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la santé. Mais revenons à ce bel animal; ra

conte-nous, Fritz, comment tu l'as tué.

Avec un pistolet, mon père, comme Jack a tué le porc-épic.

Sur cet arbre ?

Qui, sans doute je remarquai que quelque chose se mouvait sur ses branches, je me suis approché doucement, et j'ai reconnu le chat tigré; j'ai tiré dessus; il est tombé à mes pieds, blessé et furieux, et je l'ai vite achevé d'un second coup.

Vraiment tu as eu du bonheur qu'il ne soit pas tombé sur toi, il aurait pu te dévorer: prudemment, tu aurais dû tirer de plus loin.

Pourquoi, mon père? j'aurais risqué de le manquer je me suis, au contraire, approché le plus possible, et j'ai tiré sous ses oreilles.

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Tu as donc fait tout comme Jack, dont tu t'es tant moqué? Que cela te serve de leçon, pour ne pas blâmer chez tes frères ce que tu seras peut-être obligé de faire à ton tour, et de ne pas troubler leur joie quand ils ont un succès, que tu devrais partager, au lieu d'en concevoir un sentiment de jalousie.

Eh bien, mon père, tout ce que je demande à présent de Jack, c'est qu'il ne me gâte pas cette belle peau comme celle du chakal. Voyez, papa, ce beau dessin, ces taches régulières noires et blanches sur ce fond jaune d'or; c'est comme la plus magnifique étoffe! Quel chat est-ce donc proprement dit Poke

Provisoirement, tu peux t'en tenir à la dénomination de chat tigré; cependant il me paraît que ce n'est pas l'animal qu'on nomme ainsi au cap de Bonne-Espérance : ce serait plutôt, je crois, le margai (1), indigène en Amérique. C'est une méchante bête, trèsdangereuse; elle dépeuple les forêts d'oiseaux, et n'épargnerait pas l'homme, si elle pouvait l'attraper, non plus que les brebis et les chèvres ainsi, au nom de l'humanité, nous devons te remercier d'avoir anéanti cet ennemi redoutable..

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(1) Quadrupede du genre et de la famille des chats. Il a le poil court, d'un beau jaune, tachété de petites mouches blanches entourées de noir; le ventre d'une couleur plus claire; les oreilles noires avec une tache blanche c'est un animal très - vif, féroce et destructeur. Il ne paraît pas craindre les hommes. Il est commun dans l'Amérique méridionale. Dictionnaire d'Histoire naturelle.

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-

Tout ce que je demande pour ma récompense, c'est de garder la peau pour moi; je ne sais ce que j'en pourrai faire d'utile; voulez-vous me l'indiquer ?

- Il me vient une idée; il faut que tu écorches l'animal toi-même, de manière à ne point gâter la peau, surtout celle des quatre jambes et de la queue; ensuite tu feras une ceinture comme celle de ton frère Jack, mais beaucoup plus belle; les quatre cuisses peuvent te servir à faire de jolis étuis pour renfermer des services de table, couteaux, fourchettes, cuillères; et tu pourras facilement les porter dans ta ceinture lorsque nous ferons quelques excursions; tu les re couvriras adroitement avec le reste de la peau coupée par bandes, et, si tu veux t'y appliquer, les étuis seront d'une beauté remarquable: il n'est pas mal, dans notre situation, de s'exercer à toutes sortes de métiers, et il faut toujours perfectionner le plus possible ce que l'on fait l'homme doit toujours tendre à la perfection. Va donc cacher ta bête, nous verrons ensuite comment nous nous y prendrons.

JACK. Et moi, papa, je voudrais bien aussi faire des étuis de la peau de mon porc-épic.

LE PÈRE. Et pourquoi pas, mon fils? Le chat tigré n'en peut fournir que quatre, et il nous en faut deux encore, puisque nous sommes six; exerce ton adresse : je te prie seulement de me réserver les dards, dont je veux me servir, dans l'occasion, comme d'aiguilles d'emballage ou comme de pointes de flèches; le reste de la peau pourra servir à remplacer les colliers de nos chiens lorsqu'ils seront usés, ou, ce qui serait un chef-d'œuvre, à leur faire une espèce de cotte d'armes pour les préserver plus sûrement dans les combats.

JACK. Qui, oui, papa, une cotte d'armes : entendez-vous, mes frères? nos chiens seront comme de vrais guerriers: excellent! excellent! une cotte d'armes comme je me réjouis de les voir! >>

Ils ne me laissèrent, ni l'un ni l'autre, aucun repos, jusqu'à ce que je leur eusse montré comment il fallait séparer les peaux sans les déchirer. Pendant ce temps-là, Ernest cherchait une pierre plate pour notre foyer, et le petit François ramassait des morceaux de bois sec, et les portait à sa mère pour allumer du feu. Ernest eut bientôt trouvé et apporté une pierre telle qu'il la fallait ; il vint alors nous aider, ou plutôt raisonner à tort et à • 18

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travers sur les animaux écorchés; il passa de là aux arbres, et s'inquiéta beaucoup de savoir quel nom portaient nos arbres géans. « Je croyais, disait-il, que c'étaient tout simplement d'énormes noyers; voyez, la feuille est exactement la même.--Ce n'est pas une preuve, lui dis-je; on voit des arbres dont le feuillage a beaucoup de rapport, et qui cependant ne sont pas de la même espèce; d'ailleurs il mé paraît qu'il y a une différence sensible entre ces feuilles et celles du noyer; celles-ci sont plus pâles, et blanches en dessous : au reste, je me rappelle que les mangliers et les figuiers sauvages s'élèvent, avec leurs racines, en belles voûtes, et parviennent quelquefois à une hauteur démesurée.

ERNEST. J'ai cru que les mangliers croissaient uniquement sur les bords de la mer et dans les terrains marécageux?

LE PÈRE. Et tu n'avais pas tort: c'est le manglier noir qui aime l'eau; mais il y a encore le manglier rouge à grappes, à peu près comme nos groseilles; ceux-là croissent à des distances considérables de la mer, et avec leur bois on peut teindre des étoffes en rouge: il y en a une troisième espèce, que l'on nomme mangle de montagne, ou bois jaune,

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