SCENE III. D. GARCIE, ELISE, D. ALVAR. Quelques lettres, Seigneur; je le présume ainsi; D. GARCIE. J'attendrai qu'elle ait fait. SCENE IV. D. GARCIE feul. P Rès de fouffrir sa vûë, D'un trouble tout nouveau je me fens l'ame émuë, Et la crainte mêlée à mon reffentiment Jette par tout mon corps un foudain tremblement. Prince, prends garde au moins qu'un aveugle caprice Ne te conduife ici dans quelque précipice, Et que de ton esprit les défordres puissans Ne donnent un peu trop au rapport de tes fens: Ne démens pas leur voix; mais auffi garde bien Ah! qu'eft-ce que mon cœur, trop digne de pitié, Oui, mon fort par ces mots est assez éclairci, T Toutesfois, dans l'abord agiffons doucement, SCENE V. D. EL VIRE, D. GARCIE. Ous avez bien voulu que je vous fiffe attendre? Ah! qu'elle cache bien.... D. EL VIRE. On vient de nous apprendre Que le roi votre pere approuve vos projets, D. GARCIE. Oui, Madame, & mon cœur s'en réjouit de même ; D. ELVIRE. Le tyran fans doute aura peine à parer Les foudres que par tout il entend murmurer; Pourra, de tout Léon achevant la conquête, Le fuccès en pourra parler dans quelques jours. D. ELVIRE. Pourquoi cette demande? & d'où vient ce fouci? Non, ce n'eft rien du tout de ce que vous pensez : Vos ordres de ce mal me défendent assez. D. ELVIRE. Sans chercher plus avant quel interêt vous presse, Et deux fois au marquis Dom Louis à Burgos. D. GARCIE. Vous n'avez point écrit à quelqu'autre perfonne, D. ELVIRE. Non, fans doute, & ce difcours m'étonne. 7 D. GARCIE. De grace fongez-bien, avant que d'affûrer. D. ELVIRE. Ma bouche fur ce point ne peut être parjure. D. GARCIE. Elle a dit toutefois une haute impofture. D. ELVIRE. Prince? D. GARCIE. Madame? D. ELVIRE. O Ciel! quel eft ce mouvement? Avez-vous, dites-moi, perdu le jugement? D. GARCIE. Oui, oui, je l'ai perdu, lorsque dans votre vûë Et que j'ai crû trouver quelque fincérité Dans les traîtres appas dont je fus enchanté. D. ELVIRE. De quelle trahifon pouvez-vous donc vous plaindre? D. GARCIE. Ah! que ce cœur eft double, & fçait bien l'art de feindre! De découvrir pour qui vous employez ce stile. |