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L'Européen, que frappent ces paroles,
Servit des rois, suivit des conquérants;
Un peuple esclave encensait ces idoles :
Un peuple libre a des honneurs plus grands.
Hélas dit-il, et son œil sur les ondes

Semble chercher des bords lointains et chers:
Que la vertu rapproche les deux mondes !
Jours de triomphe, éclairez l'univers !

Béranger.

XLVI.

LA MARSELLAISE.

ALLONS, enfans de la patrie:
Le jour de gloire est arrivé
Contre nous de la tyrannie
L'étendard sanglant est levé.
Entendez-vous dans les campagnes
Mugir ces féroces soldats?

Ils viennent jusques dans vos bras,
Egorger vos fils, vos compagnes.

Aux armes, citoyens, formez vos bataillons,
Marchez; qu'un sang impur abreuve vos sillons :

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CHŒUR.

Aux armes, citoyens; formons nos bataillons;
Marchons ; qu'un sang impur abreuve nos sillons.

Que veut cette horde d'esclaves,
De traitres, de rois conjurés ?
Pour qui ces ignobles entraves,
Ces fers dès long-tems préparés ?-
Français, pour nous, ah! quel outrage!
Quels transports il doit exciter!

C'est nous qu'on ose menacer
De rendre à l'antique esclavage!

CHŒUR.-Aux armes, citoyens; &c.

Quoi! des cohortes étrangères
Feraient la loi dans nos foyers!
Quoi! ces phalanges mercenaires
Terrasseraient nos fiers guerriers !—
Grand Dieu! par des mains enchainées
Nos fronts sous le joug se plieraient !
De vils despotes deviendraient

Les maîtres de nos destinées!

CHŒUR.—Aux armes, citoyens; &c.

Tremblez, tyrans! et vous, perfides
L'opprobre de tous les partis;
Tremblez-vos projets parricides
Vont enfin recevoir leur prix.
Tout est soldats pour vous combattre :
S'ils tombent, nos jeunes héros
La France en produit de nouveaux,
Contre vous tous prêts à se battre.

CHŒUR.—Aux armes, citoyens ; &c.

Français, en guerriers magnanîmes,
Portez ou retenez vos coups;
Epargnez les tristes victimes
A regret s'armant contre vous ;-
Mais ces despotes sanguinaires.
Mais les complices de Bouillé-
Tous ces tigres qui, sans pitié,
Déchirent le sein de leur mère !

CHŒUR. -Aux armes, citoyens ; &c.

Amour sacré de la patrie,

Conduis, soutiens nos bras vengeurs :

Liberté, Liberté chérie,

Combats avec tes défenseurs.

Sous nos drapeaux, que la victoire

Accoure à tes mâles accens;

Que tes ennemis expirans,

Voient ta triomphe et notre gloire.

M

CHŒUR.-Aux armes, citoyens; &c.

M. Rouget de L'Isle.

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Lorsqu'aux yeux du peuple que J'aime
Je ceignis les fis éclatants,
Il applaudit au rang suprême,

Moins qu'aux charmes de mon printemps.
En vain la grandeur souveraine

M'attend chez le sombre Ecossais;
Je n'ai désiré d'être reine

Que pour régner sur des Français

Adieu, charmant pays de France,
Que je dois tant chérir!
Berceau de mon heureuse enfance
Adieu! te quitter c'est mourir.

L'amour, la gloire, le génie,

Ont trop enivré mes beaux jours;
Dans l'inculte Calédonie

De mon sort va changer le cours.
Helás! un présage terrible
Doit livrer mon cœur à l'effroi;
J'ai cru voir, dans un songe horrible,
Un échafaud dressé pour moi.

Adieu, charmant pays de France,
Que je dois tant chérir!
Berceau de mon heureuse enfance,
Adieu! te quitter c'est mourir.

France, du milieu des alarmes,
La noble fille des Stuarts,

Comme en ce jour qui voit ses larmes,
Vers toi tournera ses regards.
Mais, Dieu! le vaisseau trop rapide
Déjà vogue sous d'autres cieux
Et la nuit, dans son voile humide,
Dérobe tes bords à mes yeux!

Adieu, charmant pays de France,
Que je dois tant chérir!
Berceau de mon heureuse enfance,
Adieu! te quitter c'est mourir.

XLVIII.

LES SOUVENIRS DU PEUPLE.

On parlera de sa gloire

Sous le chaume bien long-temps.
L'humble toit, dans cinquante ans,
Ne connaîtra plus d'autre histoire.

Béranger.

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Quel beau jour pour vous, grand'mère! Quel beau jour pour vous!

Mais, quand la pauvre Champagne

Fut en proie aux étrangers,

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