propre falut te excite. Ne eftimes tu venir à grant fubjection & tourment après ces deffufdictes régions debellées: toy & auffi ton peuple endureras très-dures peines & labeurs: tu feras fuget & ferviras au tyrant, qui n'as jamais enduré, ne povoir fouftenir les noms des tyrans, ne leur puffance ou domination, & croyans dont que iceluy tyrant Empereur des Turcz peut facillement venir [fi ta puiffance ne l'empefche & repelle ] puifque ces deux fortereffes & deffenfes; c'eft affavoir, Belgrade & Rhodes font prinfes & mifes en fa puiffance & feigneurie, & qu'il s'eftime eftre beaucoup plus aymé de toutes gens que eftre craint. L'en dit auffi, qu'il a desja fait fçavoir & publier fa cruaulté inhumaine à ceux qui contre luy & fa puiffance veullent refifter, & auffi qu'il permettra & endurera ung chafcun à luy obéiffant, demourer & vivre enfa loy, & promet donner & impartir pour guerre, la paix, pour paix, feureté, pour feureté, eftre fans inimitiés de guerre, pour immunitions, louyers & premiations, avec grans facultez & incompara

bles richeffes: Et pour cefte caufe, quant nous réduyfons en noftre mémoire telles chofes, [non fans grant douleur de cueur nous avons paour & craignons qu'il ne furmonte & puiffe vaincre le peuple, non feulement par fa force, mais auffi par dons; veu que par telz moyens il s'efforce d'avoir la grace & amour des Creftiens: veu auffi que la plus grant partie du peuple eft trop durement opprimé & foulé par les Princes Creftiens, & femblablement par la charge importable des tailles en quoy ilz font contraintz par lefditz Princes. Qui doubte qu'on ne le face entrer dedans les villes, & qu'il ne foit appellé du peuple, fi ar ta puiffance n'eft donné empefchement à fes frauldes & aftuffes, & pourtant toy qui doibz enfuyvir tes progéniteurs, en l'honneur de noftre trèsfaint Pere, & pour l'amour dé nous auffi, oftes maintenant toutes rancunes & guerres que as ou peulx avoir contre Charles Roy des Romains & Henry Roy d'Angleterre: fi tu penfes ne povoir ce faire fans grans dommaiges, néantmoins que tu prennes trefves trois ou quatre ans, affin

que tous ensemble d'ung accord Dieu aydant, Saint Pierre & Sainct Paoul, ducteurs de fi belle œuvre nous puiffons non feullement regetter cefte pefte intollérable, mais auffi remetre en ta puiffance & domination les villes & fortereffes perdues. Ne craignez pas que nous vous défaillons de vostre peine ou aultres moyens quelzconques, mais foyez certains que de toute la capacité de noftre povoir & puiffance, nous ayderons à l'affaire. Nous croyons que ce que nous avons efcript à noz très-chiers & loyaulx Princes approuvez au Sainct Siége Apoftolique, ilz le nous concéderont voluntairement en toute diligence, fans aucunement fe retraire de noz pétitions. Roy trèsCreftien, nous te refcriprions par plus longues exhortations, fi tu n'avois efté plus amplement(a) advery () Corr. par l'Efpiftre de noftre Sainct Pere. averta Nous auffi qui nous confions & mettons noftre efpérance à ta prudence & bonne foy eftimons que tu feras plus prompt & plus enclin d'obtemperer à noz defirs, que ne ferons diligens à te requerir & deprier. N v

ar

A dieu foyez, & que fubitement nous renvois refponfe de ce que nous défirons, & vueilles préparer contre noftre ennemy, mée telle qu'il t'appartient. Jaçoit qu'il foit fuperbe & arrogant, & qu'il face contre la loy humaine ou naturelle, touteffois il eft impuiffant contre toy, & n'eft efgal à tes vertuz & puiffances bellic

ques.

DONNÉ à Romme, le vi11 jour de Mars, mil v. centz xxiij.

(1)L'Entrée de la Royne & de Noffeigneurs les Enffans de France, en la Ville & Cité d'Angouleme.

POUR vous advertir des nouvelles de par-deçà, hyer fut faicte en cefte Ville, l'entrée de la Royne & de Meffeigneurs fes enffans de France, en gros triumphe & à grand joye, les rues tendues entiérement de tapifferie, couvertes de linge blanc, & de toyfe en toyse pendoient les armes du Roy & de la Royne, avec la Salmandre & le Phénis. que ladicte Royne a pour fa devyfe. Le pavé eftoit tout comblé de fable d'un pied de haulteur, & à chafcun coing de rue eftoient efcharffaulx faictz menufiez & couvertz à l'antique, fur lefquelz efloient filles de quatorze à dix-fept ans, belles par fi grande excellence, que au jugement de l'oiel, refembloient à Nymphes & Déeffes, eftoient ha

(1) Copiée fur une feuille volante imprimée dans le tems en lettres gothiques, in-12. contenant huit fans chiffres ni figna

pages,

tures.