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Considéré ni traité comme ministre public, s'il n'a point des lettres de créance; et lors qu'il en a, il devient ou agent ou secrétaire de l'ambassade.

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A qui on envoie des ambassadeurs:

On a déjà traité ce sujet dans la section II, et il suffit de dire ici que l'on n'envoie des ambassadeurs qu'à ceux qui ont le droit d'en envoyer; d'où il suit que le prince et l'état, pour recevoir des ministres de cet ordre doivent être pleinement souverains, et avoir les mêmes prérogatives que ceux qui leur envoient de tels ministres. Cependant il est d'usage que les souverains envoient quelquefois des ministres en des lieux où ils ont des intérêts à ménager, quoiqu'il n'y ait point dans ces lieux de souverain qu'ils puissent considérer. Ainsi, la France a tenu en diverses occasions des résidens à Hambourg, quoiqu'il n'y eut rien à démêler avec le magistrat, mais pour quelques autres considérations particulieres, soit relativement au commerce de France, soit relatiyement aux puissances du Nord.

Les sujets soumis ou rebelles n'ont aucun droit d'envoyer des ambassadeurs ni des dé

putés à leur souverain, attendu que c'est lu qui exerce exclusivement la puissance suprême; encore moins celui qu'un prince enverroit aux sujets révoltés d'un autre souverain pour fomenter la révolte et appuyer les factieux devroit-il jouir de la protection du droit des gens. Il ne mérite d'être traité que comme un chef de séditieux, qu'il importe à la tranquillité publique d'arrêter et de punir.

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De la naissance et de l'étude de l'am: bassadeur.

QUOIQUE la naissance ne soit qu'un effet du hasard, et qu'elle ne mérite par ellemême aucune considération, il est vrai néanmoins que, les nations ayant attaché une idée imposante à l'éclat de l'origine, on doit se prêter à cette illusion, quelque fausse, ou même, si l'on veut, quelque absurde qu'elle soit, Ainsi, l'ambassadeur, outre les qualités personnelles qui lui sont essentielles, doit avoir aussi l'avantage de la naissance; et plus elle est illustre, plus elle releve l'éclat de son emploi, éclat qui, comme on sait, s'il n'opere seul les succès, les prépare du moing. Mais tire issu d'une longue

longue suite d'aïeux, et n'avoir ni talens ni connoissances, est une triste condition; et malheureusement, tel est le plus grand nombre des seigneurs de la plus haute qualité. Aussi n'est-ce point dans cette brillante et inepte sphere que le souverain doit choisir des ambassadeurs, c'est dans la classe très-peu nombreuse des seigneurs qui se sont éclairés par l'étude, et qui, à force de travail ont acquis les talens nécessaires à quiconque aspire à être décoré du titre de représentant de son prince où de sa nation. Tel fut le comte de Dunois, qui passoit avec raison pour l'un des plus vaillans guerriers de son siecle, et pour le plus adroit négociateur; tel fut encore le maréchal de Biron, qui joignoit à une valeur éprouvée, les talens les plus distingués.

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Ce n'est pas, au reste, que toutes sortes d'ambassades demandent les plus grands talens; la plupart, au contraire, n'exigent de celui qui en est chargé que l'éclat de la représentation, et c'est à celles-là que sont propres les grands seigneurs, prévenus toutefois que ce qu'ils ont à faire, consiste plus à paroître qu'à négocier. Dans les ambassades où il est question de traiter d'importantes affaires, le rôle de l'ambassadeur est 1790. Tome XII,

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d'en imposer par son nom et son éclat extérieur; les soins de la négociation sont confiés au secrétaire de l'ambassade. Le duc de Longueville,étant en ambassade en Hollande, et d'Avaux, secrétaire de cette ambassade, ayant été obligé d'aller faire quelque séjour à Osnabruck, le duc, qui se supposoit des talens qu'il n'avoit pas, imagina de négocier et de négocier en grand seigneur d'après ce beau projet, il fit de si grandes avances, et promit avec tant d'inconsidération, que le cardinal Mazarin, en appréhendant les suites, et voyant bien que cet homme, auquel il n'avoit eu garde de confier son secret, alloit tout gâter, et compromettre la cour de France, ou blesser ses intérêts, se hâta de presser le retour de d'Avaux à la Haie. '

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C'est aussi parce qu'on est assez généralement convaincu que les grands seigneurs sont très-peu propres à la négociation, et qu'ils n'ont presque aucune connoissance des affaires, politiques, qu'on les oblige de ne rien proposer ni promettre que de l'avis du secrétaire d'ambassade. Il est vrai que dans les cérémonies de pure représentation et d'éclat, le souverain laisse agir librement l'homme de qualité qui le représente;

et c'est extérieurement à cela que se réduit le rôle brillant d'ambassadeur, nul autre que lui ne sauroit le remplir dignement. Et en effet, comment un homme sans naissance pourroit-il représenter un monarque puissant dans une cour étrangere? On reproche à Louis XI d'avoir employé toute sorte de gens à de pareils emplois, et il est vrai qu'il étoit peu délicat sur cet article ; mais il est bon de remarquer qu'il n'avoit garde de décorer du titre d'ambassadeur les personnes abjectes dont il se servoit, même dans les affaires les plus importantes; ce n'étoient que de simples agens, des commissionnaires. En un mot, pour qu'un homine de basse origine puisse être élevé à une telle dignité, il faut qu'il répare ce défaut par les plus rares talens et par un génie supérieur. Tel fut le cardinal d'Ossat, dont l'origine et la naissance étoit si obscure que personne ne connoissoit ses parens; mais il étoit dué des. qualités les plus éminentes, et Henri IV, qui se connoissoit en hommes, l'employa avec succès dans les plus importantes affaires.

Les gens de lettres qui ne sont que cela, c'est-à-dire, qui ont passé leur vie au milieu des livres et des docteurs, ne sont rien moins

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