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fième fcène du troifième acte du MiSantrope. Voici comme cet Anonyme le cite, page 130.

Et fes foins tendent tous pour accrocher quelqu'un.

les foins peuvent tendre à quelque chofe, dit-il, mais non pour quelque chofe. » Cette obfervation, dit M. Bret » n'auroit pas eu lieu fi l'on avoit » voulu prendre garde que la faute » n'eft pas de Molière qui a écrit:

'D****, à Londres: Brochure d'environ 200 pages; elle parut en 1749, & je vous en rendis compte alors; voyez les Lettres fur quelques Ecrits de ce temps, Tome I, pages 262 & 357. On a fçu dans le temps que l'anonyme M. D**** & M. de Voltaire n'étoient qu'une même perfonne. La preuve incontestable que la Brochure en question eft de ce dernier, c'eft qu'il y eft mis au-deffus de tous les Ecrivains paffés, préfens & futurs. D'ailleurs, M. de Voltaire s'eft trahi lui-même à la page 123 de l'ouvrage : oubliant qu'il s'étoit caché fous la lettre & les étoiles 'D****, au lieu de dire, dans cette page, une defcription philofophique des Cieux qui n'est que du sujet de M. de Voltaire, il dit une defcription philofophique des Cieux qui n'est que de mon fujet,

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Et fes foins tentent tout Pour accrocher quelqu'un, fans en venir à bout.

» Pourquoi de deux moitiés de vers » n'en faire qu'un ? Pourquoi tendent » au lieu de tentent? Pourquoi tous au » lieu de tout? Est-ce là ce qu'on » appelle inftruire les Etrangers? M. Bret ajoute : C'eft ainfi que »l'auteur caché de l'Eloge injurieux de M. de Crébillon changea les deux premiers vers d'Atrée pour y » trouver du ridicule, & les imprima >> ainfi :

Avec l'éclat du jour, je vois enfin paraître
L'espoir & la douceur, &c.

» L'illuftre Crébillon avoit écrit je vois » enfin renaître ; ce qui n'auroit pas » donné lieu à la plaifanterie de l'ob» fervateur fur un espoir qu'on voit paraître ». On peut juger d'après ces belles critiques du zèle de M. de Voltaire pour la réputation des grands hommes de l'un & de l'autre fiècle.

* Cet aureur caché eft encore M. de Voltaire,

Prefque toutes les remarques de M. Bret font pleines de jufteffe, de folidité, d'impartialité. En général, cette nouvelle & magnifique Edition me paroît digne du grand homme qui en eft l'objet. Elle eft ornée d'excellentes eftampes, toutes deffinées par l'habile M. Moreau, & exécutées par les meilleurs Graveurs. Il y en a deux fur-tout qui m'ont frappé, celles du Cocu imaginaire & du Sicilien. Il n'eft pas poffible de mettre plus d'efprit & d'expreffion qu'on n'en remarque dans les deux figures qui compofent la première ni plus d'entente de compofition & de délicateffe de burin qu'il n'y en a dans la feconde. Cette dernière eft gravée par M. Moreau luimême. Si ce jeune & fçavant Artiste pourfuit fa carrière avec le même éclat, on peut prédire qu'il s'élèvera bientôt au-deffus de tous fes rivaux. On trouve à la tête du premier Volume de ces Euvres le pòrtrait de Molière gravé d'après Mignard par M. L. J. Cathelin.

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Je fuis, &c.

A Paris ce 20 Octobre 1773.

LETTRE

VIII.

La Nature en contrafte avec la Religion & la Raifon, ou l'Ouvrage qui a pour titre DE LA NATURE*, condamné au Tribunal de la Foi & du bonfens; par le R. P. Ch. L. Richard, Profeffeur en Théologie, de l'Ordre & du Noviciat général des FF. Précheurs ; un volume in -8° de près 450 pages; à Paris chez J. F. Pyre, Libraire rue Saint Jacques près des Jacobins.

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L feroit bien à defirer, Monfieur, que tous ceux qui entreprennent de foutenir la caufe de la Religion par leurs écrits euffent autant de talens que les auteurs qu'ils combattent. La force & la folidité des raisons, la juf

* Il ne faut pas confondre cet ouvrage avec le Systême de la Nature. Le premier, en cinq volumes in-8°, eft de M. Robinet. Le fecond n'eft qu'en deux volumes in-8°, dont l'auteur eft inconnu; il n'eft que foupçonné.

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teffe invincible des preuves,ne font pas des armes fuffifantes pour lutter avec fuccès contre quelques Ecrivains Philofophes; il faudroit que l'apologiste de la Religion poffédât encore le grand art d'intéreffer fes lecteurs, qu'il fçût tempérer la féchereffe des argumens théologiques par les graces du ftyle & qu'à la fcience de l'école, il joignît les qualités du littérateur & de l'homme de goût. Vous jugerez Monfieur, fi j'ai dû faire précéder de cette réfléxion le compte que je vais vous rendre de l'ouvrage du P. Ch. L. Richard. Le livre qu'il réfute, & qui eft intitulé de la Nature, a déja eu plufieurs éditions; il a le mérite d'être bien écrit, & l'on ne peut difconvenir que, parmi les erreurs qu'il renferme, il ne fe rencontre des vérités neuves & des vues vraiment philofophiques. La feule méthode qu'obferve le P. Richard dans fa réfutation eft de fuivre fon auteur pas à pas, de rapporter fidèlement fes paroles & de démontrer qu'elles ne font pas moins contraires à la Religion qu'à la raison, à la foi qu'au bon fens

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