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superstitions du paganisme : tanquam gentilitiæ superstitionis speciem quandam exhibet; et il ordonna qu'à la place on arborât des croix, et qu'à toutes les grandes fêtes, sans excepter celles de l'hiver, on ornât de verdure les portes des églises, selon l'aneien usage: quemadmodum veteris instituti est usuque romano comprobati, et à Beato Hieronimo laudati. On voit par-là que les lauriers, les buis, le philaria et autres arbrisseaux qui conservent leur verdure pendant les plus grands froids, n'auraient pas eu trop bon temps dans la province de Milan, si l'hiver y eût été tel qu'il est dans ce pays-ci. Cet usage, qui était ancien, et peut-être autrefois universel, subsiste encore dans certains cantons à la Fête-Dieu, aux fêtes patronales et aux dédicaces des églises qui n'arrivent point en hiver. Ce n'est qu'à cause de certains inconvéniens, et parce que l'usage des tapisseries est devenu commun, qu'on a cessé dans les églises ces sortes de décorations; et l'on se contente maintenant d'orner de branchages le frontispice des églises, de même que saint Charles l'ordonnait, ou bien le faîte des tours et des clochers, ou tout au plus d'arborer le mai devant la porte de l'église.

Il est bon de dire ici en passant que le Dictionnaire de Furetière n'est pas exact, lorsqu'il dit, en parlant des mais, qu'il n'y a que de petites gens à qui on en présente. On voit bien des grandes villes où l'on en offre aux principaux du lieu en grande cérémonie; et pour peu qu'on voyage, on aperçoit encore ces mais à leur porte, où ils restent durant le cours de l'année.

Cela se pratique aussi à l'égard des premiers dans plusieurs petites villes; et souvent, comme les bâtimens n'y sont pas fort exhaussés, on reconnaît, sans entrer dans ces villes, que la cérémonie y est en vigueur, parce que l'usage y est de choisir les vernes (aunes) les plus élevées qui soient dans le pays, et qu'il n'est pas rare d'en trouver qui surpassent la hauteur ordinaire des maisons de province.

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DE LA CÉLÈBRE PROCESSION DE SAINT GÉRY (1). ́

Il paraît qu'au retour des croisades, les princes et les chevaliers flamands, qui avaient puisé dans l'Orient le goût des solennités pompeuses et triomphales, en firent à leurs concitoyens des tableaux si enchanteurs, que ce peuple, toujours ami du merveilleux, s'empressa d'en fixer le souvenir par des représentations aussi brillantes que le permettait l'état des arts à cette époque. L'admiration qu'excitait l'héroïsme des croisés, le plaisir que causait le retour de ces glorieux champions du christianisme, durent aussi faire naître l'idée de les accueillir à peu près comme les Romains recevaient ceux de leurs généraux qui, dans des expéditions lointaines, avaient mérité les honneurs du triomphe.

Le tournoi d'Anchin, qui fut ouvert en 1069, peut être regardé comme la première fête dont l'histoire du pays fasse mention.

(1) Edit. C. L., d'après diverses Notices et correspondances.

La feste et joulte de l'Espinette, qui s'est longtemps célébrée à Lille avec une magnificence vraiment royale, remonte à l'année 1282.

La fête des Anes et celle du Prince de la rhétorique, qui firent pendant des siècles les délices des Douaisiens, paraissent d'une date encore bien plus reculée.

Cambrai, l'une des cités les plus anciennes de la Gaule belgique, et berceau de la monarchie française, ne fut pas la dernière à adopter ces institutions populaires, dont la puissante influence n'a jamais été révoquée en doute.

Les évêques, qui, depuis le commencement du onzième siècle, étaient souverains temporels de Cambrai et du Cambrésis, avaient coutume de signaler leur prise de possession par de grandes solennités. La réception qui fut faite à Robert de Croy, en 1529, est curieuse : elle eut lieu le 29 juin, à huit heures du matin. Le prélat était accompagné de plusieurs évêques et d'un grand nombre d'abbés et de grands seigneurs, dont la plupart étaient décorés de l'ordre de la Toison-d'Or. Mais laissons parler le chroniqueur dans son vieux et naïf langage (1) : « ....... Et y fit<< on plusieurs exemples (2) comme à la porte Saint

(1) Chronique manuscrite recueillie par les soins du sa-vant M. Mutte, doyen de la métropole, mort le 24 août 1774.

(2) C'étaient des représentations allégoriques plus ou moins analogues à la circonstance.

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« Ladre (1); ceux de Saint-Jacques, une au marchet « au bois..... les merchiers entre deux cambges..... « les cabartiers contre la chapellette, les drapiers << contre la croix au pain, les voisins de la rue des « Maseaux (2), à l'entrée de la rue qu'on passoit par«dessous le théâtre..... Et furent les abalestriers au <«< devant, tous à cheval, les archiers tout rouge vestus <«<et bonets orangiers, les canonniers vestus de cui<< rache et bonets rouges, et tous les sermens de la << ville, et plusieurs autres compagnies comme le que<< tivier (3); lesquels étoient habillés en hommes sau«vages, et y avoit une femme sauvage, et les joueurs << de l'espée à deux mains tout blanc-cauchés, en «< chemises et blanques huvètes, tous dansans à tout «< espée tranchant; et en cet estat fut monsieur de << Cambrai mené à N. D., et là oït la grande messe : << après fut vestu d'une robe de veloux cramoisy, et «< s'en vint en la rue Taveau, où il y avoit deux ou << trois exemples et tendues de tapisseries; et se vint << devant le maison de ville, monta sur un échafaut << qu'on avoit fait et tous les seigneurs qu'il avoit << amenés avec luy, et après montèrent MM. les pre«<vost, eschevins, conseillers et quatre hommes, les«<quels, après que monseigneur eut fait le serment,

(1) Celle porte, par laquelle les évêques faisaient toujours leur entrée, était située entre celles de Cantimpré et de Selle. Elle est fermée depuis long-temps.

(2) Rue de l'Arbre-d'Or.

(3) C'était le quartier Saint-Fiacre.

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