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chiens ne purent entamer. En même temps, chir. Suchet manœuvrait sur les derrières des Carra-Saint-Cyr, avec le reste de la réserve, dis- | Autrichiens, la fusillade allait commencer du côté putait à l'ennemi le village important de Castel- de nos troupes, quand un parlementaire vint Ceriolo. Cependant, au milieu de cette immense proposer une suspension d'armes qui fut accepplaine, l'armée reconnaît le premier consul, en- tée. Le même jour, 45 juin, une convention fut touré de son état-major et de deux cents grena- signée : Mélas remet aux Français les douze places diers à cheval, avec leurs bonnets à poil. Cet fortes de Tortone, Alexandrie, Milan, Turin, aspect rend aux troupes l'espoir de la victoire; la Pizzighitone, Arona, Plaisance, Coni, Ceva, Saconfiance renaît. Dejà Mélas, croyant la bataille vone, Gênes et Urbin; les Autrichiens sont chassés gagnée, était rentré dans Alexandrie, laissant à du Piémont, de Gênes et de la république cisalson chef d'état-major, le général Zach, le soin de pine, et rejetés derrière Mantoue. poursuivre les Français.

Tandis que la victoire couronnait ainsi nos soldats, des courriers de commerce apportaient à Paris la nouvelle de leur échec de la matinée. On croyait tout perdu, et déjà les partisans du 48 brumaire étaient dans la consternation. Les républicains, au contraire, crurent que le moment était favorable à la cause de la liberté : déjà ils se réunissaient chez Chénier, chez Sièyes, pour aviser aux moyens de sauver la patrie : ils avaient jeté les yeux sur Moreau, sur Lafayette, sur Carnot, pour réorganiser un gouvernement provisoire. Cependant, les plus timides furent d'avis de ne rien précipiter, et d'attendre les résultats de ce qu'on croyait une déroute. Le lendemain, de nouveaux courriers apportèrent la convention d'Alexandrie. « J'espère, écrivait le premier con» sul à ses collègues, Cambacérès et Lebrun, que

Tout à coup, vers trois heures de l'après-midi, on voit arriver les premiers régiments de Desaix. La bataille perdue par les Français n'est qu'une bataille d'attente. La véritable bataille va commencer. Bonaparte a pris de nouvelles dispositions; il a changé sa ligne de retraite. « Soldats, crie-t-il aux troupes de Victor, c'est assez re⚫ culer, marchons en avant; vous savez que je ⚫ couche toujours sur le champ de bataille. » Les fuyards se rallient, toute la cavalerie est massée en avant de San-Giuliano. Une colonne de six mille grenadiers hongrois s'avance sous le commandement de Zach comme pour consommer la défaite. Le premier cousul envoie l'ordre à Desaix de se précipiter sur elle avec sa division toute fraîche. Desaix marche à la tête de deux cents éclaireurs; mais une balle le frappe à la poitrine,» le peuple français sera content de son armée. »

et il tombe raide mort entre les bras du colonel Lebrun, aide-de-camp du premier consul.

Et, en effet, l'ivresse fut universelle à Paris; et les ennemis les plus acharnés du premier consul applaudirent aux succès du général vain

Cette mort double l'ardeur des troupes. A leur courage se joint la soif de la vengeance. Le géné-queur. ral Kellermann, à la tête de huit cents hommes de grosse cavalerie, charge les six mille grenadiers hongrois, les rompt, les disperse, les enveloppe et les fait prisonniers avec le général qui les commande. Lannes s'avance au pas de charge; plusieurs généraux l'imitent; le village de Marengo est repris; Carra-Saint-Cyr est aussi près que l'ennemi lui-même des ponts de la Bormida, l'infanterie et la cavalerie autrichiennes, pressées d'assurer leur retraite, encombrent ces ponts. Le désordre est parmi les Autrichiens; tout ce qui ne peut franchir la Bormida tombe au pouvoir des Français. L'action dura jusqu'à dix heures du soir. Il resta entre les mains des vainqueurs six mille prisonniers, huit drapeaux, vingt bouches à feu et une grande quantité de munitions. Bonaparte a dit de cette journée, et ce jugement le plus simple en est peut-être le meilleur : « Il y a eu deux batailles; j'ai perdu la première et ⚫ gagné la seconde. »

Le désespoir était dans l'armée autrichienne. Les Français rangés en bataille sur la rive de la Bormida ́n'attendaient que le jour pour la fran

La joie ne fut pas moins grande en Italie. Tous les patriotes de cette contrée sortirent des cachots de l'Autriche et entrèrent dans leur capitale aux cris de viva il liberatore dell' Italia! Le premier consul rouvrit l'université de Pavie et la dota convenablement. Les républiques cisalpine et ligurienne furent réorganisées. L'ordonnateur Petiet, qui avait été ministre de la guerre en France, remplit les fonctions de ministre de cette puissance près la première de ces républiques. Le même pouvoir fut délégué au général Jourdan près de la seconde; Masséna fut nommé général en chef de l'armée d'Italie. Partout l'oubli du passé fut recommandé. Les amis de la liberté se rallièrent autour du vainqueur. Ce furent, à Milan, les Aldini, Paradisi, Visconti, Sommariva, Birago, l'évêque de Pavie, Scarpa, Grégoire Fontana, Marescalchi et Mascheroni; en Piémont, les Bossi, Botta, Giuglio; à Gênes, enfin, les Rossi, Serra, Carbonara, Corvetto, Durazzo et Solari. Leurs démonstrations, du reste, n'étaient pas toujours franches; et, si en public Bonaparte était un dieu pour eux, en secret ils ne lui mé

nageaient pas les épithètes d'aristocrate et même de tyran.

Les affaires de la république française réclamaient sa présence. Il part de Milan le 24 juin, passe à Turin, ne s'y arrête que deux heures pour visiter la citadelle, traverse le Mont-Cenis, arrive à Lyon, pose la première pierre de la place Bellecour, et, sans y être attendu, arrive à Paris le 2 juillet au milieu de la nuit. Le lendemain, la ville et les faubourgs encombraient les cours et les jardins des Tuileries; les ouvriers avaient quitté leurs ateliers; les acclamations de joie retentissaient de toutes parts. Le soir l'illumination était genérale. « Ce fut, a dit Napoléon à Sainte-Hélène, un bien beau jour. »

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Une vive douleur se mêla pourtant à la joie publique la perte de Desaix fut profondément sentie. Desaix, estimé des citoyens et chéri des soldats, avait mérité en Égypte le beau nom de sultan juste. Par une bizarrerie de la destinée, le même jour où il périt à la bataille de Marengo, Kléber, en Égypte, tombait sous le poignard d'un Ravaillac musulman.

Kléber, après le départ du général en chef, avait adressé au directoire une dépêche dans laquelle il faisait le tableau le plus déplorable de la situation de l'armée. Cette dépêche fut interceptée par les Anglais, qui prirent à la lettre les plaintes exagérées de Kléber, et expédièrent au commandant de leur croisière l'ordre de ne consentir à aucune capitulation avec l'armée française, excepté dans le cas où elle mettrait bas les armes et se rendrait prisonnière de guerre. Dans la Haute Égypte, de nouveaux efforts de Mourad-Bey, à Sejout et à Sedyman, avaient, pour Desaix, amené de nouveaux succès. Une tentative de deux frégates anglaises pour s'emparer de Cosseir avait été également infructueuse. Dans la basse Égypte, un débarquement de huit mille Turcs, à Damiette, n'avait pas cu plus de succès que le débarquement opéré à Aboukir. L'honneur d'avoir fait échouer cette entreprise appartient au général Verdier. Bonaparte, et ensuite Kléber, avaient écrit au grand visir pour lui proposer d'entamer des négociations qui

pussent mettre fin à la guerre entre la république et la Porte. Ces avances inspirèrent aux Turcs et aux Anglais une confiance présomptueuse. Cependant on traita. Kléber, au lieu de se borner d'abord à un armistice, entama la question de l'évacuation de l'Egypte, et nomma pour plénipotentiaires Desaix et l'administrateur général Poussielgue. Le négociateur anglais, le commodore Sydney-Smith, persuadé, d'après les lettres de Kléber, que les alliés étaient autorisés à tout prétendre, proposa des conditions tout au plus acceptables après une défaite. Les plénipotentiaires refusèrent d'y accéder.

Kléber, sur ces entrefaites, ouvrait une négociation directe avec le grand visir, et se désistait d'une partie de ses premières prétentions; tandis que le colonel anglais Douglas et le même grand visir, mettant en œuvre la bassesse d'un émigré français et l'égarement d'un caporal prisonuier, excitaient une insubordination dans le fort d'ElArisch, et s'en rendaient maîtres à la faveur du désordre.

Les négociations avaient commencé : les formes des Turcs étaient hautaines, impérieuses; Desaix en fut indigné, et il en attribua la cause aux conseils de Sidney-Smith. Celui-ci s'en disculpa, et les convenances furent observées. Mais le grand visir se plaignit à Kléber de ce que ses délégués rendaient seuls l'affaire difficile. Kléber s'était rendu à Salahieh pour être plus près des conférences. Son parti était pris; mais, pour mettre jusqu'à un certain point sa responsabilité à couvert, il assembla un conseil de guerre. L'adhésion n'y fut pas unanime. Le général Davoust se signala par une courageuse opposition. Kléber donna ordre aux plénipotentiaires, si la Porte refusait la neutralité proposée, de passer outre, et de traiter de l'évacuation pure et simple de la manière la plus favorable pour l'armée française. La convention d'El-Arisch fut signée sur ces bases le 24 janvier; l'armée devait rentrer en France, avec armes et bagages. Un armistice de trois mois était accordé pour l'embarquement, et il pouvait être prolongé au besoin. Dans cet acte, à côté de la signature des plénipotentiaires français et ottomans, ne figure pas celle de sir Sidney-Smith, le médiateur de la convention. Quelle en peut être la cause? Nous le verrons bientôt.

Le lendemain de la signature, Kléber en éprouvait déjà de l'embarras, peut-être du repentir. Cependant il exécuta les dispositions du traité, quitta des positions importantes, évacua Lesbach, Damiette, Mansourah, remit les forts de Katich, Salabieh et Belbeis. En ce moment arrivait de France le colonel Latour-Maubourg, apportant la nouvelle du 18 brumaire. L'armée rougit de

les Français ou par les Arabes. Telle fut la bataille d'Héliopolis remportée le 20 mars 1800.

la convention honteuse qu'on venait de concluretroupes furent en grande partie exterminées par en son nom; mais elle continua à opérer sa retraite, et déjà son artillerie, ses munitions, ses vivres étaient en grande partie entassés à Alexandrie, quand on apprit que la flotte anglaise bloquait tous les ports de l'Egypte. Sir Sidney-Smith annonçait que des décisions supérieures annulaient la convention conclue. Bientôt le lieutenant du vaisseau le Tigre remit à Kléber une lettre que lui écrivait l'amiral anglais Keith, en date de Minorque, le 8 janvier; elle était ainsi conçue: Monsieur, ayant reçu des ordres positifs de »sa majesté de ne consentir à aucune capitula» tion avec l'armée française en Égypte et en » Syrie, excepté le cas où elle mettrait bas les » armes, se rendrait prisonnière de guerre, et abandonnerait tous ses vaisseaux et toutes les » munitions des ports et villes d'Alexandrie aux » puissances alliées; et, dans le cas où une ca» pitulation aurait lieu, de ne permettre à aucune » troupe de retourner en France, qu'elle ne soit › échangée; je pense nécessaire de vous informer » que tous les vaisseaux ayant des troupes fran»çaises à bord en faisant voile de ce pays, d'après » les passeports signés par d'autres que ceux qui » ont le droit d'en accorder, seront forcés par » les officiers des vaisseaux que je commande de » rentrer à Alexandrie, et que ceux qui seront » rencontrés retournant en Europe d'après les » passeports accordés en conséquence de la capitulation particulière convenue des puissances » alliées, seront retenus comme bonne prise, et » tous les individus à bord considérés comme » prisonniers. »

Dix à douze mille hommes échappés à cette destruction s'étaient réunis près de Damiette. Douze cents hommes, commandés par Belliard, les battirent, les dispersèrent et prirent possession de la ville, déjà remise aux Turcs, en vertu de la convention. Durant la bataille d'Héliopolis, dix mille Ottomans, commandés par Ibrahim-Bey et par Nessif-Pacha, s'étaient emparés du Caire. Le peuple, fanatisé, et croyant l'armée française anéantie, se déclarait pour eux. L'adjudant général Durateau, laissé dans cette ville avec deux cents hommes, n'a pas le temps de se retirer dans la citadelle, et se défend deux jours contre les troupes musulmanes et la populace plus terrible encore. L'arrivée d'un renfort et la nouvelle de la victoire d'Héliopolis raniment son intrépidité. La reprise du Caire était difficile pour les assaillants, qui craignaient de détruire une ville qu'ils tenaient à conserver. Vingt jours furent consacrés à ce siége. Une première capitulation désirée par les chefs fut rompue par la populace. Pour sauver le Caire on résclut alors de sacrifier un grand faubourg, celui de Boulac, qui forme une ville à part. L'attaque vigoureuse du 18, l'explosion d'une mine, un incendie, un horrible massacre jettent la terreur parmi les assiégés. L'intervention de Mourad-Bey, l'ami des Français, fait le reste. Une nouvelle capitulation est conclue le 24 avril, et elle est mieux observée que la première. Ibrahim-Bey et Nessif-Pacha sont reconduits avec leurs troupes jusqu'à l'entrée du désert. Le Caire s'attend à des vengeances.

timent. Douze millions en espèces et en approvisionnements remettent l'armée sur un pied respectable: elle est maîtresse du pays, et Kléber confie à Mourad-Bey la Haute-Égypte pour la gouverner comme tributaire et au nom de la république.

A cette lecture, Kléber s'indigne; sa jalousie s'éteint, le grand capitaine se réveille. L'inju- | Une contribution extraordinaire est son seul chârieuse lettre de l'amiral anglais est mise à l'ordre du jour, et Kléber n'y ajoute que ces mots : ་ Soldats! on ne répond à de telles insolences que par des victoires. Préparez-vous à combattre!» Cet appel est entendu, dix mille hommes ne s'effraient pas d'attaquer une armée de quatrevingt mille. Kléber, Régnier, Friant, Leclerc, Belliard, Donzelot et la Grange les conduisent à la gloire. Les soldats combattent vingt-quatre heures sans prendre ni repos ni nourriture. Ils défont l'ennemi à Matarich, s'emparent du camp retranché d'El-Hancka, le poursuivent jusqu'à Belbeis, forcent les forts à capituler, attaquent de nouveau le grand visir à Koraim, l'obligent à la retraite, et croient livrer une nouvelle bataille à Salahieh, dernier point de la terre cultivée, quand les habitants du village accourent leur annoncer la disparition du visir et la dissolution de son armée. Fuyant à travers le désert, il ne se croit en sûreté que dans les murs de Gaza. Ses

A l'exemple de son prédécesseur, il se crée dans le pays des ressources et des forces nouvelles. Bonaparte avait formé un régiment de dromadaires qui avait rendu d'immenses services, et une légion d'étrangers qui, commandée par le grec Nicolo Papas Oglou et portée à quinze cents hommes, s'était signalée à côté de nos troupes Kléber leva une légion de Cophtes, à qui leur qualité de chrétiens faisait désirer l'affermissement de la puissance française en Egypte, et quelques demi-brigades d'esclaves noirs achetés aux caravanes d'Éthiopie; ceux-ci, fiers d'être traités en hommes libres, payèrent par leur fidélite .e prix de leur affranchissement. Un nouveau parc de

Tel était l'état de l'Égypte lorsque Desaix l'avait quittée'. Mais peu de temps après, un événement de la plus grande importance, l'assassinat de Kléber, frappa l'armée d'occupation et tous les amis des Français de la plus vive consternation, et amena le plus grand découragement.

Toutefois, la douleur du soldat était menaçante: la population, affligée de la perte d'un bienfaiteur, tremblait de voir tomber sur elle le châtiment d'un crime qu'elle n'avait pas commis. Enfin, au bout de quelques heures le coupable fut saisi; Il se nommait Souleyman El-Alépy, et avait été envoyé de Gaza au Caire. C'était un fanatique subalterne, enivré de promesses temporelles et célestes, qui-frappait en Kléber l'ennemi du prophète et le vainqueur du visir.

cinq cents chameaux fut établi pour la prompti- | mais il était trop tard le ministère anglais venait tude des transports. d'accorder à l'Autriche un subside de soixante millions de francs pour continuer la guerre. Ce versement eut lieu le 20 juin; la bataille de Marengo avait été livrée le 14. Le versement fut-il dû à l'ignorance des événements d'Italie, ou fut-il amené par ces événements? Chacune de ces hypothèses a ses vraisemblances. Quoi qu'il en soit, l'Angleterre et l'Autriche s'engageaient à ne point traiter séparément avec la France avant le 20 juin. L'Autriche, employant les soixante millions de l'Angleterre aux besoins de ses armées, désirait gagner du temps jusqu'à ce qu'elle redevînt maîtresse d'elle-même. De là l'envoi à Paris d'un négociateur, le comte de Saint-Julien, chargé de la ratification de la convention d'Alexandrie et de l'acceptation de l'armistice proposé pour l'Allemagne; enfin des lettres de confiance du baron de Thugut et de l'empereur lui-même. Il entra en pourparlers avec Talleyrand; et des préliminaires, ayant pour base le traité de Campo-Formio, furent signés le 29 juillet. Le premier consul les ayant ratifiés, expédia à Vienne Duroc Saint-Julien et le prisonnier Zach, qu'il relâchait sur parole. Le premier fut obligé de retourner à Paris sans avoir pu obtenir de dépasser le quartier-général autrichien. Le second fut désavoue et relégué dans la forteresse de Clausembourg en Transylvanie. De nouvelles propositions du gouvernement français ne furent pas mieux accucilde la reine des Deux-Siciles, de l'amiral Nelson et de cette Emma-Lionna qui avilit le nom déjà tant avili de l'ambassadeur anglais Hamilton. triche lui avait communiqué une note de l'ambasTout en rejetant les offres de la France, l'Ausadeur britannique à Vienne, portant que la cour était prête à envoyer un plénipotentiaire prendre

En perdant Kléber, la France perdit un général du premier mérite. Si le vainqueur d'Héliopolis ne fût pas tombé sous le poignard d'un aveugle assassin, l'Égypte n'eût jamais été évacuée par les troupes françaises. Les habitants commençaient à ne plus s'effrayer de la domination des hommes de l'Occident; et, pour peu qu'une paix eût permis à la France de communiquer avec ce pays, il nous serait resté, parce que le moment était favorable pour l'arracher au despotisme des Turcs. C'eût été un moyen d'amener l'Angleterre à traiter de bonne foi avec la république française, qui voulait sincèrement la paix, mais une paix qui ne fût point onéreuse à ses alliées, les républiques nouvelles.

Du champ de bataille de Marengo, Bonaparte avait renouvelé à l'Autriche ses propositions de paix, lui offrant d'étendre aux armées d'Allemagne la suspension d'armes signée pour l'Italie;

Lannit entière de l'arrivée de Desaix an quartier général se consuma en longues conférences entre Bonaparte et Desai, sur tout ce qui s'était passé en Egyple depuis que le premier

consul en était parti; sur la campagne de la Haute-Egypte; sur les négociations d'El-Arisch; sur l'armée turque du grandvisir, enfin sur la bataille d'Héliopolis, et sur la situation actuelle de l'armée française. Les deux interlocuteurs se trou

vaient sur un terrain nouveau et dans une position nouvelle.

Comment, dit Bonaparte, avez-vons pu, vous Desaix, attacher votre nom à la capitulation d'El-Arisch? Je l'ai fait, répondit Desaix; je le ferais encore, parce que le général en chef ne voulait plus rester en Egypte, et que, dans une ⚫ armée éloignée, et hors de l'influence du gouvernement, les dispositions du général en chef équivalent à celles des cinq sixiemes de l'armée. J'ai toujours eu le plus grand mépris ▸ pour l'armée du grand visir, que j'ai observée de près. J'ai ‣ écrit à Kleber que je me faisais fort de la repousser avec ma » seule division. Si vous m'aviez laissé le commandement de ‣ l'armée d'Egypte, et que vous eussiez emmené Kléber, je

» vous aurais conservé cette belle province, et vous n'eussiez ▸ jamais entendu parler de capitulation; mais enfin les choses > ont bien tourné; et Kléber, à Héliopolis, a réparé les fautes » qu'il avait faites depuis six mois. (Mémoires de Napoléon, tom. I, du général Gourgand )

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lies. Ces refus coïncidaient avec l'arrivée à Vienne

part à la négociation. Le premier consul demanda qu'il y eût un armistice sur mer comme il y en avait un par terre. L'Angleterre cria à l'innovation, mais ne se prononça point. La France, dans cette clause, avait pour but Belle-lle, Malte et Alexandrie. Aucune des deux parties n'ayant voulu céder, les conférences furent rompues. Sur ces entrefaites le sort de la seconde de ces places se décidait en faveur de l'Angleterre. Trois ans avaient suffi pour sa prise, sa possession et sa perte. Le général Vaubois et ses dignes compagnons supportèrent admirablement les souffrances d'une horrible famine; ils cherchèrent d'utiles distractions en cultivant des végétaux dans les fossés de la place, et fécondèrent des rocs stériles, sur lesquels ils transportaient de la terre, qu'ils arrosaient à l'aide de machines hydrauliques inventées par eux. Prêts à être renforcés et approvisionnés

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