Saint Sénoch étoit âgé de qua

rante

rante ans. On met fa mort en 579. Quoique fon culte foit fort ancien en France, il n'eft point nommé dans le Martyrologe Romain. OCTO. 24. Voyez Saint Grégoire de Tours, Vit. Patr.

c. 15...

SAINT MARTIN

ABBÉ DE VERTO U

en Bretagne.

CE Saint, qu'on appelle auffi S. Martin le
feul, naquit à Nantes en Bretagne, vers l'an
527. Quand le cours de fes études fut achevé,
il fe confacra au fervice de Dieu dans l'état
eccléfiaftique. Félix fon Evêque l'ordonna
Diacre, & le chargea de prêcher l'Evangi
le aux Idolâtres d'Herbadille, Ville fituée à
deux lieues de la Loire, du côté du Poitou,
& dans laquelle Jefus Chrift étoit encore pref
que entierement inconnu. Les travaux de
Martin y produifirent: peu de fruit
& on
ne lui répondit que par des railleries. La Ville
ayant été depuis abymée dans les eaux, on
regarda ce malheur comme un effet de la ven-
geance divine, qui puniffoit l'endurciffement
des habitants d'Herbadille. 1

Le Saint, vivement touché de la perte de
tant d'ames, craignit d'y avoir contribué;
& pour s'en punir, il fe bannit volontaire-
ment du pays. Il fit divers voyages en Eu-
rope pendant lefquels il eut beaucoup à
fouffrir. Il vifita les tombeaux des Martyrs
& obferva ce qu'il y avoit de plus parfait
Tome X.
Dd.

dans les Monafteres où il s'arrêta. De retour en Bretagne, il fe conftruifit un petit HermiOCTO. 24. tage, où plufieurs perfonnes pieuses vinrent fe mettre fous fa conduite. Bientôt après, il bâtit, pour loger fes difciples, un Monaf tere dans la forêt de Vertave, préfentement Vertou, à deux lieues de Nantes vers le Midi. La Regle qu'il y établit, étoit tirée des maximes des anciens Peres. Le fentiment de ceux qui penfent que cette Regle étoit celle du Mont-Caffin, ne paroît point appuyé fur des preuves affez folides. Le Monaftere de Vertou, qui a été long-temps célebre par la régularité qui s'y obfervoit, n'eft plus qu'un Prieuré, dépendant de l'Abbaye de S. Jouin de Marnes en Poitou.

Le Saint fit encore bâtir deux autres Monafte.

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res, l'un pour des hommes, & l'autre pour des femmes. Ils ont été détruits tous les deux, & il n'en refte plus que le Prieuré de S. George de Montaigu, qui dépend auffi de l'Abbaye de Saint Jouin. Saint Martin mourut le 24 Octobre vers l'an 601, & fut enterré à Vertou. On transporta depuis fon corps à S. Jouin où il ne fe trouve plus; ce qu'on attribue aux ravages des Huguenots. Il ne faut pas confondre ce Saint, avec un autre du même nom, qui fut Abbé de Saintes, & dont parle Grégoire de Tours, dans fon Livre de la gloire des Confeffeurs.

Voyez les deux Vies anonymes du Saint publiées par Mabillon, avec des remarques, Sec. 2. Ben. p. 372, & app. p. 681; Bulteau & Baillet.

~ X X V. JOUR D'OCTOBRE.

SAINT CRESPIN

ET SAINT CRESPINIEN

་་༢,་་

MARTYRS A SOISSONS.

Voyez Tillemont, T. 4.p. 461; Bofquet, Hift. Ecclef. Gallic. 1. 5. c. 156; le nouveau Bré viaire de Paris; Baillet; & M. le Moine, Hift. des Antiquités de la Ville de Soifons Paris, 177, T. 1. p. 154.

I

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V

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LES noms de Saint Crefpin & de Saint Crefpinien font très-célebres dans l'Eglife de OCTO 25. France. Ils vinrent de Rome, au milieu du troifieme fiecle, avec Saint Quentin & d'autres hommes apoftoliques, pour prêcher la Foi dans les Gaules. Arrives à Somffons, ils y fixerent leur demeure. Le jour, ils annon çoient Jefus Chrift, & la nuit ils travailloient à fe procurer de quoi fubfifter. On dit qu'ils choifirent la profeffion de Cordonnier, quor qu'ils fuffent l'un & l'autre d'une famille dif tinguée. On ajoute qu'ils étoient freres. Leurs inftructions, fortifiées par la fainteté de leur wie, convertirent un grand nombre d'Idolatres. Il y avoit plufieurs années qu'ils vivoient de la forte, lorfque l'Empereur Maximien Hercule vint dans la Gaule Belgique. Ce

OCTO. 25.

Prince auprès duquel on les avoit accufés, les fit arrêter, voulant s'attirer les bonnes graces de leurs accufateurs, & fatisfaire fon penchant naturel à la fuperftition & à la cruauté, il ordonna qu'ils fuffent conduits devant Rictius-Varus, ou Rictio-Vare, le plus implacable ennemi qu'eût alors le Chriftianifme. Rictio-Vare, d'abord Gouverneur de cette partie de la Gaule, étoit parvenu à la dignité de Préfet du Prétoire. On appliqua les deux Saints à de cruelles tortures qu'ils fouffrirent avec une conftance admirable. Enfin ils furent condamnés à perdre la tête, en 287(a). Ils font nommés dans les Martyrologes de Saint Jérôme, de Bede, de Florus,

(a) Saint Crefpin & Saint Crefpinien font Patrons de la, pieufe affociation des Freres Cordonniers. Elle a été CO établie par Henri Michel

S

comment ils avoient travaillé dans la vue de plaire à Dieu, & les moyens qu'ils avoient employés pour faire connoître Jefus Chrift. Il reffentoit Buch, communément appellé une vive douleur 9 toures le bon Henri. Ses parents é-les fois qu'il pensoit que les rolent de pauvres laboureurs perfonnes de fon état, & d'Erlon, dans le Duché de beaucoup d'autres artifans, Luxembourg. Il fe diftingua étoient mal inftruits de la Redés fon enfance, par fa fa-ligion; qu'ils vivoient dans "geffé & fapiété. Il prit, él'oubli de Dieu, & qu'ils étant encore fort jeune, la toient efclaves de leurs pafprofeffion de Cordonnier. Il fions Son zele lui infpira le fur s'y fanctifier par la pra- deffein de travailler à leur -tique des vertus chrétiennes.converfion. Il en engagea plu. 11 paffoit à l'Eglife les Di.fieurs à profiter des Inftruc manches & les jours de Fê- tions publiques, à fuir les te; & ils appliquoit fans ceffe à mortifier fes fens & fa volonté. Il prit pour modeles Saint Crefpin & Saint Crefpinien. Pendant fon travail, il les avoit toujours présents à l'efprit; il se rappelloit

compagnies dangereufes, à prier avec ferveur à fréquenter les Sacrements, à faire tous les jours des Actes de Foi, d'Efpérance, de Charité, & de Contrition ; en un mot à prendre tous les

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