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Pylade, firent donner le nom de pila à cette balle. On aurait peut-être pu trouver une origine plus ingé

nieuse. >>

Le jeu de la paume et de l'arbalête étaient des exercices très-propres à former les jeunes gens aux fatigues de la guerre. Plusieurs ordonnances de nos rois les leur recommandaient. «Voulons, dit Charles V << en 1369, que nos sujets apprennent et s'exercent au « fait de trait d'arc ou arbalête en beaux lieux et

places convenables; pour ce fassent leur don de prix <«< au mieux traiant, ainsi que fêtes et joie si comme << bon leur semblera. >>

On ne saurait douter que le jeu de paume ne re-' monte à la plus haute antiquité, puisqu'on en trouve une description dans l'Odyssée d'Homère. Lorsque la belle Nausicaa, fille du roi des Phéaciens, a fini de laver les robes de sa famille, elle relève son voile, dit le chantre d'Ulysse, et ses compagnes l'imitant, elles lancent en l'air une balle qu'elles s'envoient et se renvoient avec une merveilleuse adresse; chacune d'elles s'étudie à développer sa force et son agilité aux yeux du roi d'Itaque, qui prend plaisir à contempler leurs aimables jeux. La paume passa des Grecs chez les Romains, des Romains chez les Gaulois, des Gaulois chez les Francs.

L'arc et les flèches étant le premier genre d'armes dont les hommes se soient servis, il n'est pas étonnant qu'ils s'y soient exercés; on trouve partout des traces de ces sortes de jeux. A l'arc succéda l'arquebuse. Les arquebusiers formèrent entre eux des com

pagnies, et fixèrent des jours pour leurs exercices. Ces jours étaient autant de fêtes, dont les plus solennelles rappelaient la pompe et le caractère martial des ançiens tournois. Tel était l'appareil de la lutte de Châlons-sur-Saône, à laquelle les compagnies de quarante villes rivales venaient concourir pour le grand prix de l'arquebuse, et qui durait sept ou huit jours. On lit dans une description de ces fêtes, que « l'heureuse « cité de Châlons devenait alors le séjour de Mars et « de Cupidon, où tout ce qui pouvait avoir de l'inclination pour l'un et pour l'autre, abordait en foule << pour leur rendre hommage. » Outre le tir de l'arquebuse, objet principal de la fête, les joûtes sur l'eau, les fanfares, les feux d'artifices, les mascarades, passe-temps du chat, de l'ore, de l'anguille et « des poulets, en un mot de tout ce qui se pratique en pareille rencontre, y était donné; puis on tirait « plusieurs volées de canon. »>

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Les chevaliers de l'arquebuse (car c'était ainsi qu'ils se nommaient) portaient un uniforme élégant; on décernait un prix au vainqueur, et la fête était terminée par des danses, où les dames se montraient dans leur

plus belle parure. Ces exercices avaient encore lieu dans plusieurs villes, à l'époque de la révolution (1),

(1) En 1789, la compagnie des arquebusiers royaux de Paris fut chargée d'un service pareil à celui de la garde nationale; mais elle y conservait sa règle, sa discipline, et n'obéissait qu'à ses chefs immédiats, qui prenaient les ordres du commandant-général de la milice parisienne. Il existe

inais ils étaient exclusivement réservés aux bourgeois.. Un gentilhomme n'y aurait point pris part..

Lorsqu'on eut imaginé d'employer, comme les Chinois, la poudre à canon en feux d'artifices, ce brillant spectacle s'établit bientôt dans les réjouissances publiques. Quel fut l'inventeur de la poudre à canon? On s'accorde à en faire l'honneur à Roger Bacon, quoi qu'il paraisse qu'elle était connue des Arabes plusieurs années auparavant. Ce religieux, né au treizième siècle, et l'un des hommes les plus extraordinaires de son temps, eut beaucoup de peine à obtenir de ses supérieurs la permission de se livrer à sés. recherches de physique et de mathématique. On le traita d'abord de magicien, et il resta long-temps en prison dans son couvent. Mais ayant fait une profes-sion de foi bien formelle de son orthodoxie, on lui permit de cultiver les sciences...

La découverte de la poudre à canon fat long-temps à se répandre ce n'est qu'au quatorzième siècle qu'on la voit employée à la guerre. On ne soupçonnait pas alors qu'on pût lui donner une nouvelle destination. Après la bataille de Montlhéry, en 1 465, entre Louis XI et les seigneurs mécontens, à la tête desquels étaient le comte de Charolais et le duc de Berri, frère du

une relation imprimée sous le titre de Journal de la Compagnie des citoyens Arquebusiers royaux de la ville de Paris sur la révolution actuelle. Paris, 1789, in-4°. Cette relation, qui commence au 3 juillet et finit au 3 septembre, est de Ricart, chancelier de la compagnie.

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roi, Louis XI se retira à Corbeil, et les mécontens à Etampes.

Le duc de Berri et le comte de Charolais étaient, après souper, à la fenêtre de leur appartement, et causaient ensemble. Tout à coup un trait de feu brille en l'air, serpente en pétillant, et se dirige vers la croisée qu'ils occupent. Ils sont frappés d'effroi, et restent interdits. La terreur est dans tout l'hôtel. Les deux princes ordonnent à leurs gens de s'armer : leurs troupes se rassemblent. On ordonne les recherches les plus exactes pour découvrir la cause d'un si grand phénomène, qu'on attribue déjà à quelque invention de l'enfer, à quelque artifice du démon contre les princes.

« Après bien des perquisitions, dit l'auteur du Précis de la vie privée des Français, on découvrit la cause de ce violent tumulte. C'était un Breton qui se nommait Jean Boute-Feu, ou Jean des Serpens, espèce de charlatan, qui tenait ce sobriquet de l'adresse avec laquelle il employait la poudre én pétards et en fusées. Il vint se jeter aux pieds des princes, assura qu'il n'avait cherché qu'à les amuser, répéta son expérience, les égaya beaucoup, et ils allèrent se coucher, en riant les premiers de leur terreur panique.

Sous le règne de Henri II, il y avait déjà des maîtres artificiers en titre d'office. Mais s'il est vrai qu'en trente ans on ne dépensa que neuf mille francs en feux d'artifices, ils étaient loin d'égaler les brillans spectacles dont on amuse aujourd'hui le peuple dans les réjouissances publiques.

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IL serait bien difficile de fixer au juste le temps où les jeux de hasard ont commencé. Les premiers hommes, occupés du soin de se procurer ce qui leur était nécessaire pour la vie, ne pensèrent guère à se créer d'autres jeux que de simples amusemens innocens et champêtres : c'est la religion, mal entendue, qui seule a produit les premiers de ces jeux de hasard; et sans la preuve que j'en vais donner, on aurait peine à croire que cette religion, faite pour contenir les hommes dans des bornes justes et honnêtes, et pour les obliger à rendre de continuelles grâces à la Providence des biens qu'ils en reçoivent, ait pu donner origine à des choses qui, depuis qu'elles ont été pratiquées, ont été pour ainsi dire le soutien des vices, et la cause d'une partie des désordres qui sont arrivés dans le monde; la chose est pourtant réelle : venons-en à preuve ; mais ne confondons pas la superstition avec la religion.

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(1) Extr. du Mercure de septembre 1738.

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