Images de page
PDF
ePub

sies. Ce silence fait d'une assemblée électorale l'arène mystérieuse de mille basses perfidies, et dégrade le caractère national. Vous, qui vous croyez un peuple libre, comparez ce silence honteux aux suffrages publiquement demandés, et accordés par d'autres peuples, au milieu des reproches et des réponses que permet la plus entière liberté. Si les factieux, qui demandent en Angleterre le vote secret, parviennent à l'obtenir, le caractère politique des Anglais se dégradera, et leur constitution, ainsi dénaturée, périra violemment.

Lorsque je fus nommé, je prononçai ces paroles « Je ne vous promets pas seulement de « défendre la Constitution acceptée par le roi; « je vous promets encore de combattre de toutes «mes forces les opinions dangereuses qui mena«cent la France d'une subversion entière. » C'était là le serment de mon cœur, et je l'ai accompli religieusement.

Le directoire de Seine-et-Marne envoya plusieurs fois à l'Assemblée constituante des observations imprimées sur des matières qu'elle discutait. M. de Mirabeau, ayant fait sur les lois électorales une proposition qui nous parut dangereuse, je rédigeai une critique très-forte de cette proposition. Elle fut adoptée par le direc

toire, imprimée, et adressée à l'Assemblée souveraine. Je ne m'attendais pas que cet ouvrage, imprimé en 1790, serait la base d'une loi électorale que ma destinée me conduirait à présenter en 1816, vingt-six ans après, comme ministre de Louis XVIII. J'en parlerai dans le chapitre de mon ministère. Les réflexions que m'inspiraient les évènements dont j'étais témoin me suggérèrent, en 1790, les pensées qui se conservèrent et se fortifièrent dans mon esprit jusqu'en 1816.

[graphic]
[ocr errors][merged small][graphic][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed]

rogé par des commissaires de l'Assemblée constituante, et rétabli sur son trône, en jurant de maintenir la Constitution. Cette Assemblée était toute nouvelle, remplie d'avocats, de procureurs, d'hommes de lettres, de pretendus philosophes. Elle ne pouvait faire le bien; elle était destinée au mal, surtout par l'informe et ridicule loi fondamentale qu'elle était chargée de maintenir.

Beaucoup de membres de l'Assemblée consti-. tuante étaient revenus de leurs erreurs; s'ils ne s'étaient pas exclus eux-mêmes des élections, deux cents au moins d'entre eux auraient été réélus, et la seconde assemblée n'aurait été ni si folle, ni si atroce. Elle aurait eu en elle-même des éléments de salut pour la couronne et la famille royale. Trente ans après, quand nous faisons encore de nouvelles folies, nous ne pouvons concevoir cette fatale détermination de l'Assemblée constituante. Elle fut en partie l'ouvrage de la tourbe des hommes médiocres, certains de n'être pas réélus, et jaloux de ceux qui devaient

l'être.

Dès le premier jour de l'Assemblée législative, j'eus l'occasion de manifester mes sentiments dans la déplorable discussion sur la manière dont le roi serait recu le lendemain dans l'Assemblée. Je puis dire que je fis tout à coup changer la déter

47

[ocr errors]

mination probable de l'assemblée par des observations très-simples, et conformes aux moindres convenances. C'était un tumulte, un tapage, des cris, des trépignements qui durent apprendre à la France combien notre caractère national est propre aux discussions législatives, et que des folies et des fureurs allaient être les fruits immédiats des théories insensées de l'Assemblée constituante.

Dès ce premier jour, les royalistes portèrent les yeux sur moi; je fus le troisième président. M. de Pastoret, qui, par ses ouvrages et sa conduite, s'était acquis une grande réputation, fut le premier président.

Je m'honoré d'avoir été l'un des membres les plus zélés du côté droit. Des histoires écrites dans les temps du Directoire et du Consulat, lorsque la France avait encore le titre de république, n'ont pas montré le côté droit de cette Assemblée menacé sans cesse par les factieux, et soutenant toujours les principes de l'ordre social. Les royalistes de cette chambre étaient dans la situation la plus affreuse, obligés souvent de faire des concessions demandées les mi

par

nistres, mais jamais soutenus par eux. Souvent même leurs projets et leurs discours étaient contrariés par des maladresses ministérielles

« PrécédentContinuer »