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TRAITÉ

DE

VERSIFICATION FRANÇAISE

PAR

GUSTAVE WEIGAND,

DOCTEUR EN PHILOSOPHIE, PROFESSEUR AU COLLÉGE MODERNE DE BROMBERG,
MEMBRE CORRESPONDANT DE LA SOCIÉTÉ DE L'ÉTUDE DES LANGUES

MODERNES A BERLIN.

NOUVELLE ÉDITION REVUE ET AUGMENTÉE.

BROMBERG 1871.
LIBRAIRIE DE E. S. MITTLER (H. HEYFELDER).

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Préface de la première édition.

Voici ce qui m'a engagé à composer ce livre.

En étudiant le Traité de Versification française par Quicherat (Paris, 1850) le meilleur livre et en même temps le plus détaillé que je connaisse sur cette matière - j'ai cru m'apercevoir de quelques défectuosités. 1 Je trouve qu'il manque un peu d'ordre dans les détails. 2o Le chapitre du rhythme n'est traité que légèrement, et les règles sur la place de l'accent tonique ne sont pas suffisantes. J'ai tâché de les compléter en appelant à mon aide le petit livre de P. Ackermann (Traité de l'Accent appliqué à la théorie de la versification, Paris 1843), et j'ai fait du rhythme le principe du livre: ce qui a dû modifier la division de l'ouvrage et l'arrangement des parties. 3 Quicherat s'est peu occupé de l'école romantique du XIXe siècle dans son livre. J'ai assigné à ces poètes la place qu'ils peuvent réclamer. 40 Quicherat cite: Corn., Mol., etc. Chaque fois que cela m'a été possible, j'ai ajouté le nombre des actes et des scènes. De cette manière on peut examiner sans peine, si l'allégation est juste. Il arrive souvent qu'on veut lire ce qui suit ou ce qui précède. Il faut y renoncer quand le passage n'est marqué que du nom de l'auteur.

En comparant mon livre à celui de Quicherat, on verra facilement combien de fois j'ai complété les règles de ce dernier. Je laisse au lecteur à juger si j'ai eu raison de quitter çà et là la main de mon guide, et de suivre une autre route pour arriver au but.

Puisque j'ai osé traiter mon sujet en français, j'ai jugé à propos d'emprunter à Quicherat des définitions, des règles, des notices historiques qui m'ont paru justes et exactes. Bromberg, le 8 Octobre 1861.

Préface de la seconde édition.

Au mois d'août 1870, l'éditeur du Traité à cédé ses droits à la librairie que le titre indique. Le nouveau possesseur m'ayant demandé une nouvelle édition, j'ai cru, après avoir consulté làdessus mon calepin, pouvoir satisfaire ses vœux. En offrant donc au public cette édition augmentée d'une foule d'observations, je souhaite ardemment qu'elle soit recueillie par les critiques avec la même indulgence que la première. Autant que cela a été possible, j'ai tâché d'utiliser les avertissements de ces messieurs, et je profite de cette occasion pour leur en témoigner ma reconnaissance sincère. C'est le même sentiment qui me pousse à nommer ici le titre des ouvrages qui m'ont principalement fourni les matériaux des Additions:

1846.

Génin, Lexique comparé de la langue de Molière, Paris

Mätzner, Altfranzösische Lieder, Berlin, 1853.

Burguy, Grammaire de la langue d'oïl, Berlin, 1853-1856. Rochat, Étude sur le vers décasyllabe dans la poésie française au moyen âge (Lemcke, Jahrbuch für romanische und englische Literatur, Leipzig, 1870).

Bromberg, le 22 Mars 1871.

Weigand.

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Ce

Chap. I.

INTRODUCTION.

§. 1. Poésie. '{ Ja

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1

qui approche de son idéal, ce qui, par sa forme, représente une idée et ainsi, en quelque sorte, l'idée absolue, est beau. La beauté existe: 1) dans la nature, 2) dans l'imagination de l'homme, 3) dans les productions des artistes. Une partie des artistes travaillent en un matériel sensible à l'œil: les architectes, les sculpteurs, les peintres. Un autre art travaille pour l'oreille: c'est la musique. La poésie est l'art le plus parfait. Le poète s'adresse immédiatement à l'imagination de l'auditeur; il commande toutes les formes que l'architecte, le sculpteur, le peintre se partagent: voilà le caractère plastique de la poésie. En donnant une forme rhythmique à son langage, il se sert aussi des moyens à l'aide desquels la musique saisit l'homme: voilà le caractère musical de la poésie. Tout mouvement continu, soit celui des pieds en marchant, soit celui de la voix en parlant ou en chantant, tend à la périodicité. Les éléments du mouvement oral sont les instants, les coups détachés de la voix. Si, dans des intervalles égaux, un coup est toujours donné plus fort qu'un autre, dans la succession continue des instants (syllabes) on établit des moments, des groupes (pieds). Les coups forts sont les syllabes longues dans les langues anciennes, les, syllabes accentuées dans les langues modernes.

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