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huit ans, à dater du jour de l'échange des ratifications impériales. Les deux parties, avant l'expiration de ce terme, se concerteront, suivant l'état où seront les choses à cette époque, sur le renouvellement dudit traité.

ART. VI. La présent traité d'alliance défensive sera ratifié par les deux parties contractantes, et les ratifications en seront échangées à Constantinople dans le terme de deux mois ou plus tôt, si faire se peut. Le présent traité, contenant six articles, et auquel il sera mis la dernière main par l'échange des ratifications respectives, ayant été arrêté entre nous, nous l'avons signé et scellé de nos sceaux, en vertu de nos pleins pouvoirs, et délivré en échange contre un pareil, entre les mains des plénipotentiaires de la Sublime Porte Ottomane.

Fait à Constantinople, le 26 juin, l'an 1833.

Signé, comte A. ORLOFF.

A. BOUTENIEff.

Article additionnel du traité d'alliance conclu entre la Russie et la Turquie, le 8 juillet 1833.

En vertu d'une des clauses de l'art. 1er du traité patent d'alliance défensive conclu entre la Sublime Porte et la cour impériale de Russie, les deux hautes parties contractantes sont tenues de se prêter mutuellement des secours matériels et l'assistance la plus

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efficace pour la sûreté de leurs États respectifs. Néanmoins, comme S. M. l'empereur de toutes les Russies, voulant épargner à la Sublime Porte la charge et les embarras qui résulteraient pour elle de la prestation d'un secours matériel, ne demandera pas ce secours, si les circonstances mettaient la Sublime Porte Ottomane dans l'obligation de le fournir, la Sublime Porte, à la place du secours qu'elle doit prêter au besoin d'après le principe de réciprocité du traité patent, devrait borner son action, en faveur de la cour impériale de Russie, à fermer le détroit des Dardanelles, c'est-à-dire à ne permettre à aucun bâtiment étranger d'y entrer sous aucun prétexte quelconque.

Le présent article, séparé du traité, aura la même force et valeur, que s'il était inséré mot à mot dans le traité d'alliance défensive de ce jour.

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mm.

Supplément

AU CHAPITRE IV.

Vues des czars sur Constinople et sur les Indes, déjouée par le rétablissement de la Pologne.

La Moskovie, après s'être emparée, par le dernier partage, des plus belles et des plus vastes contrées de la Pologne, a senti tout d'un coup en elle une force suffisante pour développer son système politique dans deux directions différentes et également dangereuses pour l'Europe. Incorporée par nos provinces à cette partie du monde de laquelle notre nation la séparait de tout temps, elle commença à exercer, à la même époque, son influence sur l'Orient et l'Occident, ayant en vue la conquête de la Turquie européenne, et de toute la Slavonie jusqu'à l'Oder.

La Pologne de la Vistule, liée au Tzarat, étend l'influence de cet empire sur la Prusse et l'Autriche. En étendant cette influence sur la Prusse et sur l'Autriche, elle l'affermit en même temps dans toutes les cours du continent de l'Europe, par l'intermédiaire des terres slavonnes qui sont sous la domination prussienne et autrichienne. Voilà la première et la principale tendance du cabinet de Pétersbourg!

La Pologne de la Wilia, du Boug et du Dniéper, étend l'influence de la Moskovie sur la Porte Ottomane.

Celle-ci, dans les agressions ouvertes comme dans les médiations amicales des Moskovites, choses beaucoup plus dangereuses que la guerre même, a déjà éprouvé l'effet de notre chute, qui n'a précédé que de quelques moments la ruine complète de cet empire vermoulu. Voilà la seconde tendance du cabinet de Pétersbourg. Ces deux tendances associent l'intérêt de l'indépendance de la nation polonaise à toutes les questions européennes, et font notre cause universelle. Je tâcherai de déterminer ici plus en détail la dernière direction de la politique extérieure moskovite; d'abord, parce que l'insurrection nationale, envisagée sous ce point de vue, prendra tout de suite un autre caractère et une autre importance; et puis, parce que cette tendance oriento-méridionale n'a point été saisie jusqu'ici par les publicistes européens dans sa stricte et indissoluble liaison avec la Lithuanie, la Volhynie, la Podolie et l'Ukraine, provinces dont l'acquisition et la possession constituent surtout cette tendance oriento-méridionale.

Tous conviennent que de la Pologne indépendante, dans ses anciennes limites, dépendent l'avenir de la Slavonie, le sort de la civilisation européenne, enfin la liberté du centre et de l'occident de l'Europe; mais, si je ne me trompe, personne n'a encore dit avec précision que d'une Pologne ainsi constituée dépendent aussi les intérêts orientaux de l'Europe, ses intérêts commerciaux et matériels, aussi bien que ses plus grands intérêts politiques et moraux.

Figurons-nous la Moskovie (1) depuis les bords de la

(1) Dans le temps où la Pologne était indépendante, et dans ses

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