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Il ne dépendait plus des puissances chrétiennes, pas même de la puissance ottomane, de faire habiter dans les mémes lieux, les Grecs et les Turcs, ces derniers, ces paroles sont prophétiques, ne sont ils peut-être plus en état d'entretenir des relations d'amitié avec les chrétiens.

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Les Hellènes, dominés par ces pensées d'un homme d'état, pleins de l'amour du Dieu qui les avait suscités, foulèrent aux pieds l'encyclique d'Eugène, successeur intrus de Grégoire. Les prélats du Péloponèse anathématisèrent cet apostat, qui fut solennellement qualifié du titre de Judas Iscariote, et l'armée chrétienne répondit à la pastorale du loup couvert de la peau de l'agneau, par les cris de vaincre où de mourir (1).

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(1) Ce fut vers ce temps que mourut ce pseudo-patriarche, auquel succéda par une voie non moins illicite, Anthême de Naxos, archevêque de Smyrne, homme qualifié d'ignorant, de fourbe et d'adulateur, par le synode orthodoxe du Pélo¬ ponèse.

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CHAPITRE IV.

Les Souliotes s'emparent de Regniassa.-Leur stratégie particulière.—Tentative qu'ils font contre Arta.—Ils inquiètent Khourchid;-rétrogradent pour combattre les Chamides;→→→ les battent. Succès de Marc Botzaris,-dans l'Athamanie, à Placa. Secours arrivés à Khourchid pacha;-négocie avec Ali pacha.—Appel des Souliotes aux habitants de Parga.— Les Toxides révoltés s'emparent de Tébélen; - marchent contre Janina; — se dispersent. Renforts considérables que reçoit Khourchid.— Rupture des négociations avec Ali pacha. Déblocus d'Arta. Projets contre les Grecs en

général.

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Préparatifs des Turcs contre l'Acarnanie,

la Macédoine, et la Thessalie.

les insurgés de Cassandria.

Diamantis, soutient

Forces des Grecs. - Expé

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dition dirigée contre la Morée. Blocus de Tripolitza. Combat du Trochos, où Kaki Scala, Nicetas, avec quatrevingt-dix Grecs, bat trois mille cinq cents Turcs et est surnommé le Turcophage. Arrivée de MM. Gordon et

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Maxime Raybaud devant Tripolitza.—Considération sur les étrangers auxiliaires des Grecs. Idée de l'état des insurgés. Signe extraordinaire de ralliement. Le démagogue Antonious est banni d'Hydra.

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A victoire répondait à ce cri des braves dans les montagnes de l'Épire. Les Souliotes, que nous avons en quelque sorte perdus de vue, au milieu des évènements qui se succédaient à Constantinople, sur les

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côtes de l'Asie mineure et dans l'Archipel, après avoir arrangé leurs différends avec les Schypetars Chamides de la Thesprotie, avaient résolu de remplir leurs engagements avec Ali pacha, en inquiétant l'armée impériale campée devant Janina. Ils avaient plus d'une fois poussé des reconnaissances jusqu'en vue des tentes de Khourchid pacha, lorsqu'un de leurs détachements surprit et mit en déroute le 15 mai, près de Lélovo, le bey Tahir Papoulis, issu de la trop célèbre famille, qui désola la Morée en 1770. Ce chef, qui avait succédé à Jousouf pacha dans le gouvernement de la Cassiopie, irrité de sa défaite, ayant osé, un mois après cet évènement, s'avancer de nouveau jusqu'à Candja (1), fut de nouveau vaincu et fait prisonnier, avec quatre cents hommes qui survécurent à sa défaite. On le conduisit à Souli avec ses soldats sur les bords du Cocyte, et ils y furent employés, en attendant rançon, aux travaux de l'agriculture, dans la Paralie ou contrée maritime qui avoisine le marais Achérusien.

Le polémarque de Souli qui avait ouvert la campagne par ce succès, résolut aussitôt de porter la guerre en dehors des montagnes, afin d'environner d'une insurrection lointaine l'armée du sérasker Khourchid. Son but était de donner la main aux Acarnaniens, qui, depuis les derniers avantages qu'ils avaient obtenus contre Hassan pacha, avaient à peu près

(1) Voy. t. 11. 51, 54, 63, 74, 77 de mon Voyage dans la Grèce.

abandonné le blocus d'Arta. Le temps de la récolte les rappelait aux travaux de la campagne, et les soldats de la patrie, obligés de travailler pour combattré, étaient retournés aux affaires de la campagne. Ils fauchaient leurs foins et foulaient leurs grains, tandis que quelques détachements de palicares embusqués dans les forêts du Macrin-Oros et du SpartonOros, avaient l'œil ouvert sur les mouvements des Turcs. C'était tout ce qu'ils pouvaient faire; ainsi que les bandes retranchées dans les montagnes de l'Athamanie, où elles continuaient à occuper l'Agnanda et le Djoumerca, depuis que les Turcs s'étaient emparés de Calaritès et de Syraco, comine nous l'avons dit ailleurs.

La conquête de ces deux places, et le répit que la saison donnait à l'ennemi, pouvaient avoir des conséquences fatales à la cause des Grecs, lorsque les Souliotes, accoutumés à récolter à la pointe de l'épée, résolurent d'occuper la scène. Ils savaient que le pillage de Calaritès et de Syraco, qui étaient les grands dépôts dans lesquels les Grecs de Janina avaient déposé leurs richesses, avaient tellement alléché les Schypetars, qu'ils accouraient en foule du Musaché et de la haute Albanie, pour se ranger sous les drapeaux du sérasker. Il fallait rompre le charme, et le glaive seul pouvait refroidir le zèle de ces hordes avides, auxquelles on promettait le pillage des trésors d'Ali et le butin de l'Épire, dont on leur permettait de faire les habitants esclaves.

Pour masquer son plan, Nothis Botzaris détacha

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quatre, cents hommes du côté de Variadès, qui devaient tenir en échec un pacha chargé d'occuper avec treize cents hommes la tête de ce défilé. L'attention de l'ennemi ayant été appelée vers ce point, qui conduit de Janina à Souli, Marc Botzaris se porta rapidement vers Regniassa, espèce de tour retranchée qu'il emporta de vive force, et dans laquelle il mit garnison.

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On conquérait ainsi, non-seulement un poste militaire, mais une plage maritime, au moyen de laquelle on entrait en communication avec les croisières grecques, qui auraient rendu les plus grands services à la cause des chrétiens, si les autorités anglaises des îles Ioniennes, moins généreuses que les Algériens, n'eussent pas inventé un droit de navigation, uniquement favorable aux infidèles. Les Souliotes débouchèrent ensuite dans les fertiles vallées de la Cassiopie, et au bout de quinze jours, ils réussirent à insurger complètement cette province.

Religieux jusqu'au scrupule envers leurs adhérents, ils songèrent aussitôt à pourvoir à leur sûreté. Ils savaient que le pays qu'ils avaient soulevé deviendrait le théâtre de la guerre, et ils engagèrent en conséquence les habitants, à transporter leurs familles dans les montagues de Souli. On y fit passer en même temps, grains, meubles, images saintes, objets consacrés au culte, en laissant les troupeaux à la garde de quelques pasteurs transformés en troupes d'éclaireurs. Ces espèces. de védettes avaient. pour instructions de signaler par des feux allumés

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