vu qu'il y a auffi des beautés du premier ordre qui doivent faire le plus grand honneur à fon talent; pour vous donner une nouvelle preuve de cette dernière vérité, je me crois obligé de vous rapporter une excellente tirade que je n'ai pu faire entrer dans le corps de cet extrait. Photin préfente à Céfar, de la part du Roi d'Egypte, la tête de Pompée: Céfar, dit-il, rends grace au bras qui te seconde, Il termine la guerre & te donne le monde ; Plus que geur. les Dieux encor il devient ton ven Pharfale n'avoit pas achevé ta conquête, Sa main découvre alors fes horribles préfens, Méconnois-tu, cruel, la tête de Pompée? Mais tes yeux & ton cœur font-ils d'intelligence, Ou n'as-tu de remords qu'une vaine ap parence? 'Ah! Tyran, le paffé dément trop tes douleurs: Brife les fers de Rome, & je crois à tes pleurs. Le perfide avec art fçait déguiser sa joie : Satellite odieux du monftre qui t'envoie, Fuis, emporte, dit-il, cet objet de terreur; Ton maître, fes préfens, ces bords me font horreur. Qu'ai-je vu! malheureux, j'ai perdu ma vic toire ! Le jour de la clémence eut confacré ma gloire, Ofe-t-il, à l'honneur, ce prix de mes combats, La Entre Pompée & moi demeuroit incertaine, Ét que pour le frapper, dans fes mains fuf- Son glaive indifférent attendoit le vaincu. Et du moins chez les morts, touché de ma douleur, Qu'il pardonne à ma gloire & connoisse mon cœur. Il s'élance à ces mots fur la rive fatale, Pharfale. La trahifon l'attend; le fort va décider Si l'Egypte à fon tour au vainqueur doit céder, Ou fi des meurtriers l'ambitieufe épée Réunira fa tête à celle de Pompée. Cefar, trop averti de veiller fur fes pas, Marche vers Ptolomée, entouré de Soldats. Le Peuple foupçonneux ne voit point en fi lence By. Ces faifceaux, appareil de la toute-puissance Céfar, fans l'éprouver,fçait inspirer la crainte : tueux S'offrent, fans l'arrêter, à fon ceil dédaigneux, &c. Connoiffez-vous rien de plus beau, Monfieur, de plus vif, de plus énergique que ce fentiment, brife les fers de Rome, & je crois à tes pleurs ; & ce glaive indifférent qui attend le vaincu: quelle hardieffe d'expreffion! Votre eftime pour M. le Chevalier de Laurès augmentera encore quand vous fçaurez que ces deux traits ne font point dans Lucain. Enfin, Monfieur, cette nouvelle Pharfale me paroît devoir être placée dans la claffe de ces ouvrages qui donnent une très-grandeidée du talent de leur Auteur. Je fuis, &c. སྐད A Paris ce 4 Septembre 1773 LETTRE II. Traité des Fiefs de Dumoulin, analyse & conféré avec les autres Feudiftes; par M. Henrion de Penfey, Avocat au Parlement; un Volume in-4° de plus de 700 pages; prix, 12 livres broché ; à Paris chez Valade Libraire rue Saint Jacques. DEPUIS EPUIS long-temps les Jurifconfultes fentoient le befoin de cet ouvrage. Le traité des Fiefs de Dumoulin eft fi volumineux, fi diffus, que peu de perfonnes ont le temps ou le courage de l'étudier dans toutes fes parties. D'ailleurs, il contient beaucoup de décifions abrogées par les Coutumes, ou rejettées par les auteurs & les Arrêts. Cependant ce Traité eft, en quelque forte, le feul que nous ayons fur cette matière; c'eft le feul fil qui puiffe guider fûrement dans le labyrinthe des queftions féodales. L'ouvrage de M |