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IMP. CAESAR. DIVI F. AVGVSTVS
PONTIFEX. MAXIMVS.

TRIBVNIC, POTEST. XVIII
EX STIPE QVAM POPVLVS EI
CONTVLIT. K. JANVARII. ABSENTI

C. CALVISIO SABINO

L. PASSIENO RVFO.

COS.

C'est-à-dire, que l'on avait fait une réparation au temple dédié aux lares publics, de l'argent que le peuple avait apporté le premier de janvier, pour les étrennes de l'empereur César Auguste, alors absent de la ville, sous le consulat de Caius Calvisius Sabinus, et de Lucius Passienus Rufus. Sur quoi Gruter remarque le passage de Suétone, où il est dit que tous les ordres jetaient tous les ans dans le lac Curtien, stipem, c'est-à-dire une médaille frappée de jour des calendes au commencement de l'année; et c'est apparemment ce que signifie ce médaillon d'Antonin Pie, que M. Bellori, antiquaire de Rome, a donné au public, où on lit au revers, dans une couronne de laurier: S. P. Q. R. A. N. F. F. optimo principi Pio; c'est-à-dire, senatus populusque romanus annum novum faustum felicem optimo principi Pio precatur: « le sénat et le peuple romain souhai

tent la nouvelle année bonne et heureuse au très-bon prince Antonin Pie. >>

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Il est vrai que cela se peut aussi rapporter à la nouvelle année dans laquelle ce prince entrait, à la prendre depuis le jour qu'il avait commencé de régner, qui fut le sixième des ides de juillet de l'année de

Rome 890, et de Notre-Seigneur, 139; les vœux et les prières se réitérant toutes les années au même jour, et une semblable médaille lui étant présentée, ce qui était toujours une espèce d'étrenne. Pline, dans son épître 101: Vota Domine piorum annorum nuncupata alacres, lætique persolvimus, novaque rursus, curante commilitonum et provincialium pietate, suscepimus.

appe

Cette coutume de solenniser le premier jour de l'an les étrennes et les réjouissances, ayant passé du par paganisme dans le christianisme, les conciles et les Pères ont fort déclamé contre cet abus; ils les laient calendes, du mot général qui signifiait, chez les Romains, le premier du mois. Tertullien, dans son livre de l'Idolâtrie : « Nous, dit-il, qui avons en << horreur les fêtes des Juifs, et qui trouverions étranges <«<leurs sabbats, leurs nouvelles lunes et les solennités << autrefois chéries de Dieu, nous nous familiarisons << avec les saturnales et les calendes de janvier, avec <<< les matronales et les brumes; les étrennes marchent, «<les présens volent de toutes parts; ce ne sont en << tous lieux que jeux et banquets. Les païens gar«<dent mieux leur religion; car ils n'ont garde de << solenniser aucune fête des chrétiens, de 'peur qu'ils ne le paraissent, tandis que nous ne craignons pas « de le paraître en faisant leur fête (1.). » ̈

(1) Voyez sur cette matière, le Recueil imprimé avec le Traité contre les masques de Savaron, sous le titre de Ho melia B. Augustini de kalendis januarii, et veneranda Sorbona

Le sixième concile in trullo condamne les fêtes appelées calendes, et celles qu'on nommait vota et brumalia. Balsamon, auteur grec du Bas-Empire, qui a commenté les canons des conciles, fait deux plaisantes bévues sur ces deux mots de ẞorà ou vota, et de brumalia, disant que cette première fête était à l'honneur du dieu Pan, protecteur du bétail, parce que Borà signifie des pâturages, et que la dernière, nommée brumalia, était une fête dédiée à Bacchus, qui portait l'épithète de Bromius. Mais il est certain que ces deux mots sont purement latins; Borá, vota sont les vœux qui se faisaient au commencement de l'année; et brumalia, les fêtes des saturnales, qui se faisaient au commencement de l'hiver, appelé par les latins

bruma.

Mathieu Blastaris, qui a aussi commenté les conciles, dit que la fête des calendes se faisait le premier jour de janvier, et qu'on se réjouissait, parce que. la lune renouvelait ce jour-là, et qu'on croyait que si l'on se divertissait bien dans ce commencement, on en passerait toute l'année plus gaiement. Mais cela n'est bon que pour les années lunaires, qui assurément étaient anciennement plus en usage que les solaires. Balsamon dit que c'était les dix premiers jours du mois qu'on appelait calendes, pendant lesquels duraient les réjouissances.

Astérius, auteur grec que l'on compte parmi les

decretalis epistola contra festum fatuorum, etc. Parisiis, 1611, in-8°. (Edit. C. L.)

Pères, nous a laissé un sermon contre la fête des calendes et le paganisme du Roi-boit, qui était une imitation des saturnales, comme l'a doctement prouvé le sieur Deslyons, doyen de Senlis. Mais ces coutumes ont si bien pris pied parmi nous, qu'il est inutile d'entreprendre de les vouloir bannir.

LETTRE

SUR LES ÉTRENNES ET SUR LES DISSERTATIONS DE SPON ET DE LIPENIUS (1).

PAR LE P. TOURNEMINE, jésuite.

Je croyais qu'il ne m'en coûterait que la peine de lá lire l'ouvrage latin d'un docte allemand nommé Lipenius, ou bien une brochure que M. Spon fit imprimer il y a trente-un ans sur l'Origine des Etrennes, pour contenter ma curiosité sur l'histoire de cette coutume; je me trompais; ils n'ont pas épuisé la matière.

Quoi qu'en dise Lipenius, la coutume de donner des étrennes au premier jour de l'année n'est pas une coutume originairement romaine : elle a été en usage dans la Grèce et parmi les Juifs, et depuis les temps les plus reculés. Elle n'a point souffert d'interruption dans la Perse. On ne doit pas être surpris qu'elle soit

(1) Extrait du Journal de Trévoux, janvier. 1704.

si constante et si généralement répandue. Donner pour recevoir est un sentiment fort naturel, et l'avarice ne s'oppose point à cette espèce de libéralité. On n'a pas toujours donné les étrennes de la même manière : les variations de cette coutume sont plus sensibles dans l'histoire romaine que dans aucune autre.

Symmaque nous apprend (1) que Titus Tatius, roi des Sabins, peuple originaire de Lacédémone, comme Ovide (2) entre autres l'a remarqué, institua cette cérémonie à Rome, quand il commença d'y régner conjointement avec Romulus.

Alors, pour étrennes, on présentait la verveine et des branches d'arbre coupées dans un bois consacré à la déesse Strenua, c'est-à-dire à la déesse de la force. Le peuple, simple et superstitieux, croyait que ces branches et cette verveine donnaient de la force et conservaient la santé. On sait que les druides gaulois pratiquaient la même cérémonie; qu'ils allaient au commencement de l'année prendre dans des bois sacrés le gui, qu'ils distribuaient au peuple comme un présent des dieux, dont la vertu était admirable.

D'où pouvait venir une semblable persuasion? Mes deux auteurs n'en disent rien. N'y reconnaissez-vous pas un souvenir confus de l'arbre de vie planté dans le paradis terrestre, souvenir dont ces prêtres, habiles charlatans, se servirent pour mettre en vogue leurs

(1) L. 10, ep. 28.

(2) Fast., l. 1.

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