pourroit infpirer les jeunes Artistes & leur fervir de modèle dans un genre vafte dont M. Vernet peut à bien des égards être confidéré comme le créateur. Je finis cet Article par la defcription agréable que nous donne l'auteur de la multitude des objets que M. Vernet a raffemblés dans ces différens Tableaux des ports de France. Ici, l'on voit une troupe empreffée, Travaillant de concert, conftruire un bâti ment; Là, cette maffe énorme, adroitement lancée, Trace un large fillon fur l'humide élément : Plus loin, la frégate leftée, De fes agrêts & de fes apparaux Etalant la magnificence, Pour lever l'ancre, attend avec impatience Sur le treuil où roule le cable; La voile fe déploie, & le vaiffeau léger Fend le moite élément, va braver le danger. Le Pêcheur quitte le rivage, Vogue vers le prochain parage, Pour y livrer la guerre aux habitans des eaux; Un Peuple innombrable fourmille, Calfate une tartane, élève un magasin, Transporte le café, l'indigo, la vanille, &c. Je ne connoiffois encore, Monfieur, aucun ouvrage de M. Bouquier. Il est certain qu'il n'eft pas dépourvu de talent pour les vers, & dans l'occafion préfente fon admiration pour M. Vernet lui a tenu lieu d'Apollon. Mais il femble qu'il a plus étudié les loix de la Peinture que celles de la Poëfie. Dans plufieurs endroits il enfreint Ouvertement les premiers principes de notre verfification; il fait rimer fans ceffe des finguliers avec des pluriels. Les plus minces rimeurs fçavent que génie, varie, déploye &c. ne peuvent entrer qu'à la fin d'un vers ou qu'ils doivent être fuivis d'une voyelle l'auteur les employe au milieu, & compte chacun de ces mots pour trois fyllabes: ce qui paroît prefque impoffible à la prononciation. Sennemours & Rofalie de Civraye t une forêt affez rapidement, lorsqu'il entend une voix intér flante qui pouffe un profond toupir ; auffi-tốt il des cend à terre & s'avance vers l'endroit d'où partcient les plaintes qu'il avoit entendues. On peut juger de fon étonnement en appercevant une jeune perfonne d'une beauté frappante feule, dans un bois, à l'heure qu'il étoit. Cette jeune perfonne paroiffoit accablée de befoin & de laffitude. Le premier foin du Marquis eft de la mener à la maifon la plus prochaine enfuite à une auberge où il lui fait donner tous les fecours que fon état exigeoit. Elle lui raconte fon hiftoire; elle s'appelle Rofalie de Civraye; elle eft fille d'un Gentilhomme de trèsbonne maifon. Une femme qui avoit tout pouvoir fur l'efprit de fon père, veuf depuis plufieurs années, avoit voulu la contraindre à épouser fon frère, Gentilhomme très-défagréable & d'un âge avancé. Les chofes avoient été pouffées fi loin, que la cérémonie devoit fe faire dès le lendemain. Rofalie n'ayant plus d'autre reffource, avoit pris le parti de quitter la maison paternelle, & fon deffein étoit de s'arrêter dans la première ville qu'elle rencontreroit, de fe faire conduire dans un couvent, & de-là d'écrire à une de fes parentes, pour se mettre à l'abri des violences qu'on vouloit exercer contr'elle. Le Marquis de Sennemours en devient éperduement amoureux. Mademoiselle de Civraye, qu'on nous peint comme une perfonne du caractère le moins diffimulé, répond affez franchement à fon amour, & lui laiffe concevoir l'efpérance de devenir fon époux. Le Marquis la mène à Paris, & lui propofe un afyle chez Madame d'Orcy, femme de qualité d'environ cinquante ans, ancien ne amie de fa mère. Cette excellente femme devient auffi l'amie la plus tendre de Rofalie, à qui elle donne le nom de fa fille. Sennemours va trouver le père de cette jeune perfonne, & la réconcilie avec lui; mais Madame d'Orcy rend Mademoiselle de Civraye moins confiante. Dans cet intervalle Sennemours eft entraîné par quelques jeunes gens à un fouper avec des Danfeufes. Son amante piquée, |