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LXXXVI. JESUS leur dit encore plus jeune dit à son père: du bien qui me doit écheoir. son bien. Et peu de jours après, ce plus jeune fils ayant tout amassé, s'en alla dehors dans un pays éloigné, et il y dissipa son bien en vivant dans la débauche.

The Reformed Child the Dearest.
un homme avoit deux fils, dont le
Mon père, donne-moi la part
Ainsi le père leur partagea

Après qu'il eut tout dépensé, il survint une grande famine en ce pays-là; et il commença à être dans l'indigence. Alors il s'en alla, et se mit au service d'un des habitans de ce pays-là, qui l'envoya dans ses possessions pour paître les pourceaux. Et il eût bien voulu se rassasier des carrouges que les pourceaux mangeoient; mais personne ne lui en donnoit.

Etant donc rentré en lui-même, il dit: Combien y a-til de gens aux gages de mon père, qui ont du pain en abondance, et moi je meurs de faim! Je me leverai, et m'en irai vers mon père, et je lui dirai: Mon père, j'ai péché contre le ciel, et contre toi; et je ne suis plus digne d'être appelé ton fils: Traite-moi comme l'un de tes domestiques.

Il partit donc, et vint vers son père. Et comme il étoit encore loin, son père le vit, et fut touché de compassion; et courant à lui, il se jeta à son cou et le baisa. Et son fils lui dit : Mon père, j'ai péché contre le ciel et contre toi; et je ne suis plus digne d'être appelé ton fils.

Mais le père dit à ses serviteurs : Apportez la plus belle robe, et l'en revêtez, et mettez-lui un anneau au doigt, et des souliers aux pieds; et amenez un veau gras, et le tuez; mangeons, et réjouissons-nous; parceque mon fils, que voici, étoit mort, et il est revenu à la vie; il étoit perdu, mais il est retrouvé. Et ils commencèrent à se réjouir.

Cependant son fils aîné, qui étoit à la campagne, revint; et comme il approchoit de la maison, il entendit les chants et les danses. Et il appela un des serviteurs, à qui il demanda ce que c'étoit. Et le serviteur lui dit : Ton frère est de retour, et ton père a tué un veau gras, parcequ'il l'a recouvré en bonne santé.

Mais il se mit en colère, et ne voulut point entrer.

Son père donc dit à son père:

sortit, et le pria d'entrer. Mais il réponVoici, il y a tant d'années que je te sers, sans avoir jamais contrevenu à ton commandement, et tu ne m'as jamais donné un chevreau pour me réjouir avec mes amis. Mais quand ton fils que voilà, qui a mangé tout son bien avec des femmes débauchées, est revenu, tu as fait tuer un veau gras pour lui.

Et son père lui dit : Mon fils, tu es toujours avec moi, et tout ce que j'ai est à toi. Mais il falloit bien faire un festin et se réjouir, parceque ton frère que voilà étoit mort, et il est revenu à la vie ; il étoit perdu, et il est retrouvé.

LXXXVII. Socrates, the Pagan Christian.

HIS TRIAL AND CONDEMNATION.

Des que le noir complot que les ennemis de Socrate avaient formé pour le perdre eut éclaté, ses amis se préparèrent à le défendre. Lysias, qui passait pour le premier des orateurs de son temps, composa une harangue très-éloquente qui devait le faire triompher. Socrate la lut avec plaisir, la loua beaucoup, mais refusa de s'en servir. Il dit à Lysias: "Je suis très-sensible, cher Lysias, à la part que vous prenez à ma fortune : votre discours est beau, il est éloquent; mais il ne me convient pas.

Si vous le trouvez bon, comment se peut-il faire qu'il ne vous convienne pas ?-Par la raison qu'un habit, quoique très-beau et très-bien fait, ne va pas à toutes les tailles; et qu'un soulier, quelqu'élégant qu'il soit, ne convient pas à tous les pieds." Mélitus était le principal accusateur de Socrate. Au jour marqué, ce fut lui qui porta la parole. Dans son discours il substitua l'éclat de l'éloquence à la force des raisons. Socrate lui répondit avec la noble simplicité qui convenait à sa cause.

Ce discours irrita les juges de Socrate. Ils n'osèrent cependant pas le condamner à mort; et, lui laissant le choix de la peine, ils lui demandèrent quelle punition il croyait avoir méritée. "Athéniens, dit Socrate, puisque vous m'ordonnez de prononcer moi-même ma sentence, je me condamne à être nourri, le reste de mes jours, aux

dépens de la république, pour avoir passé toute ma vie à vous instruire, vous et vos enfans; pour avoir négligé, dans cette vue, affaires domestiques, emplois, dignités ; pour m'être consacré tout entier au service de la patrie, en travaillant sans cesse à rendre mes concitoyens vertueux." A ce dernier trait, les juges de Socrate le condamnèrent tout d'une voix à mort.

CONTINUATION. HIS IMPRISONMENT.

Le sage entendit cet arrêt avec la plus parfaite tranquillité: "Je vais, dit-il ensuite, je vais être livré à la mort par votre ordre la nature m'y avait condamné dès le premier moment de ma naissance; mais mes accusateurs vont être livrés à l'infamie, qui, d'ordinaire, accompagne la calomnie. Auriez-vous exigé de moi que, pour me tirer de vos mains, j'eusse employé, selon l'usage, des paroles flatteuses et touchantes, les manières timides et rampantes d'un suppliant?

En justice, comme à la guerre, un honnête homme ne doit pas sauver sa vie par toutes sortes de moyens ; il est également déshonorant, dans l'une et dans l'autre, de ne la racheter que par des prières, par des larmes et par des bassesses." Apollodore, son intime ami, s'approcha alors de lui, tout baigné de larmes : “Quelle douleur pour moi, mon cher Socrate, s'écriait-il, de vous voir mourir innocent !—Aimeriez-vous mieux, lui répondit le sage en souriant, me voir mourir coupable?"

L'arrêt ayant été lu publiquement par un héraut, Socrate s'achemina vers la prison, avec le même courage et le même calme qu'il avait montrés pendant le jugement. Quand il y fut entré, on lui mit les fers aux pieds et aux mains. Dans cet état, et attendant de jour en jour la mort, sa tranquillité ne parut pas altérée un seul instant ; c'est qu'il avait toujours puisé son courage dans sa conscience, et qu'aucune passion humaine n'en avait jamais été le principe, ni l'aliment.

La veille du jour marqué pour sa mort, Criton, l'un de ses amis les plus chers, vint l'informer qu'il ne tenait qu'à lui de s'évader. Le geôlier était gagné, et l'on s'était assuré d'une retraite en Thessalie. Criton employa les

motifs les plus pressans pour persuader à Socrate de se rendre aux vœux de tous les gens de bien, de ses amis, des étrangers même qui voulaient avoir l'honneur de contribuer à sa conversion. Ses raisons ne firent point d'impression sur le philosophe.

CONTINUATION.

HIS HOPE OF IMMORTALITY.

Le jour funeste luit pour la honte d'Athènes. Dès l'aurore les amis de Socrate s'étaient rendus à sa prison. Quand ils entrèrent, on venait de le délier. Xantippe, son épouse, était assise auprès de lui, tenant un de ses enfans entre ses bras. Dès qu'elle les aperçut, elle se livra à tout le délire du désespoir : "O mon cher Socrate! s'écriait elle en se meurtrissant le visage, vos amis vous voient aujourd'hui pour la dernière fois!" On fut obligé de l'emmener chez elle.

Socrate passa le reste de la journée avec ses amis. Il causa tranquillement et gaiement avec eux, selon sa coutume. Il employa le dernier jour de sa vie, à leur parler de l'immortalité de l'âme. Après leur avoir expliqué sa doctrine: "Si ce que je dis se trouve vrai, ajouta-t-il, il est très-bon de le croire ; et si, après ma mort, il ne se trouve pas vrai, j'en aurai toujours tiré cet avantage dans cette vie, que j'aurai été moins sensible aux maux qui l'accompagnent ordinairement.

D'ailleurs, si l'âme est immortelle, elle a besoin qu'on la cultive et qu'on en prenne soin, non-seulement pour ce temps que nous appelons temps de sa vie, mais encore pour le temps qui le suit, c'est-à-dire pour l'éternité ; et la moindre négligence sur ce point peut avoir des suites infinies. Si la mort était la ruine, la dissolution du tout, quel gain pour les méchans, après leur mort, d'être délivrés en même temps de leur corps, de leur âme, et de leurs vices!

Mais puisque l'âme est immortelle, elle n'a d'autre moyen de se délivrer de ses maux, et il n'y a de salut pour elle, qu'en devenant très-bonne et très-sage; car elle n'emporte avec elle que ses bonnes ou ses mauvaises actions, que ses vertus ou ses vices, qui sont une suite ordinaire de l'éducation qu'on a reçue, et la cause d'un bonheur ou d'un malheur éternel.

Après qu'il eut cessé de parler, Criton lui demanda comment il voulait être enseveli : "J'ai donc perdu mon tomps, répondit Socrate, puisque je n'ai pas encore pu persuader à Criton, qu'après ma mort, je m'éleverai dans les cieux, et que rien de moi ne restera sur la terre. Cependant, mon cher Criton, si tu me trouves quelque part, ensevelis-moi comme tu voudras.' ""

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IL alla alors se baigner. On lui apporta ensuite ses enfans. Il leur parla, pendant quelques instans, avec la plus vive tendresse ; puis il donna ses ordres aux femmes qui en prenaient soin, et les fit retirer. Il se mit sur son lit. L'homme de la prison, dont le devoir était de lui donner la ciguë, entra, et lui présenta en tremblant le funeste breuvage.

Cet homme pleurait et détournait les yeux. "Voyez, dit Socrate, le bon cœur de cet homme. Pendant ma prison, il m'est venu voir souvent, et s'est efforcé de charmer mon ennui. O mon ami, que j'estime tes larmes ! que le ciel récompense dignement ta sensibilité !

Il prit la coupe, et demanda ce qu'il y avait à faire : "Rien autre chose, lui répondit le valet, sinon, quand vous aurez bu, de vous promener jusqu'à ce que vous sentiez vos jambes appesanties, et de vous coucher ensuite sur votre lit." Alors, dans le calme le plus parfait, et regardant toujours le valet avec fermeté et assurance : Que dis-tu de ce breuvage? lui demanda-t-il encore ; est-il permis d'en faire des libations?" Cet homme lui répondit qu'il n'y en avait que pour une prise.

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Au moins, reprit Socrate, il est permis et il est bien juste de faire ses prières aux dieux, et de les supplier de rendre mon départ de dessus la terre, et mon dernier voyage, heureux : c'est ce que je leur demande de tout mon cœur." Ces paroles dites, il garda un moment le silence, et vida ensuite la coupe avec une tranquillité plus qu'humaine. On reconnut dans ce moment, qu'il était bien pénétré des vérités éternelles qu'il venait de proclamer avec tant de solennité.

Ses amis fondaient en larmes. Apollodore jetait des

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