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l'un des soixante-douze disciples de J. C. Cet endroit étoit situé au midi du fort d'Orodn, dans le petit canton de ce nom, dépendant du pays de Sisagan, compris dans la province de Siounie.

Étienne Orpélian fut à peine élevé sur le trône archiépiscopal de Siounie, qu'enorgueilli de la haute dignité qu'il occupoit et de la puissance de sa famille, il se conduisit, envers les évêques qui lui étoient subordonnés, avec la plus grande insolence, de sorte qu'il devint l'objet de la haine universelle. Cette conduite excita de grands troubles dans le pays. De tous les évêques Siouniens qui résidoient alors à Dathev, il y en eut deux, nommés Haïrabied et Jean, qui, dans toutes les occasions, se montrèrent les plus ardens antagonistes d'Étienne, et ne cessèrent de lui susciter des désagrémens, comme on pourra le voir dans l'histoire des Orpélians. Étienne fut même obligé d'avoir recours contre eux à la puissance d'Arghoun Khan, empereur des Mongols de Perse, qui le confirma dans sa dignité ecclésiastique par un iarlikh ou édit suprême. Le caractère dur et orgueilleux de l'archevêque n'étoit pas, à beaucoup près, la seule cause des divisions qui déchiroient alors l'église de Siounie. Depuis plusieurs siècles, la plus grande partie de l'Arménie avoit embrassé le monothélisme ou les erreurs d'Eutychès, et Étienne Orpélian étoit, à cette époque, l'un des plus chauds partisans des opinions de cet hérétique. C'étoit là peut-être une des raisons qui l'avoient empêché d'être choisi patriarche en Cilicie, parce qu'alors la doctrine de l'église catholique étoit professée par les rois Arméniens de ce pays, et qu'elle étoit adoptée par un grand nombre de membres du clergé. Quoique la plus grande partie de l'Arménie fût occupée par les sectateurs du monothé

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lisme, la for orthodoxe comptoit cependant encore un grand nombre de défenseurs dans ce pays, ce qui ne contribuoit pas peu à perpétuer et à augmenter les malheurs de ce royaume, continuellement ravagé par les armées des Grecs, des Géorgiens, des Arabes, des Persans et des Turks.

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Il paroît que les conquêtes que les rois de Géorgie firent dans l'Arménie pendant les XII. et XIII. siècles, contribuèrent puissamment à y ranimer le parti attaché à la doctrine orthodoxe et qui admettoit l'autorité du concile de Chalcédoine, rejetée par ses adversaires; aussi Étienne déplore-t-il avec amertume, dans un ouvrage dont nous parlerons bientôt, le triste état de ce qu'il appelle l'église orthodoxe. Voyez, dit-il, comment sont les membres les plus illustres » et les plus distingués de notre église ; ils languissent dévorés » par la faim: ils ont fait une chute dont ils ne se releveront jamais; ils sont privés des grâces du fils de Dieu. La » Cilicie toute entière est tombée, elle qui étoit le centre » de notre gloire : les grandes villes qui sont au pouvoir » des Romains, sont aussi dans l'erreur; bien plus, elle » s'étend jusque parmi nous; on la prêche publiquement » dans la ville royale de Téflis, dans Ani, l'antique résidence » des rois Pagratides, dans le pays de Schirag, jusque dans » Tavrej Schahasdan (Tébriz), et même dans beaucoup >> d'autres endroits. Qui d'entre les Arméniens est resté attaché » à la foi de ses pères! il n'y en a plus qu'un très-petit » nombre; encore sont-ils cachés dans quelques lieux obscurs. » O temps vraiment digne de pitié! nous qui sommes les » ministres de Dieu, nous transgressons ses commande» mens (1)! »

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(եւ) Ահա տեսէք զի գեղեցիկ եւ փառաւոր - անգամքն մերայն են,

En 1294, Étienne eut une occasion éclatante de manifester son attachement pour la doctrine de l'église d'Arménie: son rival, Grégoire d'Anazarbe, fut élevé au trône patriarcal de Sis, après Étienne IV, qui avoit succédé à Constantin II, et qui étoit mort prisonnier en Égypte. Grégoire VII ne cacha pas son penchant pour la doctrine et les rites de l'église Romaine, dont il fit profession publique. Aussitôt que les évêques de l'Arménie orientale en furent informés, ils convoquèrent un concile dans le pays de Siounie, où Étienne Orpélian se trouva avec son frère, le prince Éligoum, et son neveu Libarid. Tous les prélats assemblés rédigèrent une lettre très-vive adressée au patriarche Grégoire VII, pour l'engager à rentrer dans leur communion; mais celui-ci, qui avoit pris son parti, ne leur fit aucune réponse. Étienne Orpélian, qui étoit devenu son ennemi, depuis qu'il avoit été son concurrent pour occuper le siége patriarcal, lui envoya aussi une lettre particulière, remplie d'invectives et des reproches les plus durs (1). Ce fut après cela, en l'an 751 de l'ère Arménienne, 1302 de J. C., qu'il composa le petit ouvrage dont nous venons de rapporter un passage. Cet

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որ ախտացան սովին ախտիւս, եւ գլորեցան զանկանդնելի անկումն եւ զրկեցան ի մեծ շնորհաց որդւոյն աստռւծոյ: կիլիկիա բոլոր, որ տեղի էր մեր պարծանաց, յայս իսկ վայր անկեալ կայ եւ գլխաւոր քաղաքք, որ ի Հռոմք ի սոյն մոլորեալ են, եւ հատան մինչեւ մեղ։ Զի քարոզի այս յայտնապէս ի թադաւորական քաղաքն Տփխիս եւ ի հին տունն Բագրատունեացն Անի եւ ի Շիրակ նա եւ ի Դավրէժ Շահաստան, եւ յայլ բաղում` տելիս։ Ահա ՛ նայ Հայոց ՚ի հայրենի աւանդութե. միայն սինլքորք յանկեածս ուրեք: Աւաղ եւ եղուկ է զիս որոյ Ժամանակի եղաք սպասաւորք։ Բովանդակ անգամօք խեղացաք ՚ի պատուիրանաց տեառն: Apud Galanum, Conciliatio ecclesie Armenice cum Ronaná, tom. II, pars 11, p. 136.

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(1) Tchamtchéan, Hist. d'Arm. tom. III, p. 292.

écrit, appelé en arménien Qшph Dserhnarg [c'està-dire Manuel], est tout entier destiné à combattre la doctrine orthodoxe: il a été imprimé à Constantinople, et il jouit d'une grande estime parmi les Arméniens schismatiques. Nous n'en connoissons que quelques fragmens, rapportés par Galanus et par le Père Michel Tchamtchéan (1); il paroît renfermer des choses fort importantes, tant pour l'histoire ecclésiastique et civile de l'Arménie, que pour celle de la Géorgie et de l'Albanie. Nous ignorons la suite de la vie d'Étienne Orpélian; nous savons seulement qu'il mourut en l'an 753 de l'ère Arménienne, 1304 de J, C. Il eut pour successeur son neveu Jean, fils de Libarid, qu'il avoit élevé lui-même.

Outre l'ouvrage théologique dont nous venons de parler, Étienne Orpélian en a composé deux autres dont nous allons nous occuper. Le premier est un poëme, ou plutôt une élégie, sur les malheurs de l'Arménie, qu'il fit en l'an 748 de l'ère Arménienne, 1299 de J. C., à la prière d'un célèbre docteur de ses amis, qui étoit poëte lui-même, et se nommoit Khatchadour Getcharhatsi, du pays d'Ararad. Nous ne connoissons de ce poëme qu'un fragment relatif aux rois Arméniens de P'harisos, qui est cité dans l'Histoire d'Arménie de Tchamtchéan (2), et que nous allons rapporter ici, pour donner une idée de la poésie Arménienne; car, à l'exception d'un petit nombre de poëmes du même genre, on ne trouve presque en arménien que des pièces de vers qui roulent sur des sujets religieux. On verra, par ce fragment, que si cet ouvrage ne se distingue ni par la brillante imagination,

(1) Histoire d'Arménie, tom. II, p. 492, 494, 499, 537, 538 et 564. (2) Tome II, p. 1043.

ni par la richesse des idées de son auteur, il n'en seroit pas moins fort important pour l'histoire.

Après avoir parlé de la puissance de la race des Pagratides

et de la destruction de leur puissance, il dit :

Միւս ես այլ մեզ րզջահ լուցին,
դ տան աղաց Սիսականին •
Սմբատ սեպուհն այն մեծազգին,
՛ի Հայկազանցն այն առաջին.
ջոյ բազուկ Հայոց ազգին,
Րարձը եւ Հղօր անպարտելին.
Թագաւորեալ թագ կապեցին,
Ուժգին եւ խրոխտ ընդդեմ` չարին .
Աուրբք բազմօք ի յետ անցին,
Ընդ թագաւորս Րագրատունին:
Հարիւր եւ քսան ամք յաւելին,
վամն ամրութեան ամ` աշխարհին.
Որոց Սենեքարիմ վերջին,

ՙյաեւ Գրիգոր որդի նորին •
պա եւ զայս ՚ի բաց բարձին,
* Ժամանակս Էլաըկուզին.
Ազգն այլասեռ եւ Պարսկային,
Որք հրով զաշխարհս տոչորեցին.
դ վեց Հարիւր մեր թուականին,
իւ տան եւ Հինգ յաւելուածին •
չա սոքա այսպէս անցին,
նաւին ՛ի բաց եղծեալ գնացին •

« II brilla pour nous une autre lumière dans le

pays

de

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