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caiffe, & autres terminaifons femblables, c'eft-à-dire, en ais, aix, aie, aife, aiffe. Voici les autres cas où elle eft longue, & fufceptible de l'accent circonflexe.

AINE ef long dans chaîne, gaine, haîné, je traîne, traîner, traînée, &c. Il eft bref dans graine, &c.

AIR, AIRE, genéralement long, & par cette raifon n'a pas d'accent, la chair, une chaire, &c.

befoin

AIT, AITE, long dans il fait, il naît, il plaît, il repaît: & le faite mais il devient bref dans faire, au lieu qu'il demeure long dans plaire, naître, & repaître ; & il fe change en e muet dans je ferai, je ferais.

AITRE, toujours long, maître, traître, &c. mais cependant s'abrege quand le mot s'alonge, maitreffe, traitreffe, maitrife.

Au commencement des mots cette diphthongue eft communément breve, aide, 'aigle, &c. excepté dans aire & aife.

Dans les terminaifons en ail, aille ou aillon, l'I ne fervant qu'à mouiller la lettre 1, l'A conferve fon propre fon bref dans ail, comme mail, travail, bref ou long comme on l'a vu dans les deux autres, médaille, & bataille, médaillon & baillon."

La fauffe diphthongue AI fe confond quelquefois avec l'a fimple. Au lieu de douairiere, quelques-uns difent douariere, & au contraire glais, au lieu de glas. Mais le bon ufage ett pour douairiere & glas.

Lorfque l'A eft fuivi d'un I fans former diphthongue, on met fur cet I un tréma: Aïeul, Paien, Ifaïe.

L'A fuivi d'un O eft éclipfé par l'O, qui feul fe prononce: Ainfi on écrit Aorifte, Août, Saone; mais on prononce Orifte, Out, Sône.

Au contraire, fuivi de la voyele nafale O N, il éclipse l'O, & prend lui-même le fon nafal. Ainfi on écrit Laon, faon, paon; mais on prononce Lan, fan, pan. L'O demeure éclipfe dans les dérives: Laonais & paoneau; on prononce Lanois & paneau.

L'A fe joint avec U en diphthongue, ou plutôt en faulle diphthongue, ces deux voyeles reunies prenant le fon de 10 plus ou moins ouvert, plus ou moins long.

AU eft long quand il eft fuivi d'une fyllable feminine ou muete: aube, auge, aune, autre taupe, & autres. Il elt long dans les monofyllables ou dernieres fyllables,lorfqu'il eft frivi d'une confo equine fe prononce pas, haut, chaux, chaud, faux, echafaud, Bac i et bref dans Paul, où la confone fe prononce. I eft ief quand il eft firal: joyau, couteau, noyau, &c. Il eft douteux ou même bref quand il eft fuivi d'une fyllabe qui n'a pas l'E muet, aubade, audace, autone, auteur, augmenter, &c.

Si l'A ne doit pas fe joindre avec l'U qui le fuit, on met fur cet U le tréma: Archelaus, Capharnaum.

L'A fe joint encore avec Y grec, pris pour la valeur de deux I: & alors il eft bref dans Je paye, tu payes, il paye; Que je paye, que tu payes, qu'il paye. Il eft encore bref au piuriel à l'indicatif : Nous payons, vous payez, ils payent. Mais au fubjonèlir, il devient long dans les deux pre

mieres perfones, à caufe d'un troificme I qui furvient: Afin que nous payions que vous payiez: il redevient bref à la troifieme: qu'ils payent. On prononce donc à l'indicatif, pai-ions, pai iez, pai-ient: au fubjonctif, paii-ions, paii iez, pai-ient. Mais c'eil abufivement qu'on mettroit un Y comme autrefois dans Baye, Claye, Etaye, & autros femblables, où on ne prononce qu'un feul I,qui fait diphthongue avec I'A. On doit donc écrire, Baie, Claie, Etaie, & ainfi des autres, excepté Paye & Payement.

§. 3. De l'A fuivi des confones M & N.

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L'A prend un fon nafal en fe joignant aux confones M & N: am baffadeur, ancêtres mais il faut remarquer que pour exprimer ce fon nafal, on prend la lettre M avant le B, ambaffade, ambition; avant le P, amplifier, amputer: & avant le PH, amphibologie & amphithéâtre. Avant les autres confones, il prend la lettre N, Ancêtres, anche, andouille, anfractueux, ange, Anjou, ankylofe, anfe, antre, Anvers.

Si la lettre M eft doublée ou fuivie de la lettre N l' ne devient point nafal; mais en confervant le fon fimple qui lui eft propre, il devient bref: 4mmon, amnistie.

De même, fi la lettre N eft doublée, l'4 ne devient point nafal; mais il devient bref en confervant le fon qui lui eft propre : Annales, annonce, annulaire.

Le fon nafal de l'A fe confond avec le fon nafal de l'E: ambaffadeur, & Empereur; Anche, & Enchere: l'ufage & l'étymologic determinent dans ces cas équivoques: nous y reviendrons en parlant de la lettre E.

S. 4. De l'A employé dans les mots compofes.

Quand la lettre A entre dans la compofition des mots comme prépofition, elle a fouvent faic doubler la confone initiale du fimple: cet ufage nous eft venu du Latin: Ainfi on écrit, Accourir, accroître, annoter, apparoître, apporter, appofer, attirer; parce qu'ils font compofés de la prépofition à & des mots courir, croître, noter, peroître, porter, pofer, tirer; ou plutôt parce qu'ils vienent du Latin, accurrere, accrefcere,annotare, apparere, apportare, apponere, attrahere. Mais dans la prononciation on néglige fouvent ce doublement; delà vient qu'infenfiblement l'ufage permet de le négliger en écrivant, fur-tout dans les mots purement François, tels que adoucir, amener, avilir, ou qui étant même dérivés du Latin, ont été tellement francifés, qu'ils out même perdu la forme de leur étymologie: ainfi du Latin, Abbreviare, on a d'abord formé en François, Abbrevier, & abbreger; mais on prononce Abréger, & aujourd'hui l'ufage permet de l'écrire ainfi.

Ceci paroît mériter quelque détail: mais j'avertis que je négligerai communément les dérivés, parce qu'ordinairement ils fuivent leur racine.

с

Lifte de mots où le doublement, après la lettre A, vient de

l'étymologie.

Abbreviare, Abbréger. L'Académie écrit néanmoins Abréger. Elle écrit même auffi Abréviateur & Abréviation, quoique ces deux mots tienent plus immédiatement au Latin, Abbreviario. Abbreviator. Ainfi la railon d'ery mologie ne doit pas toujours prévaloir fur l'ufage de la prononciation. Accedere, Accéder. Accelerare, Accélérer. Acceptare, Accepter. Accidens, Accident. Accipere, Accepter. Acclamatio, Acclamation.

On peut remarquer que dans ces mots, ce n'efl pas un fimple doublement; parce que le fecond C fe prononce autrement que le premier, & par cette raifon il doit être confervé.

Ce mot eft plus Latin que François : on

prononce les deux C. Accommodare, Accommoder. Accredere, Accroire. Accrefcere, Accroître. Accumulare, Accumuler. Accurrere, Accourir.

Dans tous ces mots on néglige, ou du moins on fait peu fentir le doublement du C; & fi l'on y conserve les deux en écrivant, c'eft à caufe de l'éty. mologie, que l'Académie a néanmoins Accufer. négligée dans Abréger & fes dérivés. Addition. Ce mot eft plus Latin que François, on y prononce les deux D.

Accufare,

Additio,

Affection.

Affabilis, Affable.
Affectare, Affecter.
Affectio,
Affigere, Afficher.
Affiliare, Affilier.
Affirmare, Affirmer.

Affligere, Affliger.

Afluere, Afluer.

}

Ces mots font d'un ufage fi commun qu'on y fait peu fentir le doublement.

On y prononce les deux F.

On y fait peu fentir le doublement.

Aggravare, Aggraver. On y fait peu fentir le doublement. Aggregare, Aggreger. L'Académie écrit Agréger, Agrégé, Agrégation. Aggreffor, Aggreffeur. L'Académie écrit Agreffeur, Agreffion.

Allaudare, Allouer.

Allegare, Alléguer.

}

On y fait

Allevare, Alleger.

}

Allicere, Allecher.
Alligare, Allier.
Allufio, Allafion.

prononce les deux L.

Anneclere, Annexer.

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On y fait peu fentir le doublement.

Ce mot eft plus Latin que François on y

Annihilare, Annihiler. On y prononce les deux v.

Annotare, Annoter.

Annuntiare, Annoncer. On y fait peu fentir le doublement.

Apparare, Apprêter.

Apparere, Apparotire. On y fait peu fentir le doublement. Appellare, Appeler. L'Académie écrit Appeler, Appelant & Appelé: mais elle conferve Appellatif & Appellation; parce que ces deux noms étant beaucoup plus rares, on y conferve la prononciation des deux L, ainfi dont le doublement eft négligé des deux P, que dans les trois premiers mots.

Appendere,

Appendre.

Appendix,

Appendice.

On y fait peu fentir le doublement.

Appetitus,

Appétit.

Applaudere,

Applaudir.

Applicare,

Appliquer.

Apponere,

Appofer.

Apportare, Apporter.

Appreciare, Apprécier

Plus ces mots font ufités, moins on y fait fentir le doublement.

Apprehendere, Appréhender.

Approbare, Approuver,
Appropinquare, Approcher.

Approximatio, Approximation. On prononce les deux P, parce qu'il

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Attentare, Attenter.
Attenuare, Atténuer.
Atteftari, Attefter.
Attingere, Atteindre.
Attirer.

Attrahere,

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Le doublement fe fait plus ou moins fer tir dans ces mots, felon qu'ils font plus ou moins ufités : ainfi on prononce plus diftinctement les deux r dans attribut, attribution, attributif.

De ce détail il réfsulte 1°, Qu'il est difficile de donner des regles bien précifes fur ce donblement, qui dans la prononciation s'exprime plus ou moins, & que l'Académie même néglige de conferver dans certains mots : 2o, que plus les mots font ufités, plus le doublement fe

néglige dans la prononciation: 39, Que quand on le néglige dans la prononciation, on peut bien auffi le négliger en écrivant, comme 'Académie même le fait dans abreviation, agrégation, agreffion.

Lifte de mots où le doublement, n'étant point exigé par l'étymologie, eft négligé par l'Académie.

De Baiffer, Abaiffer. On pouroit y joindre abandoner, que quelBâtard, Abâtardir. ques-uns tirent de Bandon.

Battre,

Abattre. On peut remarquer que l'Académie écrit abatage & abatis, avec un feul T, ce qui conduit à écrire également abatement, abatures & abatre.

Bête,

Bon,

Abêtir.

Abonner & abonnir; ou aboner & abonir: car on n'y prononce qu'une N. Bord, Aborder. Borner, Aborner. Bouche, Aboucher. Bout, Aboutir. Breuvage, Abreuver. Brute,

Abrutir.

Cens, Acenfer.
Chaland, Achalander.
Chemin, Acheminer.

Ainfi l'Académie ne conferve pas un feul doublement du B: cela montre ce que l'on pouroit faire en pareil cas fur les autres lettres.

Dans ces trois mots, comme dans le fuivant, le doublement eft négligé, parce qu'il ne peut avoir lieu fans changer l'une des articulations.

Chopper, Achoppement, ou Choper & achopement: car on n'y prononce qu'un P.

Donner, Adonner, ou adoner: car on n'y prononce qu'une N.

Dos, Adoffer.

Doux, Adoucir.

1

Drener, Adreffer.

Droit, Adroit.

Ainfi l'Académie ne double point le D,

Pourquoi faudroit-ii doubler la lettres ?

Genouil, Agenouiller. On ne pouroit pas doubler fans changer l'ar

ticulation du G.

Grand, Agrandir,

Gré, Agréer.

Griffe, Agriffer, ou grife & agrifer: car on n'y prononce qu'une F. Guerre, Aguerrir. On n'y prononce qu'une R; mais on en écrit deux pour marquer l'étymologie tirée de Guerre & non de Guérir.

Guet,

Aguets. Ainfi l'Académie ne double point le G. Heurter, Aheurter. On ne pouroit pas doubler la lettre H. Jour, Ajourner.

Jutte, Ajuster. On ne pouroit pas doubler la lettre J.

Largue, Alarguer.
Ligne, Aligner.

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