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Sont convenues de faire la Déclaration suivante :

Les Puissances signataires ou adhérentes qui ont des possessions ou exercent des protectorats dans ledit Bassin conventionnel du Congo pourront, pour autant qu'une autorisation leur soit nécessaire à cette fin, y établir sur les marchandises importées des droits dont le tarif ne pourra dépasser un taux équivalent à 10 % de la valeur au port d'importation, à l'exception toutefois des spiritueux, qui sont régis par les dispositions du chapitre VI de l'Acte général de ce jour.

Après la signature dudit Acte général, une négociation sera ouverte entre les Puissances qui ont ratifié l'Acte général de Berlin ou qui y ont adhéré, à l'effet d'arrêter dans la limite maxima de 10 % de la valeur, les conditions du régime douanier à instituer dans le Bassin conventionnel du Congo.

Il reste néanmoins entendu :

1. Qu'aucun traitement différentiel ni droit de transit ne pourront être établis;

2. Que, dans l'application du régime douanier qui sera convenu, chaque Puissance s'attachera à simplifier, autant que possible, les formalités et à faciliter les opérations du commerce;

3. Que l'arrangement à résulter de la négociation prévue restera en vigueur pendant quinze ans à partir de la signature de la présente Déclaration.

A l'expiration de ce terme et à défaut d'un nouvel accord, les Puissances contractantes se retrouveront dans les conditions prévues par l'article 4 de l'Acte général de Berlin, la faculté d'imposer à un maximum de 10% les marchandises importées dans le Bassin conventionnel du Congo leur restant acquise.

TROISIÈME PARTIE

Le Système actuel

PAR

le Dr H. CHRIST-SOCIN

De la liberté commerciale, je ne parlerais même pas, si à la liberté commerciale n'était liée la liberté, la vie même des indigènes.

PIERRE MILLE

(L'enfer du Congo léopoldien, 1906).

TROISIÈME PARTIE

Le présent ou le système actuel

Introduction

C'est à la fois un inquiétant mystère et une profonde humiliation pour l'humanité, en un temps où le christianisme et la civilisation chrétienne achèvent leur glorieuse carrière, que de voir une fois encore, dans le Congo africain, s'amasser toutes les horreurs d'un passé impie, et d'y constater à quel degré de dépravation peut descendre un gouvernement uniquement inspiré par l'appât du gain, quelles iniquités on peut commettre au nom de la civilisation. Voici que, par suite de circonstances trop longtemps ignorées, une contrée aussi vaste que l'Europe-moins la Russie, la plus fertile du monde grâce à son réseau fluvial, peuplée d'environ quinze millions d'hommes, est tombée dans une misère qu'il n'est plus permis d'ignorer et dont n'autorisent à se désintéresser ni la distance ni une sécurité égoïste.

Nul n'ignore que, pendant des siècles, la malheureuse Afrique a exporté d'innombrables troupeaux d'esclaves dans toutes les colonies du monde. Nul n'ignore au prix de quels efforts

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l'Angleterre a aboli l'esclavage dans ses possessions coloniales et quelles luttes l'Amérique du Nord a eu à soutenir pour se délivrer de ce fléau.

Cependant, qui aurait pu prévoir que le roi d'un des Etats les plus cultivés de l'Europe fonderait au cœur de l'Afrique, à la dérobée et comme par dérision, un soi-disant Etat libre du Congo, où l'on ne se bornerait pas à rétablir l'esclavage, mais où se commettraient encore de pires abominations? Ce roi, c'est Léopold II, souverain de l'Etat libre du Congo et qui se trouve être en même temps roi des Belges.

Autrefois il y avait encore dans l'esclavage quelque chose de pour ainsi dire patriarcal; un maître d'esclaves avait tout intérêt à les bien traiter, afin de pouvoir plus longtemps profiter de leurs services: on ne saurait contester ce caractère à la << Domestical Institution » des Etats méridionaux de l'Amérique du Nord.

Mais au Congo un seul souci domine tout: livrer le plus rapidement possible les plus grandes quantités possibles de ce caoutchouc sur lequel repose toute notre industrie électrique. Là, toutes les formes de l'humanité, même les simples ménagements qu'on observe envers les animaux, sont considérés comme des faiblesses à l'égard des indigènes, on dirait presque inconnus. Là, ce sont les travaux forcés jusqu'au complet épuisement; c'est une tyrannie basée sur le meurtre

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