VIES DES PERES, DES MARTYRS, ET DES AUTRES PRINCIPAUX SAINTS, Ouvrage traduit de l'Anglois. X. A VILLEFRANCHE-DE-ROUERGUE, A PARIS, Chez BARBO u, rue des Mathurins. M. D C C. LXXV. Avec Approbation & Privilege du Roi, VIERGE. Après les Confeffions de Saint Auguftin, l'Ou vrage le plus célebre en ce genre, fuivant Baillet eft la Vie de Sainte Thérefe. La Sainte l'écrivit elle-même; rien de plus authentique que fon travail. Elle y rend un compte fidele des principaux événements de fa vie, jufqu'au temps de la Réforme de fon Ordre, & elle y dévoile les graces extraordinaires dont le Ciel la favorifa pendant les trois premieres années de fon union intime avec Dieu. Cet Ouvrage ne s'étendoit d'abord que jufqu'en 1562, temps où elle avoit achevé de l'écrire: mais elle y ajouta dans la fuite, l'Hif toire de la fondation du Couvent d'Avila. Comme elle ne mourut qu'en 1582, ont eût ignoré tout ce qui concerne les vingt dernieres années de fa Vie, fi l'on n'avoit pas eu d'autre source où l'on put puifer. Heureufement elle laiffa par écrit l'hif toire de fes Fondations; & ce fecours a fourni d'excellents matériaux pour le refte de fon Hiftoire, aux deux dernieres années près. Le Recueil bien précieux de fes Lettres, publié par le favant Evêque Palafox, n'a pas peu contribué auffi à completter le récit d'une fi belle Vie. Enfin, les travaux du P. Ribéra Jéfuite, & celui de Didace Yepès, Evêque de Tarragone, Confeffeur de Philippe II, n'ont prefque rien laiffé à défirer fur cet objet. Le premier, avantageufement connu par fes Commentaires fur les douze petits Prophetes, fur l'Epitre. aux Hébreux, & fur l'Apocalypfe, avoit été longtemps fon Confeffeur. Il étoit fort en état d'écrire fa Vie, & il l'écrivit avec foin. Le fecond avoit eu part auffi à la confiance de Thérefe; car, outre qu'ils avoient fouvent converfé enfemble, ils avoient entretenu une correfpondance fuivie pendant quatorze ans. Nous avons encore fon Hiftoire de Sainte Therefe, compofée peu de temps après celle du P. Ribéra. Il feroit difficile de réunir plus de monuments propres à conftater les merveilles dont nous allons donner le précis. Tous ces Ouvrages. font en Espagnol; mais nous avons en notre Langue, trois traductions de la Vie de la Sainte écrite par elle-même. La premiere, qui parut en 1657, & qui eft la moins bonne, a le P. Cyprien pour Auteur. La feconde eft de M. Arnaud d'Andilly; elle fe reffent un peu de la vieilleffe de fon Auteur. Elle parut en 1670. L'Abbé Chanut en publia une beaucoup meilleure en 1691. M. de Villefore en a donné une de fa façon qui eft médiocre, 2 vol. in-12. M. Abraham Woodhead traduifit en Anglois tous les Ouvrages de la Sainte, à l'exception de fes Lettres, en 1669. L'An 1582. $1 I la Vie de Sainte Thérefe fait les délices des ames pieuses, c'eft bien moins pour les OCTO. 15. graces extraordinaires dont elle contient le détail, que pour la beauté des maximes dont elle eft remplie. Ces maximes en effet offrent à la piété les voies les plus fures pour tendre à la perfection; tout y refpire l'amour de l'humilité & de l'abandon de foi-même; tout y ramene à la pratique de l'oraifon, & aux exercices de la vie intérieure. Sainte Thérese naquit à Avila, dans l'ancienne Caftille, le 28 Mars 1515. Son pere, Alphonfe Sanchez de Cepede, étoit un des bons Gentilshommes du pays; & fa mere, Béatrix d'Ahumade, appartenoit auffi à une famille diftinguée. Alphonfe avoit déja eu trois enfants d'un premier mariage; Béatrix lui en donna neuf autres. Il eut en tout neuf garçons & trois filles, qu'il éleva dans les fentiments de la plus tendre piété. » Mon pere, dit Sainte Thérefe (1), ai- (1) Chap. I de fa Vie. |