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OCTO. 29.

XXIX JOUR D'OCTOBRE.

SAINT NARCISSE,
ÉVÊQUE DE JÉRUSALEM.

Voyez Eufebe, Hift. 1. 5. c. 12, 23, 25 ; 1.6. c. 9, 10, 11, 12; Saint Jérôme, de Viris illuftr. c. 73; Tillemont, T. 3.

Second fiecle.

NARCISSE vint au monde fur la fin

du premier fiecle, & il avoit près de quatrevingts ans lorsqu'on lui confia le gouvernement de l'Eglife de Jérufalem. Il fut le troifieme Evêque de cette Ville. En 195, il préfida avec Théo, phile de Céfarée en Palestine, à un Concile tenu relativement à la célébration de la Pâque, & dans lequel il fut décidé que cette fête fe célébreroit toujours un Dimanche, & non le jour où il étoit d'ufage de la célébrer chez les Juifs.

Nous lifons dans Eufebe, que de fon temps on confervoit encore la mémoire de plufieurs miracles opérés par le faint Evêque. Cet Hif torien rapporte le fuivant. Une année que l'huile manquoit pour les lampes de l'Eglife, la veille de Pâques, Narciffe ordonna à ceux qui avoient le foin de ces lampes, d'aller chercher de l'eau aux puits voifins, & de la Jui apporter ce qui fut fait. Il pria dévotement fur cette eau, & dit enfuite à ceux qui

la lui avoient présentée, de la mettre dans les lampes. On la vit fur-le-champ fe changer OCTO. 29. en huile, ce qui excita l'admiration des Fideles. On gardoit encore, du temps d'Eusebe, de cette huile miraculeufe.

La vénération que les Chrétiens de Jérusalem avoient pour ce faint Evêque, ne put le garantir de la malice des méchants. Trois fcélérats incorrigibles, que fon zele incommodoit, l'accuferent d'un crime atroce qu'Eufebe ne nomme point. Ils confirmerent leur calomnie par des ferments & des imprécations horribles. L'un dit qu'il vouloit périr par le feu, l'autre être couvert de lepre, & le troifieme perdre la vue, fi ce qu'ils avançoient n'étoit pas vrai. Ils ne purent cependant venir à bout de fe faire croire. Quelque temps après, ils éprouverent l'effet de la vengeance divine. Le feu ayant pris pendant la nuit à la maison du premier, il y fut brûlé avec toute fa famille. Le fecond fut couvert d'une lepre univerfelle. Le troisieme effrayé par ces exemples, avoua le complot & la calomnie ; il pleura fon péché avec des larmes fi continuelles & fi abondantes, qu'il en perdit la vue avant la mort.

Quoique cette calomnie n'eût fait aucune impreffion, Narciffe en parut cependant fort touché. Elle lui fervit au-moins de prétexte pour fuivre le défir qu'il avoit depuis longtemps de vivre dans la folitude. Comme il étoit impoffible de découvrir fa retraite, on lui donna Die pour fucceffeur. Le nouvel Evêque vécut peu, auffi bien que Germanion & Gorde qui le remplacerent fucceffivement. Après la mort de ce dernier, Narciffe

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reparut comme s'il fût forti du tombeau. Les Fideles, transportés de joie à la vue de leur Pasteur dont l'innocence avoit été fi vifiblement vengée, le conjurerent de reprendre le gouvernement de fon Diocese. Il fe rendit à leur demande. Mais fe fentant depuis accablé par les infirmités de la vieilleffe, il fit Saint Alexandre fon Coadjuteur (1). Cet exemple autorife les Coadjutoreries. Les Canons ne les permettent cependant que dans le cas où un Evêque ne feroit plus en état de remplir fes fonctions, à raifon de fon grand âge, d'une maladie incurable, ou de quelque autre empêchement de cette nature (2). S. Narciffe continua de fervir fon troupeau par fes prieres, par les exemples, & par de fréquentes exhortations à la paix & à l'unité. C'est cę que nous apprenons de Saint Alexandre luimême, dans fa lettre aux Arfinoïtes. Il y eft dit que notre Saint avoit alors environ 116 ans, Il eft nommé en ce jour dans le Martyrologe Romain.

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Les Pasteurs de la primitive Eglife, encore tout pénétrés de cet efprit qui avoit animé les Apôtres, en retraçoient les vertus dans toute leur conduite. C'étoit le même zele la même ferveur, le même détachement, le même amour pour Jefus-Chrift. Si nous air mons l'Eglife, & conféquemment fon divin époux, nous prierons fans ceffe pour fa gloire & fon accroiffement, Nous demanderons à

(1) Voyez fur Saint Alexan- | dans fes notes fur Saint Jérô
dre, le 18 Mars.
me de Vir. illuftr. c. 73. T.:
(2) V. Marianus.Victorius, p. 298. Ed, Paris, 1623.

A B B É. 489 Dieu des Pasteurs felon fon cœur, des Miniftres femblables à ceux qui parurent à la naiffance du Chriftianifme; & pour ne pas empêcher l'effet de leur zele, nous conformerons nos mœurs aux faintes maximes qu'ils nous enfeigneront; nous les écouterons avec docilité, nous les aimerons, nous les refpecterons; nous ne prêterons point l'oreille au langage des nouveautés profanes; leur foi fera la regle de la nôtre. Puiffent-ils revenir ces temps heureux où les Pafteurs & les Peuples n'avoient qu'un cœur & qu'une ame! où il n'y avoit point de diverfité dans la créance, où les Fideles ne difputoient entre eux que de foumiffion à l'Eglife, & de zele pour leur fanctification!

LE MÊME JOUR.

SAINT CHEF,

ABBÉ A VIENNE EN DAUPHINÉ,

SAINT CHEF (4), issu d'une des meil

leures familles de Vienne en Dauphiné, se fentit intérieurement appellé par l'Esprit-Saint à quitter le monde. Après s'être exercé longtemps à la pratique des obfervances de la vie religieufe, il retourna dans fa patrie. Ses vertus attirerent auprès de lui un grand nombre de difciples. Il leur fit conftruire d'abord des

(«) En Latin Theuderius.

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cellules, & il fonda enfuite un Monaftere auprès de Vienne.

C'étoit anciennement l'ufage dans les Monafteres les plus réguliers, que le Religieux Hebdomadier, qui difoit la Meffe aux Freres, pafsât la femaine dans la retraite, uniquement occupé de la priere, de la contemplation, & des exercices d'une auftere pénitence (1). On vouloit par-là le mettre en état de célébrer plus dignement l'augufte facrifice, & de s'acquitter plus parfaitement de la fonction de médiateur entre Dieu & les hommes (a). Il y avoit une coutume particuliere à Vienne dans le fixieme fiecle. On choififfoit un Moine qui avoit une grande réputation de fainteté, & dont on efpéroit qu'il voudroit bien mener la vie d'un Reclus. Le choix fait, on le renfermoit dans une cellule, où, par une priere continuelle & par des jeûnes rigoureux, il imploroit la miféricorde divine pour lui & pour fon pays (b). On jera

&

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(1) Le P. le Brun, Explic. | & même plus fouvent, pour des Cérém. de la Meffe, Tr. les ames en particulier dont prélim. Rub. 1. p. 33 ; & prati- la conduite eft confiée à fes ques pour honorer les Sacrem. foins. Conc. Trid. Seff. 23.de prat. 28. Reform. c. 1; Gavantus, Do(a) Tout Prêtre exerce min. Soto, Bonacina; les cette fonction ; & il eft obli- réponfes de la Congrég. du gé, de droit divin, d'offrir Concile citées par Pasqualig, le Sacrifice & de prier tant qu. 851; Reiffenstuel, Barpour fes péchés, que pour bofa de Offic. Parochi, &c. ceux du Peuple, Hebr. V. .V. le Decret de Clément XIII 3. Chryf. de Sacerd. l. 6. p. 424; fur ce fujet. T. 1. Ed. Ben. Les Théologiens & les Canoniftes s'accordent à dire qu'un Curé eft tenu de célébrer la Meffe aumoins tous les Dimanches,

(b) Cette pratique auroit été fuperftitieufe, fi les Fideles comptant fur les prieres des autres, avoient négligé la priere & la pénitence.

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