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On connoît affez tous les ufages que l'on fait du cuivre rouge, chaudières, chaudrons, cuvettes, uftenfiles de cuisine, chaudières pour les Teirturiers, Braffeurs, planches pour graver, &c. On l'allie encore de différentes manières. Le cuivre jaune & le laiton fe font en cémentant * ensemble des plaques de cuivre avec quelques mines de zinc **, & les refondant enfuite pour les purifier. Les Boutonniers, les Horlogers, les Ouvriers qui font les inftrumens de Mathématiques, & une infinité d'autres employent le laiton. Le bronze est une cmpofition d'étaim, de plomb, de cuivre & de laiton. On en fait des canons, des ftatues, des vafes, &c. Le métal du Prince Robert diffère du

* Terme chimique qui fignifie une manière de calciner particulière, pour la purification de quelques métaux.

** Demi-métal qui approche le plus des métaux par la demi-ductilité ou malléabilité don il eft fufceptible: fa couleur est d'un blanc tirant fur le bleu. Il nous en vient des Indes orientales; il y en a des mines à Goslar dans la Baffe-Saxe, &c.

laiton par les préparations du mélange, & par le zinc qu'on y ajoute à la place de la mine de zinc. On en fait toute forte d'ornemens & d'uftenfiles comme flambeaux, garnitures de commodes, de cheminées, &c. Avec une plus grande proportion de zinc & moins de plomb, on fait le Pinche-beck & le fimilor. Dans le tomback l'alliage eft de laiton, de cuivre, & d'étaim. Le cuivre fe travaille d'ordinaire fous les marteaux ; on le paffe auffi au travers des filières; on en fait du fil pour les épingles qu'on blanchit avec de l'étaim. Ce fil eft auffi employé pour les cordes de divers inftrumens. Le cuivre blanc n'eft autre chofe que le cuivre blanchi avec l'arfenic. On fait auffi des fils de laiton, que l'on dore & que l'on argente, & qui lervent à faire des galons faux. On applatit encore ces fils entre des cylindres, pour les filer avec le chanvre ou la foie. Le Verdet ou verd de gris fe fait dans des caves par la vapeur du marc de raifin, avec des lames de cuivre, rangées dans des pots de terre. Le verdet eft la rouille du cuivre que l'on détache.

Il s'en fait une grande quantité à Montpellier ce verd-de-gris fert dans la teinture & la peinture.

LA PLATINE. La platine ou l'or blanc a été découverte depuis peu, d'années. Quelques Chimiftes la regardent comme une efpèce de fer, d'autres, comme un métal compofé. M. Margraff en a tiré du fer, de l'or & du mercure, On a trouvé la platine dans l'Amérique Efpagnole, au Pérou, dans le Bailliage de Choco & à SantaFé, peu loin de Carthagène. La platine eft brillante de couleur d'argent, liffe, d'un tiffu grainu & uniforme. Elle eft grife dans la fracture,anguleufe, compacte, fufceptible de poli, inaltérable à l'air, à l'eau & dans les acides, excepté dans l'eau régale. Elle a la pefanteur & la fixité de l'or; elle eft peu malléable, peu ductile, cependant amalgamable. On l'apporte en Europe en poudre ou en petits grains; peutêtre en cet état a t-elle déja fubi une préparation. Les Efpagnols feuls peuvent fixer nos idées, & diffiper nos doutes fur ce fujet. A l'aide du foufre & de l'arfenic, on fond la platine &

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l'on en travaille différentes fortes d'ouvrages. Unie avec l'or, la platine ne peut plus être reconnue par les épreuves ordinaires : c'eft ce qui a engagé le Roi d'Efpagne à en faire fermer les mines. La platine s'allie avec tous les métaux, & les durcit; elle empêche le fer & le cuivre de fe rouiller; mais elle diminue la ductilité des métaux malléables. Elle augmente la du reté du zinc, mais non celle du Bifmuth *. Elle rend le laiton blanc, dur, fragile, inaltérable à l'air, &c."

* Autre demi-métal connu auffi fous le nom d'Etaim de glace; il paroît formé d'un affemblage de feuillets groupés en cubes très-pefans & caflans. Sa couleur approche de celle de l'étaim. Le caractère difiinctif de la mine de Bismuth eft de préfenter, lorsqu'elle a été expofée à l'air, les couleurs variées de la gorge de pigeon. Il y a plufieurs espèya ces de mines de Bifmuth, que l'on trouve dans la Saxe, dans la Bohême, dans la Suède, &c, qui varient en couleur. C'eft avèc le Bifmuth diffous dans l'acide nitreux qu'on fait une encre de sympathie. On écrit fur du -papier avec cette diffolution, & il n'en refte pas la moindre empreinte apparente. L'écri ture devient vifible, en étendant légèrement fur le papier, avec un pinceau, du foie de fouffre diffous dans l'eau.

A MADAME LA DAUPHINE,

Sur l'événement de la Chaffe de Fontainebleau.

Vous êtes inftruit, Monfieur, par tous les Papiers publics, de l'accident arrivé au village d'Achères près de Fontainebleau. Un cerf, que le Roi chaffoit, s'élança dans le jardin d'un Païfan qui travailloit, & lui donna dans le bas ventre un coup d'andouit. lère, qui le renverfa & le blessa dangereufement. La femme de ce malheureux vint fe jetter aux pieds du Roi, qui, fur le champ, envoya des Chirurgiens au fecours du bleffé gratifia la femme d'une fomme d'argent, & l'affura qu'il auroit foin d'elle & de fa famille. MADAME LA DAUPHINE, qui étoit dans une calèche avec MADAME LA COmtesse DE PROVENCE, attendrie du fort de cette femme, fondit en larmes, lui donna fa bourfe & la fit monter dans

* C'est le nom qu'on donne aux petites branches qui fortent des groffes branches ou perches du bois d'un Cerf,

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