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Lettre à l'Auteur de ces Feuilles au fujet des Précepteurs & des Gouverneurs d'Enfans.

JE viens, Monfieur, de recevoir de M. le Marquis de ..... une lettre dont j'ai l'honneur de vous envoyer copie. Comme les vues qu'elle renferme paroiffent mériter confidération, vous me ferez un vrai plaifir de vouloir bien l'inférer dans votre Année Littéraire, & je vous en aurai beaucoup d'obligation. Voici cette lettre datée du Château de B..... du -15 de ce mois.

» Sans vouloir differter ici, Mon» fieur, fur l'éducation publique & - particulière, encore moins fur la »préférence que l'une ou l'autre mé»rite, parce que cela dépend de mille -> circonftances relatives à l'état des parens, à leur fortune, leurs vues, je crois néanmoins pouvoir vous. » rappeller notre converfation dans » mon dernier voyage à Paris, fur les » difficultés que l'on rencontre fouvent

» dans le choix des inftituteurs, &

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dont nous avons nous-mêmes été »plufieurs fois témoins. Il en eft fûre»ment de fort honnêtes, de très» inftruits & nous en connoiffons » vous & moi quelques-uns de ce » nombre. Mais où les trouver au mo»ment du befoin dans cette ville im» menfe * ? Où ces inftituteurs eux» mêmes trouveront-ils à fe placer avec convenance? A qui s'adrefer » réciproquement pour cette même » convenance, s'il n'y a aucun point de » centre où l'on puiffe fe réunir à l'inf»tant du befoin refpectif? Ne feroit-il pas intéreffant qu'il y en eut un où » l'on trouvât une perfonne féden taire, chargée d'un regiftre pour cet objet, foit chez M. le Chanoine » Ecolâtre de la Métropole, fous l'au »torité duquel font tous les Penfion. »nats, foit chez M. le Recteur de » l'Univerfité, foit chez M. le Secré »taire perpétuel de l'une de nos Académies. Tous les prétendans à for

* C'eft prefque toujours le hazard qui les offre, & l'on ne fçait que trop combien k hazard eft quelquefois malheureux.

mer des élèves pourroient aller s'y » faire infcrire, & fe faire connoître par des preuves authentiques de » fçavoir & de bonnes moeurs. Ce » feroit là où les parens fe pourvoi »roient, avec connoiffance de caufe, » d'éducateurs capables de feconder » leurs projets. Pofe même croire » qu'il ne faut feulement qu'indiquer » cet établiffement qui nous manque*, » pour que la poffibilité de le former » foit bientôt reconnue. & qu'on » l'ordonne enfin dans cette capitale » où l'on s'empreffe, par toutes fortes » de motifs, d'offrir tant de facilités

au Public pour des chofes bien» moins importantes, ou purement » frivoles. Dans cette confiance. » Monfieur, je vous prie de vouloir » bien vous donner la peine d'écrire à » Meffieurs les Journalistes pour les > engager à publier cette lettre, & à » dire même leur avis fur cette idée

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Je prévois que l'on dira qu'il nous manque avant tout un bon plan d'éducation nationale & un Coliége particulier pour y former de bons inftituteurs. On aura bién raison; mais ce n'eft point de quoi il eft ici queftion.

» que je préfente, en daignant encore » y joindre leurs réfléxions fur les » avantages qui en réfulteroient : il » me fuffit de la propofer; je ne doute » même pas que cet objet ne foit faifi » par quelqu'un qui le développera » & de mettra dans tout fon jour. » Adieu, Monfieur, vous connoiffez » les fentimens avec lefquels, &c, » &c, &c. »

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Je vous le répète, Monfieur, vous me ferez grand plaifir de vouloir bien publier ce projet d'établiffement, qui, comme je le penfe, ne peut pas être mal reçu du Ministère public. Je connois plufieurs perfonnes dans le cas de chercher des Educateurs ; je con nois auffi plufieurs de ces derniers qui cherchent également à fe placer. Mais on ne va pas offrir un fujet à des gens avec qui l'on n'eft pas lié. Je fçais, par exemple, qu'un homme, avanta geufement connu dans la république des lettres, voudroit faire une éducation, qu'il peut rendre auffi brillante que folide. Il defire cet emploi, non moins noble que pénible, parce qu'il est analogue à fon goût pour l'étude. Je peux d'ailleurs vous affu

rer, Monfieur, qu'il a les qualités que cet état requiert, & qu'il eft doué de ła douceur & de la fermeté indifpenfables pour le remplir avec fuccès. Au furplus, il eft d'un âge mûr; il connoît le monde & poffède plufieurs talens agréables. Je crois bien qu'il ne s'attacheroit qu'à une famille de haute confidération. Au refte, vous connoiffez le fujet dont je parle, & vous lui rendez fans doute la même juftice. Si donc quelque perfonne diftinguée vouloit un Gouverneur de choix pour fon fils, je me ferois un plaifir & même un devoir de donner fur l'homme dont il s'agit, tous les renfeignemens que l'on defireroit.

A Paris ce 18
Octob. 1773-

Je fuis, &c. ROZIER

Auteur des Obfervations fur la Phyfique, fur l'Hiftoire Natu relle & fur les Arts. *

* Cet ouvrage périodique eft le meilleur que nous ayons dans ce genre. Il en paroît tous les mois un Volume in-4° de dix à onze feuilles d'impreffion, enrichi de Gravûres en taille-douce. Si quelque perfonne avoit befoin du Gouverneur indiqué par M. l'Abbé Rozier, on peut s'adreffer à lui. Il demeure Place & Quarre de Sainte - Geneviève au coin de la rue des Sept-Voies,

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